Pris en flagrant délit de pédopornographie. L'Allemand Armin P.*, originaire du district de Bremgarten (AG), aurait eu en sa possession plus de 1,4 million de fichiers illégaux sur ses ordinateurs. Il aurait également fréquenté des aires de jeux et des parcs d'attractions pour photographier des enfants en cachette.
À la suite d'un tuyau de la police, le suspect a été arrêté début février. Selon l'acte d'accusation, il pourrait passer six ans en prison et être expulsé de Suisse pendant dix ans. Comme l'ont montré les recherches de Blick, il pouvait voir des aires de jeux pour enfants depuis son domicile. Sa femme a disparu peu après l'arrestation.
Blick a retrouvé Simone Q.*. Elle vit seule dans son pays d'origine, l'Allemagne. La femme trahie se dit aujourd'hui prête à parler publiquement et affirme d'emblée: «Je n'ai absolument rien su des turpitudes de mon mari. C'est l'enfer, ce qu'il a fait.»
Emménagement en Suisse pour un meilleur salaire
Elle raconte sa rencontre avec Armin en 2007 en Allemagne. Ils se sont rapidement mis en couple: «Il est devenu mon grand amour. Nous nous sommes mariés en 2008.» Comme son mari avait la perspective d'un meilleur salaire en Suisse, ils ont déménagé en 2009 en Argovie: «Tout était parfait.»
Mais très vite, Armin s'est de plus en plus isolé. Le stress du travail s'est ajouté à cela et leur désir d'enfant a même fini par disparaitre. Elle avait voulu se séparer de lui. «Mais nous en sommes restés à un mariage de convenance. Je faisais le ménage, il ramenait l'argent à la maison», avoue la quadragénaire.
Puis la pandémie est arrivée. «Le travail à domicile a dû l'achever», dit-elle. Lorsqu'il quittait la maison, il disait qu'il allait «photographier les gares et les aéroports. C'est ce qui l'amusait.»
Le matin de l'arrestation
La fin de leur histoire a été des plus abruptes. «Il dormait déjà depuis longtemps seul dans notre chambre à coucher, la plupart du temps avec la porte fermée à clé. À côté de lui, sur le matelas, il avait un ordinateur portable, une tablette et un téléphone mobile. Il me disait toujours que c'était juste pour les affaires.» Je dormais toujours dans le salon, sur le canapé. «Et puis tout à coup, il y a eu un grand bruit et je me suis réveillée.»
Il y avait beaucoup de gens dans l'appartement avec des masques, des gilets de protection, armés. «Je n'ai vu que mon chat se précipiter dans la chambre, mon mari en sortir et y disparaître à nouveau.» Elle a été conduite à la cave par les agents. «C'est là que j'ai dû attendre.» Simone a remarqué qu'Armin avait été emmené dans la cave voisine: «Je l'ai entendu pleurer.»
L'épouse a pu repartir dans l'après-midi
En se rendant au poste de police, elle apprend qu'il s'agit de pornographie enfantine. «Je me suis dit: Hein?» Elle a ensuite été placée en cellule. Son avocat commis d'office lui a expliqué plus tard de quoi il s'agissait: «Mon mari a des tendances pédophiles. Je ne pouvais pas le croire. J'avais honte d'Armin.» Simone a ensuite été emmenée et menottée dans une cellule. «Je me suis réveillée toutes les heures pendant la nuit», puis elle a finalement été relâchée dans l'après-midi.
Après quelques jours, elle reçoit des lettres de son ex-mari. «Je suis infiniment désolé de ce qui s'est passé», écrit-il. Il lui conseille de retourner vivre en Allemagne. «Là-bas, tu seras certainement à nouveau heureuse.» Il jure qu'il n'a «jamais touché un enfant de manière indécente», qu'il a toujours eu des «envies de merde» et qu'il a pu les réprimer pendant quelques années. Mais «elles ont fini par refaire surface en 2015.» Le parquet a d'ores et déjà confirmé qu'il avait avoué les faits et qu'il n'y avait aucun indice d'actes sexuels avec des enfants.
La procédure de divorce est en cours
Lorsque Armin P. apprend que sa femme veut divorcer, il lui écrit: «Je ne m'y opposerai pas.» Il n'imagine pas qu'elle puisse lui pardonner. Plus tard, sa femme apprend ce qui a été trouvé sur «certainement 20 disques durs». «C'est terrible», dit-elle. Armin a été longtemps surveillé, elle a pu voir une photo des enquêteurs: Simone y a vu l'homme avec un sac à dos sur les genoux et, plus loin, une jeune fille nue dans une fontaine. «C'est incroyable. Je suis tellement désolée pour toutes ses victimes.»
Simone Q. veut maintenant se construire une nouvelle vie. Elle pourrait «aider Armin en tant qu'amie», mais le divorce est en cours. Les membres de sa famille proche sont au courant de l'affaire. Seuls ses parents le soutiendraient encore. Elle est sûre d'une chose: «Il a besoin d'une thérapie. Et la peine de prison ne sera jamais assez élevée!»
* Nom connu de la rédaction