Quarante ans de mariage, ça se fête! Roger Golay, élu du Mouvement citoyens genevois (MCG) au National, s'est offert un pétaradant spectacle son et lumière, sous la forme d'un phénomène météorologique extrême. En vacances au Mexique avec son épouse, ils ont assisté au passage de Béryl, une tempête tropicale devenue ouragan. Elle a balayé la côte du Yucatán entre jeudi et vendredi 6 juillet.
Partis marquer le coup sous les cocotiers dans un resort entre Cancún et Tulum, les deux conjoints ont passé la nuit du jeudi sous les rafales de vent et les trombes d'eau. Si Monsieur était ravi, profitant d'un phénomène qui l'intriguait depuis toujours, Madame était moins convaincue. Le conseiller national nous confie ses impressions.
Alors, Roger Golay, c’était comment d’avoir un ouragan comme invité surprise pendant vos vacances?
C'était unique d'assister à cela. Impressionnant aussi, on ne peut plus compter sur aucun service durant des heures, l'hôtel distribue des rations de nourriture. L'activité économique est paralysée, je pense notamment aux vendeurs de rue. Pour eux, une journée d'ouragan est une journée perdue. Pour nous, au deuxième étage d'un hôtel en dur, c'était surtout une expérience. Ça n'est pas comparable avec ce que vivent les habitants de maisons en tôle, dans les petits villages. Mais nous n'avons tout de même pas dormi de la nuit.
Qu'est-ce qui vous a maintenu éveillé?
Au moment de l’impact le plus fort, à 5h du matin ici, le jour se levait. J’ai fermé les rideaux pour éviter tout danger en fonction des vitres qui risquaient de se briser. Nous avons attendu dans la chambre que l’ouragan passe son chemin. Il est clair qu’il n’était pas possible de dormir, toute la nuit en question. Le bruit était infernal, entre les rafales de vent et les trombes d'eau.
Béryl a-t-elle gâché vos vacances?
Non, mais généralement, il pleut plusieurs jours avant et après le passage d'un tel phénomène. Nous aurions pu perdre une semaine complète de soleil. Le mauvais temps n'a duré que 40 heures — heureusement, puisque ce choix d'hôtel, nous l'avions fait pour profiter du sable blanc et des cocotiers. Il faut dire que l’ouragan Béryl était au départ classé en catégorie 5 sur 5. Dans le sud de la Jamaïque et d'Haïti, le vent a soufflé à 240m/h. Arrivé sur la côte mexicaine, il n'était classé «que» 3 sur 5, avec des vents estimés à 175 km/h.
Entre nous, quelque chose vous a fait rire malgré le chaos?
Les premiers signes de l'ouragan sont apparus jeudi, à 20h. Les gens sont allés sur la plage comme pour voir un feu d’artifice. Et là, une masse sombre s'avance tout à coup, c’est impressionnant. L’horizon devient très noir. Tout le monde est à la fête. Les premiers vents sont arrivés avec une pluie torrentielle, tout le monde est parti en courant. Ça m’a un peu amusé parce que c’était soudainement la panique. Les gens se sont confinés dans les chambres.
À part l’ouragan, qu’est-ce qui vous a le plus surpris?
La gestion locale de cet événement. J’ai été impressionné et admiratif de l’efficacité de la protection civile mexicaine. Un nombre considérable de poteaux électriques ont été détruits. En quelques jours, ceux-ci ont été changés.
Et dans votre hôtel?
Les préparatifs ont duré 2-3 jours. Ils ont enlevé tous les caches des lumières, emballés des stands entiers dans du plastique. Les magasins étaient vidés. Ils ont pré-coupé énormément de branches de cocotiers, pour éviter qu'ils ne soient arrachés trop facilement par le vent. Il y avait du scotch sur les vitres. Toutes les chaises étaient attachées avec des gros câbles, et pourtant certaines se sont envolées.
Il y avait quand même une ambiance apocalyptique?
C'est très particulier. Dans les magasins, ils empilent des palettes les unes sur les autres sur plusieurs mètres de haut pour protéger les vitrines. Mais peut-être aussi pour éviter les pillages. La police mexicaine patrouillait en nombre pour éviter toute forme de criminalité pendant et après l'ouragan. Par ailleurs, toutes les sirènes des magasins et de l’hôtel se sont déclenchées durant la tempête.
Les touristes ont été solidaires?
Oui. C'était malheureux de voir que la nature a essuyé les principaux dégâts. Beaucoup d'arbres du parc de l'hôtel ont été couchés, déracinés. Comme beaucoup de touristes, j'ai mis la main à la pâte pour aider les locaux à déblayer. Ils étaient débordés par la lourdeur de la tâche. C'était une belle solidarité. D'autres hôtes ont aidé à nettoyer les tables des restaurants, ils se sont servis eux-mêmes.
Quelles mesures de protection avez-vous suivies pour survivre à l'ouragan?
Nous avons reçu dans notre chambre une lettre contenant les mesures de précaution. Elle disait que l'endroit le plus sûr était la salle de bain. Il y a moins de risque d'y recevoir des éclats de verre si les vitres se brisent. Il était aussi recommandé de préparer les valises. Nous avons reçu une pile de neuf linges, mais je n'ai jamais su si c'était pour éponger une éventuelle inondation ou pour tenir quelques jours. Et puis, ils ont supprimé l'alcool, même dans les frigos. C'était une directive de l'État du Yucatán pour éviter que les gens ne fassent les zouaves.
Vous êtes-vous découvert des talents cachés en gestion de crise?
J'ai de l'expérience par ma carrière dans la gendarmerie. Mon métier m’a appris à gérer les émotions et analyser les risques. J’étais donc serein. C'est pour cela que je me suis permis de filmer sur la terrasse. Quand les objets ont volé dans tous les sens, des panneaux métalliques notamment, je suis rentré. Ça devenait dangereux.
Soyez honnête, avez-vous ressenti une pointe d'excitation en voyant l'ouragan arriver, ou était-ce uniquement de la peur?
J’ai toujours été intrigué par les phénomènes où la nature se déchaîne. Là, j’ai été pleinement servi. C'est une situation unique qui marque à vie. Toutefois, je peux comprendre que ce type d’événements puisse être traumatisant pour beaucoup de personnes. Mon épouse n'était pas forcément rassurée, elle ne m'a pas rejoint sur la terrasse.