Le doyen de l'UDC, Christoph Blocher, ne mâche pas ses mots: «après ma dernière conversation avec Hansjörg Wyss, je n'ai pas trouvé qu'il était beaucoup plus intelligent que moi. Il n'a pas besoin d'être aussi arrogant.» L'ancien conseiller fédéral se défend ainsi contre les critiques virulentes de l'entrepreneur, mécène et multimilliardaire Hansjörg Wyss. Dans une grande interview accordée à Blick, ce dernier critique en effet le Conseil fédéral et lance une charge particulièrement implacable contre l'UDC.
Hansjörg Wyss, qui vit dans son pays d'adoption, les Etats-Unis, est agacé par les politiciens de l'UDC qui fulminent contre une campagne de vaccination soi-disant «furtive» à la suite de l'introduction du certificat obligatoire: «Cela indique un manque d'intelligence.»
La politique isolationniste du Parti populaire est également dénoncée par le milliardaire. Il estime que l'immigration amène toujours des personnes intelligentes, qui apportent beaucoup au pays: «L'UDC représente un grand danger pour la Suisse et n'a pas compris que nous vivons dans un monde globalisé». Selon lui, ce qui importe le plus pour le parti, c'est que «les drapeaux suisses flottent dans chaque petit village».
«C'est bon marché!»
«Contrairement à Hansjörg Wyss, je vis en Suisse. Il est facile pour lui de dénigrer notre pays depuis les États-Unis», s'insurge Christoph Blocher, également entrepreneur et multimilliardaire. «L'UDC n'est pas contre l'immigration, mais contre l'immigration de masse illimitée et elle se bat pour l'indépendance de la Suisse. Voici ce qui est intelligent, pour quelqu'un qui aime notre pays.»
Il estime que l'UDC a toujours défendu une ligne claire concernant le coronavirus. Christoph Blocher se souvient que sa fille Magdalena Martullo-Blocher avait été la première à porter un masque de protection au Conseil national. «On s'est moqué d'elle pour cela, et c'était probablement ces personnes soi-disant intelligentes! Hansjörg Wyss a dû manquer ça.» L'UDC ne serait pas du tout contre le certificat, «mais nous nous opposons au fait que le certificat obligatoire s'accompagne de tant de restrictions étatiques qu'il conduit à une vaccination obligatoire de facto», précise M. Blocher. «Les gens prétendent que la vaccination est volontaire, mais exercent une coercition et une pression.»
C'est là que l'UDC attend une certaine tolérance à l'égard des dissidents, dit-il. «Hansjörg Wyss a une attitude anti-suisse, mais nous ne le traitons pas d'imbécile pour autant», poursuit Christoph Blocher. L'UDC estime ainsi que Wyss a le droit de défendre son opinion, «même si elle est fausse.»
«Wyss ne défend pas une Suisse indépendante»
Dans Blick, le multimilliardaire Hansjörg Wyss reproche également au Conseil fédéral de rompre les négociations sur l'accord-cadre européen. «L'on ne fait pas les choses de cette manière.» À l'avenir, la Suisse sera traitée comme le Pakistan par Bruxelles, affirme-t-il. Déjà écartée du programme de recherche Horizon, elle ne sera plus à la table des discussions importantes.
«C'est le même vieux disque que lors du rejet de l'EEE», rétorque Christoph Blocher. «À l'époque aussi, l'on nous a prévenus que nous allions végéter seuls. C'est le contraire qui s'est produit.» La Suisse est plus forte que jamais, assène-il. Soit Hansjörg Wyss n'a pas lu le traité-cadre, soit il se moque que l'UE règne sur la Suisse. «C'est facile de dire ça depuis les lointaines contrée américaines. Wyss ne défend pas une Suisse indépendante.»