Blick vous relatait en début de semaine les conditions déplorables dans lesquelles ont été accueillies les réfugiés ukrainiens dans les centres d'asiles fédéraux. Dans son rapport annuel sur la situation des droits de l'homme en Suisse, Amnesty International relève les manquements de la Suisse en terme d'asiles.
Abus dans les centres d'asile
Amnesty épingle en effet l'accueil des requérants d'asile. L'an passé, ses recherches ont révélé des abus commis par des agents de sécurité privés à l'encontre de personnes dans des centres fédéraux d'asile, dont des enfants.
Des enquêtes mandatées par les autorités ont révélé «un usage disproportionné de la force dans au moins trois cas sur sept», peut-on lire dans le chapitre consacré à la Suisse. L'enquête n'a toutefois pas formulé de recommandations claires concernant la protection des lanceurs d'alerte et la mise en place d'un mécanisme de plainte indépendant, déplore Amnesty Suisse.
L'organisation cite encore l'évacuation des zadistes de la colline du Mormont, près d'Eclépens (VD), au printemps dernier. Elle note que 43 militants ont été inculpés. «L'imposition de peines de prison à certains manifestants suite à des actes de désobéissance civile a indûment restreint leurs droits à la liberté d'expression, de conscience et de réunion pacifique», estime l'ONG.
Création de l'INDH
En septembre, le Parlement a donné son feu vert à la création d'une institution nationale des droits humains (INDH), qui prendra le relais du Centre national de compétence pour les droits humains (CSDH). «Un jalon» pour les droits humains en Suisse, selon Alexandra Karle.
Cette initiative survient après 20 ans de campagne du côté de la société civile, note Amnesty. Les détails des statuts et du financement de l'INDH doivent encore être élaborés. L'institution devrait commencer ses activités en 2023.
Le rapport annuel d'Amnesty International 2021/2022 englobe 154 pays, dont la Suisse. Chaque pays fait l'objet d'un chapitre spécifique.
Violence faite aux femmes
Sur le front de la lutte contre la violence faite aux femmes, l'année 2021 s'est illustrée par des tendances contradictoires, souligne Amnesty International dans son rapport publié mardi. Mais la Confédération, à l'instar des Pays-Bas ou de l'Espagne, a travaillé à réformer la législation sur le viol.
En Suisse, une large coalition s'est formée en faveur d'un droit pénal moderne en matière sexuelle, basé sur le principe du consentement, écrit la section helvétique d'Amnesty. «Nous assistons à une mobilisation sans précédent pour une loi qui doit mieux protéger les personnes concernées contre les violences sexuelles», déclare Alexandra Karle, directrice d'Amnesty Suisse, citée dans un communiqué.
La protection des droits des LGBTI a aussi rattrapé son retard, relève l'organisation de défense des droits humains. Et de rappeler que le 26 septembre 2021, les Suisses ont approuvé à 64,1% le «mariage pour tous», ainsi que la procréation médicalement assistée pour les lesbiennes.
(ATS)