L'an dernier, le Forum économique mondial (WEF) de Davos n'avait pas encore commencé qu'un faux pas s'était déjà produit. Lors d'une conférence de presse commune, le vice-chancelier allemand Robert Habeck s'était trompé dans le nom du conseiller fédéral tout juste élu Albert Rösti, en parlant de son «collègue Röstli».
Cette année encore, les deux ministres de l'Environnement se sont rencontrés, avec le ministre de l'Économie Guy Parmelin, en marge du WEF. L'histoire ne dit pas si l'Allemand a cette fois-ci maîtrisé la prononciation des noms de ses homologues. Mais une chose est sûre: Le Conseil fédéral a fait meilleure figure dans la station grisonne qu'en 2023.
Contraste sur une année
Derrière cette mauvaise prononciation qui n'était qu'un détail, la Suisse était en effet critiquée l'année dernière pour son refus de livrer des munitions en Ukraine. Robert Habeck n'était pas le seul à exiger publiquement un changement de cap de Berne. Le Conseil fédéral était sur la défensive.
Cette année, le tableau est différent. Le Conseil fédéral a d'abord reçu le Premier ministre chinois Li Qiang à Berne avant son départ pour Davos. Quelques heures plus tard, c'était au tour du président ukrainien Volodymyr Zelensky.
En sa compagnie, la présidente de la Confédération Viola Amherd a annoncé qu'elle planifiait un sommet en Suisse, probablement à Genève, pour la paix en Ukraine. Le Conseil fédéral se mettait ainsi déjà en avant sur la scène internationale, avant même le début du WEF proprement dit. Même le président français Emmanuel Macron, souvent enclin à tirer la couverture pour lui, a dû concéder que cette initiative de paix était «utile».
«Je tire un bilan positif»
Les six conseillers fédéraux – seule la ministre de l'Intérieur Elisabeth Baume-Schneider ne s'est pas rendue à Davos – ont paru sûrs d'eux et ont su se mettre en valeur pendant cette semaine. «Je tire un bilan positif du WEF de cette année», a déclaré Viola Amherd lors d'une conférence de presse jeudi midi.
Avec sa fonction actuelle de présidente de la Confédération, la ministre de la Défense a eu des dizaines d'entretiens bilatéraux, notamment avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, le secrétaire général de l'ONU António Guterres, le secrétaire d'État américain Antony Blinken et plusieurs premiers ministres.
Le ministre des Affaires étrangères Ignazio Cassis a quant à lui échangé avec Maros Sefcovic, le vice-président de la Commission européenne en charge de la Suisse. Le nouveau conseiller fédéral Beat Jans s'est de son côté entretenu avec le ministre irakien des Affaires étrangères au sujet d'un accord migratoire. Enfin, la ministre des Finances Karin Keller-Sutter s'est entretenue avec son homologue d'Arabie saoudite.
Conscience politique et économie
«Les entretiens ont montré que l'engagement, la fiabilité et la neutralité de la Suisse sont demandés dans la résolution des conflits», a déclaré Viola Amherd, en tirant sa conclusion du WEF. Contrairement à l'année dernière, elle a perçu cette fois-ci une «ambiance très positive et constructive». «On a explicitement reconnu dans tous les entretiens ce que la Suisse fait en Ukraine, y compris dans le domaine humanitaire», assure-t-elle à Blick. La Valaisanne a profité de chaque entretien pour faire de la publicité pour le sommet de paix prévu pour l'Ukraine. La situation au Proche-Orient a également toujours été un sujet de discussion.
Dans son discours d'ouverture, Viola Ahmerd avait interpellé la conscience des politiciens et des hauts responsables présents à Davos. Celui qui exige doit aussi fournir des prestations, a-t-elle tonné. Avant de conclure son discours par ces mots: «Mettons-nous au travail.»
Cela vaut désormais aussi pour l'ensemble du Conseil fédéral. Avec le sommet de paix annoncé, la Suisse a attisé les attentes. Berne doit maintenant livrer la marchandise.