Ce retraité s'est fait plumer par une entreprise suisse
«J'ai payé 40'000 francs pour ce lit de merde»

Willy Schaller, un retraité suisse, a fini par céder. Il a accepté d'acheter un lit à l'entreprise Modomo qui l'a convaincu en recourant à une tactique de vente insistante. Problème: cet objet coûteux ne lui a apporté que des ennuis. Il témoigne.
Publié: 14.04.2025 à 13:55 heures
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Dernière mise à jour: 14.04.2025 à 14:10 heures
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L'entreprise de vente de literie Modomo est pointée du doigt pour ses méthodes.
Photo: zVg
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Beat Michel

Willy Schaller, un retraité de l'Emmental bernois, est assis sur son lit. Il appuie sur les boutons de la télécommande, mais le châssis ne bouge pas. Le lit semble tout sauf haut de gamme. Aucun nom de marque n'y est inscrit, les diverses parties du lit semblent fixées de manière très précaire et les ressorts sont en plastique.

«J'ai dépensé plus de 40'000 francs pour cette merde», raconte Willy Schaller. «Maintenant, nous n'avons presque plus d'argent. Les gens qui m'ont vendu ce lit m'empêchent de dormir.»

Cet ancien chauffeur de camions a décidé de contacter Blick, car il souhaite mettre en garde d'autres retraités. «Tout le monde doit savoir ce qu'ils font. Ils nous ont laissé aucune chance: nous avons été contraints d'acheter leur lit», raconte-t-il. Il ajoute: «Si ces gens se présentent à vous, il n'y a qu'une chose à faire: appelez immédiatement la police, sinon, vous perdrez votre argent.»

Une entreprise douteuse

Le cauchemar du retraité a commencé en 2017, lorsqu'il a reçu un coup de téléphone de l'entreprise suisse de literie Dia-Mat. Celle-ci a depuis fait faillite. Pire encore: avant cela, la firme se nommait SwissMat et elle a également été liquidée. A chaque fois, la famille propriétaire a réussi à relancer son activité en créant une nouvelle société. Originaire de Granges, dans le canton de Soleure, elle a récemment rebâti son entreprise, désormais baptisée «Modomo GmbH»

L'activité reste la même: «La distribution de systèmes de literie de toutes sortes.» Willy Schaller se remémore avec amertume son premier contact. C'était il y a huit ans: «ils nous ont appelés le vendredi, le lundi, ils étaient devant notre porte avec le lit. En fait, nous ne le voulions pas, mais quand je l'ai dit, le chef d'entreprise m'a crié dessus». Les deux hommes sur le palier ne l'auraient pas menacé, mais, en colère, ils auraient proféré des insultes.

Le retraité aurait fini par céder devant ce flot incessant de violence verbale. «Nous avons acheté le lit alors que nous ne l'avions jamais essayé et que le prix était bien trop élevé», raconte Willy Schaller. Il raconte, gêné, avoir payé plus de 20'000 francs pour deux lits simples avec système de réglage électrique et télécommande.

Des représentants insistants

Mais ce n'est pas tout: le lit est défectueux. «Nous n'avions pas de quittance et donc pas de garantie. En 2020, je les ai appelés pour en demander une. Le lendemain, ils étaient à nouveau devant notre porte sans y être invités». Faute de reçu, les vendeurs n’ont pas proposé de solution. A la place, ils ont immédiatement relancé une offensive commerciale ciblant le retraité et sa compagne, mais cette fois avec un nouvel argument de vente sous le bras.

«Ils ont prétendu que l'AI nous financerait le lit, car il s'agissait soi-disant d'un lit de soins», raconte Willy Schaller. Quelques années auparavant, son épouse avait été victime d'un accident vasculaire cérébral (AVC), et un lit avec moteur lui aurait effectivement facilité la vie. «Ils ont dit qu'ils allaient tout organiser. Une fois de plus, ils nous ont parlé pendant des heures sans s'arrêter. Jusqu'à ce que nous acceptions», se souvient le retraité. «Je sais maintenant que tout cela était un mensonge: l'AI n'a pas versé un centime.»

Le lit n'est jamais arrivé

L'entreprise se serait en outre engagée à remplacer leurs lits défectueux par des nouveaux matelas. «Ils nous ont dit que tout serait mieux avec la prochaine génération de lits», poursuit le retraité. «Pour que le lit soit livré, ils avaient toujours besoin d'acomptes. Parfois, ils demandaient 6000 francs, parfois 2000. Je me rendais au distributeur de billets et je retirais la somme, ou alors j'allais payer la facture au guichet».

Au total, Willy Schaller a, une nouvelle fois, déboursé plus de 20'000 francs. «Je n'ai jamais reçu la moindre quittance.» Et les nouveaux lits dans tout ça? Il ne les ont jamais reçus, la société n'ayant cessé de temporiser. «J'ai donc payé 40'000 francs pour un faux lit.»

Les numéros de téléphone portable des vendeurs ont cessé de fonctionner: la société Dia-Mat a fait faillite. Chez Modomo, l'entreprise qui a succédé à Dia-Mat, aucune réponse non plus. Aujourd'hui, Willy Schaller tente désespérément de dénoncer la société. En vain.

Dans sa décision, le Ministère public a reproché au retraité son manque de diligence. En d'autres termes, il aurait pu éviter cette affaire en faisant preuve d'un minimum d'attention. La malveillant faisant ici défaut, l'infraction n'a pu être caractérisée. L'affaire a donc été renvoyée au civil.

Pas un cas isolé

Mais Willy Schaller n'est pas le seul à avoir eu des problèmes avec Modomo. Fidèle à la tradition de ses prédécesseurs en faillite, l'entreprise a été impliquée dans d'autres affaires douteuses. Dans son édition du 14 février 2025, le «Beobachter» rapportait que les vendeurs de lits avaient utilisé exactement le même stratagème pour soutirer des milliers de francs à un couple en les forçant à acheter un matelas qu'ils ne voulaient pas vraiment. Mais le vendeur aurait été si insistant qu'ils auraient fini par payer.

Blick a tenté d'entrer en contact avec les responsables de Modomo pour obtenir une réaction. Ni le directeur, ni la propriétaire, ni le partenaire commercial de longue date n'ont répondu aux sollicitations.

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