Blaise Bersinger, humoriste
«Si j'avais pas sauvé mon couple grâce à l'Eurovision, je détesterais cette merde»

L'humoriste Blaise Bersinger occupe les canapés de Blick ce samedi soir pour commenter la finale de l'Eurovision. Victoire impérative de Nemo, boycott de la chanteuse israélienne et remplacement de Jean-Marc Richard. Interview du Lausannois en amont de notre livestream.
Publié: 11.05.2024 à 10:02 heures
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Dernière mise à jour: 11.05.2024 à 10:14 heures
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Blaise est fan de l'Eurovision et se réjouis de la victoire (assurée, évidemment) de Nemo, qui candidate pour la Suisse.
Photo: Keystone/DR
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Léo MichoudJournaliste Blick

Jean-Marc Richard fait son job à la RTS et Blaise Bersinger fait des blagues sur toutes les plateformes de Blick. Ce samedi 11 mai entre 20h50 et 1h du matin, l'humoriste lausannois animera le livestream décalé de la finale tant attendue de l'Eurovision 2024. Pour l'accompagner? Le responsable News et Enquête de votre média, Antoine Hürlimann, et plein d'invités de marque.

Quelle position et quelle prestation attendre de Nemo en finale? Quelles répercussions auront ces magnifiques chansons sur le conflit israélo-palestinien? Qui ramènera des pizzas? Qui veut la peau de Roger Rabbit? Pas sûr que toutes ces questions trouvent réponse lors de cette soirée aux nombreuses surprises.

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Interview en amont de l'événement pour le comique passé maître de l'absurde et de l'improvisation. Avec la figure de proue de l'opération Eurovision de Blick (presqu'un collègue pour cette soirée spéciale), le tutoiement est de rigueur.

Blaise, tu seras en direct sur les plateformes de Blick pour commenter l’Eurovision jusqu'à 1h du mat’. On peut s’attendre à quoi?
Pas mal de bordel, mais surtout un regard différent. Le regard que les gens ont sur ce concours et que les commentateurs de la RTS — Jean-Marc Richard, Nicolas Tanner et Julie Berthollet — n'ont pas le droit de donner. C'est ça l'intérêt, je crois.

Comment est-ce que vous avez construit cette émission avec Antoine Hürlimann, ton coanimateur du soir?
Ouais. On prévoit deux-trois bêtises qui vont jalonner la soirée, des invités un peu spéciaux. On va passer des coups de fil à des gens. Par exemple à Gorgoni (ndlr: Joseph, aka Marie-Thérèse Porchet). On va échanger des vocaux avec Wiesel (ndlr: Thomas). Il y aura aussi Maryne (ndlr: Marine Kaltenbacher), qui avait déjà composé une chanson pour l'Eurovision. C'est cool. On aura plein d'avis, un peu cash, sur tout ce qui se passe à l'écran.

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«L'Eurovision réveille en moi les mêmes instincts que le foot. Du coup, je suis pour la Suisse»
Blaise Bersinger, humoriste et coanimateur de la soirée Eurovision de Blick
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On te sent mi-passionné, mi-emmerdé par l’Eurovision. Pourquoi cette ambivalence?
En fait, j'adore. Mais je ne sais pas trop pourquoi. Spontanément, il n'y a aucun artiste où je ferais «ah ouais, ça m'intéresse». Mais vu que c'est le concours, je me dis que c'est cool. Ça biaise complètement mon jugement. L'Eurovision réveille en moi les mêmes instincts que le foot. Du coup, je suis pour la Suisse. Hier soir, j'ai regardé la demi-finale... Et quand Nemo a chanté, on était à fond. En mode: «Vas-y! Ouais! Putain, c'est ouf! Elle est trop bien cette chanson en fait!» Franchement si on ne gagne pas, c'est un scandale.

Et si on gagne?
Il y a cette immense crainte que j'ai. Si un jour la Suisse gagne l'Eurovision, elle doit accueillir le concours l'année d'après. Potentiellement, tout le budget divertissement du service public va y passer. Je vais me retrouver sans travail pendant une année!

Ou alors, tu deviens le coanimateur de Jean-Marc Richard...
Je le clame haut et fort. Le jour où la Suisse accueille l'Eurovision, je veux commenter l'événement. Mais je veux être sur la scène au Hallenstadion, moi. Pas dans les cabines. Je veux crier «Hello Europe!» dans 35 langues différentes. Surtout en suisse-allemand.

Ça va durer quatre heures. T’as bien dormi?
J'ai essayé. C'est sûr que ça va être très long. Mais je pense que c'est peut-être ça qui est rigolo. Au bout d'un moment, on n'en pourra plus et ça deviendra encore plus marrant pour les gens qui regardent. Bon, on va quand même essayer de rendre le truc un peu plus dynamique.

