Ce qu'il faut savoir sur la nouvelle loi d'Albert Rösti
La Suisse a-t-elle vraiment besoin de plus d'électricité?

Le 9 juin prochain, la Suisse se prononcera sur la nouvelle loi sur l'électricité. Si le oui l'emporte, davantage d'énergies renouvelables seront développées. Mais quelles seraient les autres implications de ce projet de loi? Blick fait le point.
Publié: 19.03.2024 à 06:01 heures
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Dernière mise à jour: 19.03.2024 à 07:34 heures
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La loi sur l'électricité devrait permettre le développement accéléré des énergies renouvelables. Mais à quel prix?
Photo: Keystone
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Tobias Bruggmann

Le ministre de l'Énergie Albert Rösti est sous pression. «Nous avons besoin de plus d'électricité, beaucoup plus d'électricité!», a-t-il déclaré lundi devant les médias à Berne pour lancer sa campagne de votation. La consommation d'électricité augmentera assurément massivement dans les années à venir. Pour l'élu UDC, la situation de l'approvisionnement est toujours fragile.

En s'adressant à son propre parti, le politicien a été clair: «Une Suisse indépendante passe aussi par un approvisionnement en électricité sûr. Cela contribuera à renforcer la souveraineté de notre pays.» Tant de raisons qui poussent aujourd'hui l'élu à s'engager pour le oui lors de l'assemblée des délégués de l'UDC de samedi – et ce, bien que la direction du parti soit opposée au projet en question.

Mais Albert Rösti ne compte pas se laisser impressionner par la résistance menée par sa collègue de parti Magdalena Martullo-Blocher. «Je défendrai la loi avec conviction», a-t-il averti. Le conseiller fédéral UDC veut mener la nouvelle loi sur l'électricité à bout. Mais quelles seraient les implications d'un oui recommandé par l'élu? Blick fait le point sur ce projet.

Que propose la nouvelle loi sur l'électricité?

La nouvelle loi souhaite plus d'installations hydroélectriques, plus de panneaux solaires et d'avantage d'éoliennes. Cette nouvelle loi doit permettre de développer les énergies renouvelables et ce, rapidement. Pour ce faire, des subventions seront versées sur le long terme et les autorisations seront facilitées.

Pourquoi vote-t-on sur cette loi?

Les écologistes réunis autour de Vera Weber, contre ce projet, affirment que la loi affaiblirait la protection du paysage et de la nature. «Il est absurde de sacrifier la nature sur l'autel du climat.»

C'est la raison pour laquelle ils ont lancé un référendum. Car sous couvert de cette nouvelle loi, des forêts pourraient être défrichées pour la construction d'éoliennes. De grands parcs solaires seraient également déployés et ce, même dans des paysages protégés. De plus, le droit de recours serait limité, critiquent encore les opposants.

Qu'est-ce qui changera avec la loi?

La loi prévoit toute une série de nouvelles mesures. Outre de nouveaux objectifs concernant la quantité d'énergies renouvelables à développer, les subventions seront notamment versées plus longtemps et de nouvelles seront ajoutées. Voici un aperçu des principales mesures:

  • Une plus grande importance: les installations solaires, hydrauliques et éoliennes pourront être considérées comme d'intérêt national si elles remplissent certaines conditions. Elles en bénéficieraient en cas de recours. Les tribunaux placent souvent l'intérêt de l'approvisionnement en électricité au-dessus de la protection de la nature et ont tendance à rejeter la plainte.
  • Plus d'énergie hydraulique: 16 projets hydroélectriques bénéficieront d'autorisations facilitées et devraient ainsi pouvoir être construits plus rapidement. Ainsi, davantage d'électricité devrait être produite et stockée. Les barrages pourront être rehaussés, par exemple à Trift dans le canton de Berne, où un nouveau lac d'accumulation pourra être construit comme dans le projet Corner à Zermatt (VS). Ces projets devraient être mis en priorité.
  • Solaire obligatoire: à l'avenir, des panneaux solaires devront être installés sur les grands toits et les façades nouvellement construits et d'une superficie supérieure à 300 mètres carrés.
  • Réserve hivernale: pour avoir suffisamment d'électricité en hiver, les grandes centrales hydroélectriques à accumulation devront retenir de l'eau qui sera utilisée en cas d'urgence. Pour cela, des appels d'offres seront lancés pour d'autres exploitants de réservoirs qui seront rémunérés pour cela.
  • Les zones protégées: même si davantage de centrales électriques doivent être construites, elles resteront interdites dans les biotopes d'importance nationale et les réserves d'oiseaux d'eau et de migrateurs. En revanche, il sera désormais possible de construire des éoliennes en forêt. Les parcs éoliens et solaires pourront également être installés dans des paysages protégés.

La loi entraînera-t-elle la construction de nouvelles centrales nucléaires?

Non. La loi porte uniquement sur les énergies renouvelables. Mais la question de savoir si de nouvelles centrales nucléaires devront être construites à l'avenir devrait bientôt devenir un sujet après la votation. Après le dépôt de l'initiative Blackout, Albert Rösti devrait bientôt se décider sur un potentiel contre-projet.

Va-t-on vraiment pouvoir construire davantage?

En cas de oui, beaucoup de choses pourront certes aller plus vite, mais il n'y a aucune garantie à ce sujet. Des oppositions sont toujours possibles, lesquelles peuvent retarder ou empêcher la construction. C'est le cas notamment de la centrale hydroélectrique de Trift.

La Suisse a-t-elle vraiment besoin de plus d'électricité?

La Suisse veut devenir climatiquement neutre à long terme. Autrement dit, elle veut émettre moins de CO₂. Une telle situation pourrait se présenter, si, au lieu de voitures diesel ou à essence, des voitures électriques sillonneraient la Suisse, par exemple. 

Mais ces dernières auraient besoin d'électricité. De plus, la population suisse est en constante augmentation. Davantage d'électricité est donc nécessaire. De plus, le peuple suisse ne veut plus des centrales nucléaires à long terme. Le courant manquant devra, à terme, être remplacé.

Le projet solaire Solarexpress vient d'être adopté. Qu'apporterait la loi en plus?

Il y a actuellement de nombreux projets concernant le développement des énergies renouvelables. Le projet Solarexpress, déjà en vigueur, doit permettre d'augmenter le nombre d'installations solaires dans les Alpes.

Parallèlement, le Parlement discute du décret dit d'accélération. Celui-ci va dans le même sens, mais vise à accélérer les procédures pour les installations solaires et éoliennes ainsi que pour le réseau électrique. En outre, le Parlement a adopté la semaine dernière la loi sur le CO₂. Cette dernière contient aussi différents éléments qui traitent de l'approvisionnement en énergie.

Combien coûterait la loi?

Pour construire davantage, on peut compter sur des aides financières. Celles-ci sont déjà en vigueur aujourd'hui et seront prolongées. Elles sont financées – comme jusqu'à présent – par le supplément réseau. Celui-ci s'élève à 2,3 centimes par kilowattheure consommé. Le nouveau système de «prime de marché flottante» est également financé par ce biais. Il n'y aura donc pas de nouveaux coûts pour les consommateurs, d'après l'Office fédéral de l'énergie.

Que se passera-t-il en cas de non?

En cas de non, les lois existantes resteront en vigueur. Toutefois, certaines mesures d'encouragement pourraient être supprimées. Les partisans craignent que la Suisse ne puisse pas couvrir ses besoins croissants en électricité avec des énergies renouvelables. De plus, des mesures d'urgence viendront à être nécessaires pour l'hiver.

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