Calendrier intenable et bombe sociopolitique
Une initiative sur la responsabilité environnementale jugée «irréaliste»

L'initiative écologiste exige que l'économie suisse respecte les limites planétaires en 10 ans. Les opposants critiquent un calendrier «intenable» et des conséquences «désastreuses» pour la population et les entreprises.
Publié: 16.12.2024 à 10:08 heures
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Dernière mise à jour: 16.12.2024 à 10:11 heures
Les opposants à l'initiative des Jeunes Vert-e-s dénoncent un texte qui aurait des conséquences "désastreuses" autant pour la population que pour les entreprises suisses (Photo d'illustration).
Photo: Keystone/PETER SCHNEIDER
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ATS Agence télégraphique suisse

Une alliance composée de partis bourgeois a appelé lundi à rejeter l'initiative populaire des Jeunes Vert-e-s «pour la responsabilité environnementale», sur laquelle le peuple vote le 9 février. Les opposants dénoncent un projet «irréaliste, coûteux et irresponsable».

L'initiative entraînerait une explosion des prix, une baisse de prospérité et une réduction «drastique» de la consommation, a déclaré une alliance interpartis à Berne à l'occasion du lancement de la campagne du non. De plus le texte serait «inutile», la Suisse ayant déjà réussi à découpler sa croissance économique de sa consommation des ressources, selon les opposants.

L'alliance rassemble des élus PLR, UDC et du Centre. Elle comprend aussi des organisations, comme le Forum des consommateurs ou Infra Suisse, groupement d'entreprises actives dans la construction d’infrastructures.

Calendrier «intenable»

Déposée en février 2023, l'initiative «Pour une économie responsable respectant les limites planétaires» exige que l'économie suisse – importations comprises – se réinsère dans les limites naturelles terrestres dans un délai de dix ans. Si le texte était accepté, la Suisse serait tenue de réduire fortement les atteintes à l'environnement causées par la consommation nationale.

Les opposants dénoncent une «utopie verte». Pour eux, les écologistes suivent un calendrier «intenable», d'autant que cet objectif est déjà inscrit à l'article 73 de la Constitution fédérale. L'ambition et les efforts déjà fournis dans la réduction des émissions polluantes et de la consommation de ressources naturelles ne doivent cependant pas être relâchés, précise l'alliance du non.

«Bombe sociopolitique»

L'initiative aurait des conséquences «désastreuses» autant pour la population que pour les entreprises, dénonce encore le camp du non. Les loyers, les denrées alimentaires et les coûts de mobilité exploseraient. Les citoyens seraient aussi contraints de changer leur mode de vie. Ils feraient face à des restrictions dans leurs loisirs et leurs vacances, mais aussi dans leurs habitudes alimentaires, leur mode de déplacement et au niveau de leur logement.

Pour l'alliance bourgeoise, les plus pauvres seraient touchés de plein fouet. D'une part à travers l'explosion des prix et également parce que l'État, confronté à une baisse de recettes fiscales et à un besoin accru d'investissement dans la transformation des infrastructures, serait contraint de revoir à la baisse les prestations sociales. L'initiative équivaudrait à une «bombe sociopolitique», selon l'alliance.

La Suisse aurait déjà fait de gros progrès

Les opposants critiquent aussi un projet qui manque sa cible. Actuellement, les seuls États répondant aux exigences de l'initiative sont des pays comme l'Afghanistan, Haïti ou encore Madagascar. Mais c'est leur faible niveau de prospérité et leur mode de vie modeste qui expliquent que leur consommation se situe dans les limites planétaires, et non une utilisation efficace des ressources. La Suisse a réalisé des progrès "considérables" en matière de protection de l'environnement et d'efficacité économique, estime l'alliance qui plaide pour le non.

Le texte des Jeunes Vert-e-s veut ancrer le fait que l'économie soit contrainte d'opérer dans les limites de la planète dans la Constitution. Ils demandent que «l'impact environnemental découlant de la consommation en Suisse ne dépasse plus les limites planétaires, rapportées à la population de la Suisse».

Le texte s'inscrit dans le cadre des efforts visant à sortir des énergies fossiles comme le pétrole, le gaz naturel et le charbon, selon les initiants. Il est soutenu par la gauche, Greenpeace et quelque 80 scientifiques. Le Parlement et le Conseil fédéral ont recommandé le non, sans proposer de contre-projet.

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