Surtout que sur toute la finale, il y aura que huit chansons…
Huit!? Non, il y en a beaucoup plus que ça.

Ah oui, merde. Il y en a 26 en tout. 10 pays qualifiés depuis chaque demi-finale et 6 qualifiés d'office. Fake news de ma part...
Quel mauvais journaliste.

Mais il faudra quand même combler les moments creux...
Oui, il y aura des pubs et des rétrospectives. Des moments gênants, genre «souvenez-vous, il avait concouru pour l'Azerbaïdjan en 89 et il avait fini deuxième, voici Chnoubli Chnoubla» (en imitant Jean-Marc Richard). On tâchera de faire autre chose que donner notre expertise et dire «C'était quand même un sacré artiste, lui», alors que personne ne le connaît. On se fera livrer des pizzas, on fera un quiz, un bingo. On aura d'autres trucs à faire.

Le bingo de Blaise et de Blick pour cette finale de l'Eurovision.
Photo: Blaise Bersinger

Il paraît que tu entretiens une relation intime avec ce concours de l'Eurovision. Tu veux nous raconter?
C'est Antoine qui a balancé? Bref, comment je pourrais dire ça de manière publique... On était en pleine crise sentimentale avec ma copine. J'étais allé au Portugal pour sauver mon couple. Il y avait des gens dans la rue avec des drapeaux, mais pas de match de foot. On s'est demandé ce que c'était que cette chie. En fait, c'était l'Eurovision. Alors on l'a regardé ensemble à la télé. Depuis cette année-là, ça m'a un peu marqué. C'est un truc que j'aime bien maintenant. Si j'avais pas réussi à sauver mon couple, je détesterais cette merde.

Et ta relation intime avec Jean-Marc Richard?
À chaque fois qu'on se croise avec Jean-Marc Richard, c'est de près ou de loin lié à l'Eurovision. Quand j'étais au Portugal, j'avais fait un petit sketch avec lui pour l'émission Mauvaise Langue (RTS). On ne se connaît pas plus que ça. Mais quand on se voit, on parle Eurovision.

L'année passée, tu avais suivi le show pour une chronique. Qu'est-ce que tu en as gardé?
Cinq ou six artistes ont survécu et sont toujours dans ma playlist. Pour moi, le plus intéressant avec l'Eurovision, c'est la géopolitique qu'il y a autour. Cette année, ce sont les discussions par rapport au conflit israélo-palestinien. J'essaie de savoir si des artistes ont pris la parole. J'adore aussi le côté revendication queer et identité. Le fait qu'on ait un artiste suisse non-binaire, je trouve ça super. Ça m'intéresse et ça me fait un peu rire de voir comment vont gérer (ou pas) les gens qui vont devoir parler de cet artiste.

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«Je trouve que Nemo a fait une belle chanson. Iel est talentueux et avait ce truc performatif assez impressionnant»
Blaise Bersinger, humoriste lausannois
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Et donc toi, Nemo, t'en penses quoi?
Je trouve qu'iel (ndlr: pronom personnel neutre) a fait une belle chanson. Iel est talentueux et avait ce truc performatif assez impressionnant. C'était très drôle après sa chanson, Jean-Marc Richard et Nicolas Tanner ont crié comme sur un goal de l'équipe de Suisse. Ils étaient là: «En 32 ans de commentaire, j'ai jamais vu ça!» Je conçois tout à fait son talent pour la musique, même si ce n'est pas mon style.

Et tu penses quoi de Nemo, le petit poisson-clown du film Nemo?
Je trouve qu'il devrait accepter sa nageoire atrophiée comme une force et arrêter de se victimiser. Parce qu'en fait, il est aussi grand que tous les autres poissons.

Et le capitaine Nemo?
Je sais plus trop qui c'est. Un personnage de Jules Verne, c'est ça?

Et donner à son enfant le prénom Nemo, on en pense quoi?
J'ai un collègue de théâtre qui a appelé son fils Nemo. C'est audacieux. Quand on a un prénom qu'on est à peu près le seul à avoir, c'est quand même un avantage. Comme artiste, je pense que ça aide. Moi, quand je me retrouve à une soirée et qu'on parle d'un Blaise qui n'est pas moi, ça m'outre. Je fais un AVC.

Un artiste germanophone de Bienne pour représenter la Suisse, ça fonctionne?
L'année passée, c'était un Suisse-Allemand, de Saint-Gall. S'ils veulent nous la faire à l'envers en disant que cette année on a eu un Romand, donc que ça peut de nouveau être un Suisse allemand l'année prochaine... je peux te dire qu'ils vont recevoir un mail avec une pièce jointe. C'est comme en hockey. Quand ils parlent d'une finale 100% romande alors que Bienne joue contre Genève. Oui, oui. Et puis Morat-Fribourg, c'est 100% romand aussi!?

