Chronologie des visites officielles
Emmanuel Macron sera-t-il le premier chef d'État français mal reçu par les Suisses depuis Pétain?

Depuis la Seconde Guerre mondiale, la Suisse a accueilli en grandes pompes une poignée de chefs d'État français. Retour sur les visites du Maréchal Pétain à François Hollande, en amont d'Emmanuel Macron, qui pourrait être chahuté ce jeudi à l'Université de Lausanne.
Publié: 16.11.2023 à 09:02 heures
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Dernière mise à jour: 17.11.2023 à 13:52 heures
Emmannuel Macron, Alain Berset et leurs épouses dans un bain de foule à Berne, le mercredi 15 novembre. L'accueil sera-t-il aussi positif à Lausanne et Genève?
Photo: KEYSTONE
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Léo MichoudJournaliste Blick

Verra-t-on Emmanuel Macron recevoir un accueil mitigé là où ses prédécesseurs récents ont été reçus en grandes pompes? Absinthe, collabos et galanterie: les anecdotes de présidents français en visite en Suisse, il y en a quelques-unes. Mais pas tant que ça. En effet, les chefs d'État de l'Hexagone ont parfois snobé la petite voisine helvétique. En cinq ans de mandat, Nicolas Sarkozy n'est pas venu. Valéry Giscard d'Estaing non plus. Avant ce dernier, le vide est impressionnant.

Comme le raconte «Le Temps», dans son article en images, il faut remonter à 1910 et la visite d'Armand Fallières pour trouver une visite officielle en Suisse d'un président de la République d'à côté. Cela dit, entre-temps, un chef d'État français a entretenu une relation particulièrement vivace avec la Suisse. D'abord héros de guerre, sa proximité avec le régime Nazi lui a valu d'être destitué de la chronologie grandiloquente des présidents français et d'être renvoyé à la frontière lorsqu'il avait trouvé refuge en Suisse. Alors commençons par là notre retour dans le passé.

Le maréchal Pétain: invité d'honneur puis le prisonnier

En 1937, le Président de la Confédération Giuseppe Motta reçoit le maréchal Pétain, vainqueur à Verdun lors de la Première Guerre. mondiale. Alors ministre des Armées, Philippe Pétain passe notamment en revue la 1e division de l'Armée suisse. Il obtiendra les pleins pouvoirs trois ans plus tard, après le vote de l'Assemblée nationale française en 1940 et mettra en place le régime de Vichy.

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En 1937, le maréchal Pétain, alors ministre de la guerre, et fort de son statut de vainqueur de la bataille de Verdun, est accueilli en Suisse en grandes pompes par le Président de la Confédération Giuseppe Motta.
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Mais à la Libération en 1944, Pétain est déclaré illégitime par le général de Gaulle. Le gouvernement collaborationniste est mis en exil par l'Allemagne nazie au château de Sigmaringen. Le 24 avril 1945, il est conduit à la frontière suisse de Sainte-Marguerite (SG) avec son épouse, le jour de son 89e anniversaire. Le maréchal aurait, selon les sources, été accueilli avec fleurs et chocolats par nos compatriotes.

Il passe deux jours en Suisse, où il reçoit la visite de Walter Stucki, ancien ambassadeur suisse à Vichy désormais en charge des Affaires étrangères. Il est ensuite conduit au poste-frontière de Vallorbe sous haute protection policière — de peur des huées de la population et d'une éventuelle tentative d'assassinat — avant d'être rendu à la France et aux Alliés. Il est condamné à la prison à perpétuité.

François Mitterrand: l'ami des Suisses accueilli à l'absinthe

Les 14 et 15 avril 1983, François Mitterrand était le premier titulaire du titre de président français à visiter officiellement la Suisse depuis 1910. Le socialiste aurait eu un certain intérêt pour notre pays. Durant son mandat, il a effectué au total sept voyages moins cérémonieux en Suisse, pour convaincre citoyens et politiciens helvétiques de rejoindre l'Union Européenne naissante.

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François Mitterrand passe en revue de la garde d'honneur, après avoir été accueilli par le conseiller fédéral Pierre Aubert à l'aéroport de Zurich Kloten à l'occasion de sa visite d'Etat de trois jours en Suisse.
Photo: KEYSTONE

Aux côtés du président de la Confédération Pierre Aubert, il visite Neuchâtel. Dans la ville du conseiller fédéral socialiste, François Mitterrand est reçu au restaurant à l'Hôtel du Peyrou. Sur le banquet, un soufflé vraisemblablement arrosé d'absinthe alors même que l'alcool fort est toujours prohibé à l'époque. Le cuisinier avait dû se justifier devant les juges cantonaux et avait démenti avoir proposé de la «fée verte» au président. «Cette histoire d'absinthe, c'est enfin terminé?», aurait demandé Mitterrand quelque temps plus tard au politicien suisse devenu son ami.

Jacques Chirac: l'oubli de «qui est Monsieur Cotti?»

Une quinzaine de déplacements en Suisse, et une seule visite officielle. C'est le Président de la Confédération Flavio Cotti qui le reçoit en octobre 1998. Deux ans plus tôt, à Genève, Chirac s'était interrompu en plein discours pour s'enquérir de la fonction du politicien suisse, qui était alors (seulement) président de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).

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Le président de la Confédération Flavio Cotti et le président Chirac sont devenus amis. Deux ans avant cet accueil du 16 octobre 1998 à l'aéroport de Zurich, le Français n'était pas sûr de savoir qui était le politicien suisse.
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L'Europe, c'est justement le principal sujet de discussion entre le président et ses voisins helvètes. À plusieurs reprises, il avait invité les Suisses à se prononcer en faveur d'une adhésion à l'Europe. Quoi encore... Ah si, la galanterie à la Chirac a trouvé une cible de choix en la personne de la conseillère fédérale Ruth Dreifuss, comme le relate cet article du «Temps», paru peu après la mort du chef d'État.

François Hollande: Berne, Europe et campus lausannois, déjà

Le 15 avril 2015, François Hollande répare l'affront de son ennemi juré Nicolas Sarkozy. Le chef d'État français est reçu par la présidente de la Confédération Simonetta Sommaruga pour deux jours de visite qui ressemble à s'y méprendre au programme officiel d'Emmanuel Macron cette semaine. Berne, puis Lausanne et un passage sur le campus de l'EPFL.

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Le 16 avril 2015, François Hollande et la présidente de la Confédération Simonetta Sommaruga prennent le repas dans un train des CFF.
Photo: KEYSTONE

Les relations entre la Suisse et l'Europe sont tendues. Le vote du 9 février 2014 contre «l'immigration de masse» a eu lieu une petite année plus tôt. Le temps est à la réconciliation et à la recherche de solutions pour les accords bilatéraux. Malgré des discussions considérées comme un peu molles, l'image qui marque cette visite est périphérique. Un soldat suisse, étendu au sol après être tombé dans les vapes.

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