Ils avaient promis de protéger le climat, de faire baisser les primes d'assurance maladie, de trouver un accord solide avec l'Union européenne, de limiter l'immigration et de faire en sorte que les couples mariés cessent d'être pénalisés sur le plan des impôts et des retraites juste parce qu'ils sont... mariés.
Avant les élections de 2019, les principales formations politiques ont brandi des programmes électoraux ambitieux. C'est bien sûr la loi du genre et le système politique suisse est tellement lent que les succès ne suivent pas toujours immédiatement les volontés de réformes. Mais, cette question reste tout de même intéressante: qui les a réellement mises en œuvre?
Parti socialiste (PS)
La protection du climat, des primes d'assurance-maladie basses et plus d'égalité, tels étaient les thèmes principaux du Parti socialiste dans la campagne électorale 2019.
Le PS voulait notamment s'engager pour que la place financière suisse n'investisse plus dans les énergies fossiles d'ici à 2030. Cette belle annonce n'a été suivie d'aucune intervention durant la législature qui s'achève.
Le thème de l'égalité salariale est un sujet crucial pour le PS. Le groupe parlementaire a interpellé les Chambres à plusieurs reprises à ce sujet depuis 2019, mais il n'a pas trouvé de majorité au Parlement. Même si, cet été, les grandes entreprises devront tout de même publier pour la première fois des analyses sur l'égalité salariale.
Pendant la campagne électorale, le PS a en outre lancé son initiative pour l'allègement des primes, qui demande qu'aucun ménage ne doive consacrer plus de dix pour cent de son revenu disponible aux primes d'assurance maladie. Le PS peut considérer comme un succès le fait que le Parlement élabore un contre-projet indirect à l'initiative.
Les Vert-e-s
Les élections de 2019 ont été un vrai succès pour les Vert-e-s. Force est de constater qu'ils n'ont toutefois pas obtenu beaucoup de résultats. Ils ont exigé un net durcissement de la loi sur le CO₂, ce qu'ils ont réussi à faire au Parlement, mais la loi (qui prévoyait un objectif contraignant ainsi qu'une taxe sur les billets d'avion) a été rejetée par le peuple en juin 2021.
La nouvelle proposition de loi, qui sera bientôt soumise au Parlement, est floue et peu ambitieuse. L'Alliance pour le climat, dont font partie les Vert-e-s, a pu enregistrer un succès symbolique avec l'adoption de la loi sur la protection du climat en juin. Mais on cherche en vain dans la loi des mesures efficaces pour atteindre le but fixé.
En matière de politique sociale, les Vert-e-s s'étaient engagés à introduire un congé parental. Ils n'ont eu aucune chance au Parlement, mais ont tout de même réussi à imposer, avec le centre-gauche, un congé paternité de deux semaines.
Le Centre
Le Centre s'est présenté en 2019 sous son ancienne étiquette, le PDC, avec des revendications pour un système de santé finançable, des rentes de vieillesse sûres et équitables et la fin de la discrimination fiscale des couples mariés.
Son initiative pour freiner les coûts de notre système de santé a débouché sur un contre-projet, ce qui n'est pas si mal, mais le Parlement en discute toujours. Quant à savoir si cela résoudra le problème de l'augmentation des coûts de la santé, c'est une autre histoire...
En ce qui concerne son projet le plus ambitieux, la fin de la pénalisation des couples mariés en matière d'impôts et d'AVS, le Centre a entre-temps rencontré une concurrence politique nourrie.
Le diagnostic — à savoir que les couples mariés paient plus d'impôts et touchent moins d'AVS que les couples non mariés — n'est pas remis en question. Mais la solution à apporter pour résoudre le problème donne lieu à une bataille de chiffonniers.
Le Conseil fédéral et des partis comme le PLR et les Verts libéraux préconisent de passer à un régime d'imposition individuelle, ce que le Centre rejette. La bataille autour de la pénalisation du mariage devrait donc encore durer des années.
Toujours est-il qu'en ce qui concerne les retraites, le centre et d'autres partis bourgeois ont obtenu une percée avec la révision de l'AVS qui a été acceptée.
Parti vert'libéral (PVL)
En 2019, les Vert'libéraux ont mis l'accent sur la protection du climat, l'innovation et la politique européenne. Le PVL voulait également un durcissement de la loi sur le CO₂, mais celle-ci a été rejetée par la population.
Le PVL a été le seul parti à s'engager pour une solution rapide avec l'UE. Ses représentants ont donc été déçus par l'interruption des négociations sur l'accord-cadre. Malgré cela, le parti s'engage sans relâche pour les relations bilatérales, mais il se heurte toujours à un mur. Personne ne suit et, de toute façon, c'est le Conseil fédéral qui a le dernier mot.
Le PVL a marqué des points auprès de son électorat sur le thème de l'innovation, notamment dans les domaines de l'environnement et de l'énergie. Il promeut ainsi des idées comme la tarification de la mobilité. Mais jusqu'à présent, on n'a guère fait de progrès. Même s'il faut relever que les premières tentatives politiques sont en cours et que la discussion sur le péage du Gothard montre que l'idée fait son bout de chemin.
Parti libéral-radical (PLR)
Durant la campagne électorale, le Parti libéral-radical a fait campagne pour une économie compétitive, une réforme de la prévoyance vieillesse et la garantie de la voie bilatérale. Il a soutenu l'accord-cadre avec l'UE (avec moins d'enthousiasme que le PVL), mais n'a guère pu exercer d'influence, bien que «son» conseiller fédéral, Ignazio Cassis, soit responsable du dossier.
En ce qui concerne les retraites, le PLR a obtenu des succès. On pense à l'augmentation de l'âge de la retraite des femmes à 65 ans et la réforme des caisses de pension. Cette dernière doit toutefois encore faire l'objet d'une votation. Les revendications plus larges, comme l'adaptation de l'âge de la retraite à l'espérance de vie, ont été rejetées par le Conseil fédéral et le Parlement.
La réduction de la bureaucratie est un thème cher au PLR. Les libéraux-radicaux demandent depuis des années un frein à la réglementation. Et voilà que la Confédération en a mis un en place.
Union démocratique du centre (UDC)
L'UDC avait promis de s'engager contre l'accord-cadre avec l'UE. Le parti a donc été extrêmement heureux lorsque le Conseil fédéral a interrompu les négociations sur ce thème en 2021. Même si l'influence des parlementaires de l'UDC dans cette décision a dû être très faible, puisque les négociations relevaient de la compétence du Conseil fédéral.
Lors de la campagne électorale de 2019, l'UDC a en outre misé sur la promesse de s'engager pour une «Suisse sûre». À cet égard, l'UDC a remporté un succès partiel avec l'adoption de la loi antiterroriste. Les nouvelles dispositions permettent par exemple d'assigner à résidence les personnes soupçonnées de flirter avec le terrorisme.
Pour limiter l'immigration, le parti a enchaîné les propositions, la plupart trop extrêmes pour être acceptées par une majorité. Le parti a donc lancé une nouvelle initiative populaire sur ce thème, contre une Suisse à 10 millions d'habitants, juste à temps pour la campagne électorale de la nouvelle législature.