Si l’électricité venait à manquer l’hiver prochain, les remontées mécaniques seraient parmi les premières à devoir cesser leur activité, a décidé la Confédération. En attendant, les canons à neige tournent à plein régime dans toutes les régions où les températures sont suffisamment basses.
La production de poudreuse artificielle est très gourmande en énergie. Face aux critiques, les entreprises de remontées mécaniques se défendent en soutenant que l’enneigement artificiel ne représente que 0,3% de la consommation d’électricité en Suisse. Mais pour Christina Marchand, experte en énergie, c’est une excuse: «Toute l’économie est tenue de réduire sa consommation d’électricité pour éviter une situation de pénurie. Personne ne doit se soustraire à sa responsabilité.»
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L’électricité sera-t-elle rare à partir de février?
Selon les estimations de la Confédération, une pénurie d’électricité est certes peu probable. Toutefois, la situation pourrait être tendue entre février et mars. Pour les entreprises de remontées mécaniques, la consommation d’électricité atteint déjà son pic en novembre et décembre, lors de la dépose du premier tapis de neige. Ensuite, la consommation diminue nettement. Pour Christina Marchand, ce n’est pas une raison pour renoncer à faire des efforts: «Plus les bassins d’accumulation restent pleins, plus les réserves d’électricité seront importantes au printemps.»
Mais qu’est-ce que cela signifie concrètement pour les remontées mécaniques? «Elles doivent analyser très précisément où l’enneigement est vraiment nécessaire et où il peut être réduit», soutient Christina Marchand.
Neige nécessaire pour la survie des stations
Pour les remontées mécaniques, les canons sont essentiels. «Sans neige artificielle, nous n’aurions pas pu ouvrir un domaine skiable intéressant à temps pour les vacances de Noël ces dernières années», explique Matthias In-Albon, CEO des Bergbahnen Destination Gstaad (BE). Autour des fêtes de fin d’année, le domaine ski de Gstaad réalise un quart de son chiffre d’affaires annuel. Durant cette période, «la destination ne peut pas se permettre de dépendre de la loterie météorologique».
L’absence de neige n’affecte pas uniquement le chiffre d’affaires des remontées mécaniques. L’hôtellerie, les loueurs d’appartements de vacances, la restauration, les magasins de sport, les épiceries – tous dépendent de l’afflux des skieurs. Les habitants des stations de sports d’hiver comprennent mal que les sports d’hiver soient réduits à un simple loisir frivole. Pour eux, l’hiver est synonyme de revenus et d’emplois. «Un franc sur cinq dans les régions de montagne est généré directement ou indirectement par le tourisme. Il en va donc de l’existence même de ces régions de montagne», explique Marc Lagger, porte-parole des Zermatt Bergbahnen.
A Gstaad, les canons et les lances à neige ont été mis en marche ces jours-ci. Par mesure d’économie d’énergie, l’entreprise des remontées mécaniques de Gstaad ne prévoit d’enneiger que lorsque les températures sont idéales cette année. A Zermatt aussi, les machines tournent à plein régime. «L’enneigement est essentiel pour offrir aux hôtes de la destination Zermatt Matterhorn un résultat qui réponde à leurs attentes élevées», souligne Marc Lagger.
Les remontées mécaniques prennent des mesures
Le secteur a toutefois pris des mesures d’économie: selon les remontées mécaniques des Gstaad, la consommation d’électricité a pu être réduite de 1,9 gigawattheures par an au cours des dernières années grâce à des processus d’optimisation – soit de 20%. Et à Zermatt, l’entreprise mise sur le standard Minergie pour les nouvelles constructions, avec des installations solaires sur les toits. En outre, la vitesse des remontées mécaniques est adaptée à l’affluence des clients, ce qui permet d’économiser de l’électricité.
«Les paravalanches sur les versants sud, même sans pistes, se prêtent parfaitement aux centrales solaires à haut rendement», souligne Matthias In-Albon. Selon lui, il existe de plus en plus de projets en faveur du climat, comme la transformation d’installations d’enneigement artificiel en centrales hydroélectriques. Les infrastructures nécessaires – comme les lacs d’accumulation, les conduites forcées et les stations de pompage – sont déjà en place.