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«Quand on regarde, on se dit à chaque fois qu'on pourrait aussi le faire. Comme s'il suffisait de remplir un Doodle pour y aller. Moi, j'aurais envie»
Blaise Bersinger, futur candidat à l'Eurovision pour la Suisse (?)
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D'ailleurs, toi aussi t’es multi-instrumentiste et tu chantes pas trop mal. Tu veux pas participer?
C'est marrant parce qu'avec les copains artistes musicaux, quand on regarde, on se dit à chaque fois qu'on pourrait le faire. Comme s'il suffisait de remplir un Doodle pour y aller. Moi, j'aurais envie. Histoire de pas faire une énième chanson avec une cadence «toum... ka-toum ka-toum» (ndlr: effet rythmique de type reggaeton difficile à reproduire à l'écrit). Mais en même temps, il y a tellement de gens plus légitimes que moi qui feraient mieux. Je vais déjà essayer de commenter le show au Hallenstadion. Ce serait pas mal.

Mais t'aurais mis quoi comme fringues pour représenter la Suisse à l'Eurovision?
Je pense à un ensemble un peu large, training et sweat à capuche dégradé. Qui commence rouge au niveau des pieds et qui finit blanc au niveau de la capuche. Comme ça, c'est un peu suisse. Et à un moment donné, il y a trois danseurs et quatre danseuses qui m'arrachent l'ensemble. Dessous, j'ai énormément de poils, taillés pour former un cœur brisé. C'est pas mal dans le style Eurovision. Ça raconte la difficulté d'être soi-même, de se cacher sous des appareils. Alors qu'en fait, on est tous des ours qui ont besoin d'amour. Putain, c'est beau.

C'est fantastique. Soyons sérieux, le 16 mai, tu participes à un spectacle qui s'appelle «Stand up for Gaza» à Genève. Est-ce que tu aurais été pour un boycott d'Israël au concours?
Oui. Ça a été mon questionnement toute cette année. Je me réjouis de regarder l'Eurovision. Et en même temps, j'ai envie de boycotter. Mais je vais boycotter de manière assez nulle. Je pense que pendant la chanson d'Israël, je vais me boucher les oreilles et faire «la la la la la la». Mais peut-être pas. Peut-être que je vais juste faire comme quand tu achètes une merde sur Galaxus. Ça te demande si tu veux compenser ton CO2 et tu coches la petite case et tu te sens mieux. Pour faire ça, je commente la chanson d'Israël, mais derrière je fais une soirée de stand-up pour Gaza.

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«Le jour où mon pays bombarde des hôpitaux et des enfants, pas sûr que j’aille le représenter dans un concours international multi-télévisé»
Blaise Bersinger, humoriste vaudois engagé
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Comment ça tu te sens mieux?
Je me sens mieux et les Gazaouis reçoivent mon argent. Et ils disent «Merci Blaise pour la soirée stand-up, c'est pas grave que t'aies commenté la chanson d'Israël.» Et après ils vont se cacher parce qu'une bombe arrive. Le plus important lors de cette soirée de stand-up, c’est qu’on récolte des sous, et qu’on aide comme on peut.

Mais la chanteuse israélienne Eden Golan, est-ce qu'elle y est pour grand chose?
Non, elle n’y est pour rien. Cependant le jour où mon pays bombarde des hôpitaux et des enfants, pas sûr que j’aille le représenter dans un concours international multi-télévisé.

À sa place, tu ferais quoi?
Une soirée «Stand up for Gaza»! Non mais je ne suis pas à sa place dans son pays. C’est évidemment plus facile à dire qu’à faire. Je pense que j’éviterais en premier lieu de faire quelque chose qui me mettrait dans la mouise.

Tu es encore en tournée pour ton spectacle Pain Surprise. Moi, je suis venu le voir deux fois, c'était super. Mais pour les autres, c'est quoi?
C'est un enfant qui joue dans sa chambre, mais avec du matériel et un niveau professionnel. Et on peut venir le voir s'amuser. Je dirais que c'est à peu près ça, grosso merdo. Je raconte tout seul une histoire en jouant tous les personnages, en faisant toute la bande-son, et en n'ayant rien préparé à l'avance.

Donc en impro?
«Mais comment fait-il?», me diras-tu.

Mais comment fais-tu?
Eh bien, même lui, il ne le sait pas forcément.

En parlant de toi à la troisième personne.
Tout à fait. Mais pas parce que c'est pédant, parce que c'est plus simple à conjuguer.

Livestream de la finale de l’Eurovision, à suivre sur blick.ch, sur notre page Instagram et notre compte YouTube.
 

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