Cafetier rebelle puni à Zurich
Il ouvre son restaurant pendant le Covid: sept mois de prison ferme!

Le restaurateur Günter Diexer va payer cher sa rébellion aux mesures de protection contre le Covid. Le tenancier d'un café d'Elsau, dans le canton de Zurich, vient d'écoper de sept mois de prison ferme. Il avait enfreint les règles à de nombreuses reprises.
Publié: 22.06.2022 à 15:00 heures
|
Dernière mise à jour: 22.06.2022 à 15:05 heures
Devant le tribunal, le cafetier rebelle (chemise à carreaux) était soutenu par des amis.
Photo: Claudio Meier
Viktor Dammann

Günter Diexer, était prêt à tout pour défier les autorités. Même défendre son cas devant la justice. C'est ce que l'Autrichien de 56 ans a fait, en début de semaine devant le Tribunal de district de Winterthour (ZH).

C'est non loin de là, à Elsau, que se sont produits les faits aujourd'hui reprochés au restaurateur. Malgré un «lockdown» strict à l'époque, le cafetier a accueilli 25 clients. La police cantonale zurichoise est venue une première fois le remettre à l'ordre, mais cela n'a pas eu grand effet: il a remis le(s) couvert(s) dès le lendemain.

L'escalade ne s'est pas arrêtée de sitôt, puisque l'établissement a été mis sous scellés. Suffisant pour arrêter Diexer? Pas du tout! L'Autrichien a détruit les scellés officiels, malgré la présence de caméras. Un geste qui lui a été reproché par le Ministère public, qui a requis 7000 francs d'amende et neuf mois de prison. Sans sursis!

«Elle sera poursuivie pour haute trahison!»

Coronasceptique notoire, le quinquagénaire n'est pas impressionné. Dans un mail adressé à Blick, il déclare: «La juge peut commencer à transpirer. Si elle me condamne, elle sera poursuivie un jour pour haute trahison. C'est ce qui se produit lorsque l'on prend des décisions contraires à la Constitution!»

Le tenancier du Café Diexer ne veut, en revanche, pas s'épancher sur ses motivations. «Le procès sera amusant», se contentait-il d'écrire. Devant le Tribunal de district de Winterthour, l'homme n'a pas voulu faire de déclaration. En pleine audience, il a décidé de sortir pour fumer une cigarette. «Cela ne respecte pas les Droits de l'homme!», a-t-il asséné.

Un peu plus tard, l'Autrichien a expliqué à Blick vouloir porter l'affaire devant un «tribunal international». Mais il ne veut toujours pas s'exprimer sur le fond. «Pour moi, c'est fini. Bonne journée», a-t-il souhaité avant de prendre congé.

Son avocat a demandé un acquittement total. Pour l'homme de loi, il s'agissait d'un événement privé organisé par un homme qui a beaucoup souffert du «lockdown».

Il s'en était vanté sur Facebook

La justice ne voit, elle, pas la situation de cette manière. Selon l'acte d'accusation du Parquet de Winterthour, l'accusé a ouvert son café «consciemment et volontairement», alors qu'il était conscient que les établissements de restauration devaient rester fermés sur ordre des autorités.

Lors du contrôle de police du 15 mars 2021, 25 clients auxquels Diexer aurait servi à boire et à manger ont été recensés. L'exploitant ne disposait pas d'un concept de protection et ne portait pas de masque. Le restaurateur rebelle avait, qui plus est, annoncé l'événement au préalable sur Facebook.

Pour ne rien arranger, le titulaire de la patente aurait refusé aux policiers l'accès aux locaux. Günter Diexer aurait ainsi empêché les agents de contrôler et de dénoncer les clients présents.

Le lendemain, la police cantonale a de nouveau trouvé 14 personnes en train de manger et de boire. Une infraction similaire avait déjà été commise à la fin février.

Le 30 mars, Diexer a brisé les scellés officiels, sous les acclamations d'une vingtaine de personnes acquises à sa cause. La police a ensuite changé le cylindre de la serrure du restaurant et apposé de nouveaux scellés, que l'aubergiste a aussi détruits.

Un lieu pour coronasceptiques

Pour l'ensemble de son oeuvre (bris de scellés, entrave à un acte officiel, infractions aux mesures Covid...), Günter Diexer a été condamné à sept mois de prison ferme ainsi qu'à deux amendes de respectivement 1500 et 2500 francs.

Le verdict a eu lieu en l'absence du restaurateur, qui ne «reconnaît pas le tribunal». La juge a d'ailleurs fait une référence à ces déclarations en soulignant que la Cour était «un tribunal constitutionnel». Le cafetier avait également assuré qu'il avait un droit d'entrée permanent dans son restaurant et que les policiers n'avaient, eux, pas le droit d'y pénétrer. «Ce n'est évidemment pas vrai», a commenté la juge.

Le restaurant en question accueille actuellement l'association URIG. Il s'agit d'un organisme alémanique qui rassemble des coronasceptiques. Un autocollant «Groupe régional URIG» est par ailleurs apposé sur la porte.

Découvrez nos contenus sponsorisés
Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la