«Ce n'est pas de trop», selon un expert
La Finma a soixante personnes chargées de surveiller UBS

Avec le rachat et la fusion de Credit Suisse, l'attention se porte maintenant sur UBS. Car la banque ne doit absolument pas disparaître. Ce serait beaucoup trop coûteux pour la Suisse. Le rôle de la Finma est absolument central pour la surveillance.
Publié: 16.03.2024 à 19:06 heures
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L'UBS est désormais sous surveillance.
Photo: Manuel Geisser
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Christian Kolbe

Depuis le 19 mars 2023, la place financière est confrontée à un problème de taille: si l'UBS devait – pour une quelconque raison – se retrouver en difficulté, il n'y aurait plus d'autre grande banque pour voler à son secours. Autrement dit, si UBS venait à vaciller, il lui resterait soit l'État, soit la ruine. Ces deux scenarii sont à éviter coûte que coûte.

C'est pourquoi la Suisse a besoin d'une autorité de surveillance forte: «Une bonne surveillance d'une grande banque est une question d'expérience, il faut du courage et c'est aussi un peu un art», explique un ancien surveillant des grandes banques pour décrire le grand défi de l'autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (Finma).

Ça a commencé avec un seul surveillant!

La surveillance des grandes banques a une histoire assez brève en Suisse. Jusqu'à la fusion de l'Union de Banques Suisses et de la Société de Banque Suisse en UBS en 1998, seule une personne surveillait les grands établissements financiers. «C'est ridicule», comme le fait remarquer le professeur d'économie bâlois Yvan Lengwiler. Ce dernier a siégé au Conseil d'administration de la Finma de 2012 à 2019.

Après la fusion, cinq personnes se sont occupées de chacun des deux mastodontes financiers restants, UBS et Credit Suisse. Un nombre qui n'a que légèrement augmenté au fil du temps. Toujours est-il que les équipes de surveillance de l'UBS et de Credit Suisse pouvaient à tout moment recourir à des équipes spéciales et à d'autres experts au sein de la Finma. Lorsque la fin de Credit Suisse s'est profilée, 40 postes à plein temps étaient réservés à la surveillance de l'UBS et de Credit Suisse. Désormais, ce sont pas moins de 60 personnes qui s'occupent directement ou indirectement de la surveillance de la dernière grande banque: l'UBS. Toutefois, «ce n'est pas trop et on pourrait en augmenter le nombre», précise Yvan Lengwiler.

Les surveillants de l'UBS à la Finma ont un panel de mesure à leur disposition. À commencer par les instruments de surveillance, les contrôles sur place et les mesures de sanction. Mais l'instrument le plus important d'un surveillant est son intégrité personnelle, comme le révèle un ancien surveillant de grandes banques dans un entretien avec Blick. «Pour la surveillance, il faut des personnes qui ont suffisamment d'expérience pour pouvoir tenir tête à un PDG imposant.»

«Le travail exige d'avoir les épaules solides»

Car en plus de l'analyse des données externes et internes et des rapports sur l'état de la banque, la discussion en tête-à-tête est un instrument important de la surveillance. C'est pourquoi les surveillants rencontrent régulièrement le Conseil d'administration, la direction et d'autres cadres de la banque pour échanger leurs points de vue.

Lorsque le surveillant met le doigt sur des éléments sensibles, il faut un certain courage pour rester ferme: «D'un côté le petit fonctionnaire de Berne qui farfouille, de l'autre le tycoon de la Bahnhofstrasse à Zurich – une telle rencontre a quelque chose d'insolite par son rapport de forces inégal», explique l'ancien surveillant bancaire. «Faire de la surveillance bancaire exige d'avoir les épaules solides et la tête sur les épaules. C'est la seule façon d'avoir un entretien d'égal à égal.»

La place financière a entendu dire qu'il y avait toujours des exceptions et des facilités pour Credit Suisse. La banque a souvent fait appel contre les décisions de la Finma: «Cette banque s'est montrée très récalcitrante vis-à-vis de la Finma», explique Lengwiler. «Avec ses recours contre les décisions, elle essayait de freiner l'autorité de surveillance.»

Répartition du travail de surveillance

Une particularité caractérise la place financière suisse: il existe un échange régulier avec l'entreprise de révision de la banque. Celle-ci prend même en charge la surveillance prudentielle, et elle sert de bras armé à la Finma. «Nous sommes souvent critiqués à l'étranger pour cela et nous nous vendons probablement trop mal», explique Oliver Buschan, responsable du marché financier et de la réglementation à l'Association suisse des banquiers. «Mais ce modèle est très rentable. Car ainsi, UBS paie elle-même pour une partie de la surveillance prudentielle qui la concerne.» Toutefois, Oliver Buschan doit lui aussi reconnaître que «cette collaboration n'est pas totalement exempte de conflits».

La collaboration avec les autorités de surveillance étrangères est également importante. Car celles-ci ont, tout comme la Finma, un grand intérêt à ce que tout se déroule correctement dans les filiales de banques étrangères. «Durant mon activité à la Finma, j'ai souvent été à Londres, New York ou Hong Kong, j'y ai observé la banque d'investissement et échangé avec les autorités locales», raconte l'ancien surveillant. «Grâce à ces échanges, une couverture globale et complète est possible.»

Limiter les possibilités de recours

Lorsque le surveillant tire la sonnette d'alarme, il se rend à la banque. Elle peut effectuer un contrôle sur place, examiner en profondeur les données, fouiller jusqu'au fond d'une zone de risque identifiée. «C'est très compliqué et coûteux pour la banque, car de très nombreuses personnes sont impliquées chez elle», explique l'ex-membre de la Finma. «Rien que cela a un certain effet dissuasif, car aucune banque n'aime payer ces frais. Ces enquêtes sont un peu comme les amende.»

Dans le cas de Credit Suisse, tout cela n'a servi à rien. Que doit améliorer la Finma pour que l'UBS ne subisse pas le même sort? «Le chemin des instances pour les recours contre les décisions devrait être fortement raccourci», dit Lengwiler. «En outre, il faut des amendes progressives, telles qu'elles sont connues à l'étranger». Celles-ci donnent par exemple dix jours à une banque pour mettre en œuvre une mesure. Si elle ne le fait pas, chaque jour de retard coûte un million de francs. Avec le temps, cela devrait aussi faire mal à une grande banque.

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