Leur monde est mystérieux, leur action discrète. Ils sont des entrepreneurs richissimes, des personnalités locales ou des célébrités et sont accessoirement au service de la Suisse. Les consuls honoraires fréquentent les cercles diplomatiques et jouissent d'une grande considération.
Un consul honoraire est en quelque sorte un diplomate amateur. Il représente bénévolement certains intérêts de la Suisse dans un autre pays. Il aide les citoyens suisses en difficulté, les représente lors d'événements et entretient des relations avec les autorités ou les représentants de l'économie.
Les consuls honoraires – c'est ainsi qu'on les appelle en majorité – sont actifs là où les représentations professionnelles comme les ambassades font défaut. Ils ne reçoivent qu'une faible rémunération pour leur fonction. Ils disposent toutefois d'une certaine immunité, du moins dans l'exercice de leur fonction.
La diplomatie de «loisir» est en plein essor: le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) du conseiller fédéral Ignazio Cassis nomme de plus en plus de consuls honoraires dans le monde entier, comme le montrent les données officielles. Entre 2013 et 2023, leur nombre a augmenté de 20%.
Plus de 200 consuls honoraires
Aux dernières nouvelles, la Suisse disposait de 218 consuls honoraires dans 103 pays. Pourquoi le DFAE aime-t-il tant miser sur eux? «Grâce aux consulats honoraires, une collaboration plus étroite et une présence de la Suisse dans différentes régions du monde sont possibles», explique une porte-parole. Les touristes ou les Suisses de l'étranger peuvent ainsi être mieux encadrés.
Le réseau extérieur de la Suisse est traditionnellement important et le nombre de représentations professionnelles globalement stable. Les consuls honoraires permettent une présence encore plus large de la Confédération. Beaucoup d'entre eux sont des citoyens suisses, certains sont aussi citoyens du pays dans lequel ils représentent la croix blanche.
Mais qui sont ces personnes? On sait peu de choses sur eux. Pourtant, il s'agit souvent de personnalités hautes en couleur. Blick vous présente les consuls les plus hors-du-commun.
Les super-riches
Gabriel Barbier-Mueller, consul honoraire dans la métropole américaine de Dallas, est le rejeton d'une dynastie immobilière genevoise fortunée. Il a créé un nouveau quartier dans sa ville d'adoption avec son entreprise et possède une collection de samouraïs de renommée mondiale. Eleonora Gherardi est issue de la richissime famille d'entrepreneurs du même nom. Elle occupe la fonction de consule honoraire à Gibraltar. Il y a même un cheikh saoudien milliardaire qui est consul honoraire de la Confédération. Khaled Juffali est l'un des hommes d'affaires les plus importants d'Arabie saoudite. Il dirige une entreprise commerciale active dans le monde entier, dont le siège se trouve dans la métropole portuaire de Djeddah.
Les plus brillants
Au Japon, une sportive de haut niveau défend les intérêts suisses. Tomoka Takeuchi s'est parfois entraînée avec l'équipe suisse en tant que snowboardeuse et a remporté l'argent olympique pour le Japon en 2014. Depuis 2024, elle est consule honoraire dans la préfecture d'Hokkaido. Hanspeter Sauter, consul honoraire à Düsseldorf en Allemagne, est, lui aussi, une illustre tête. Le banquier de Julius Baer y fréquente la meilleure société. A Belo Horizonte, au Brésil, c'est Astrid Boller qui assume les tâches consulaires. Ses posts sur les réseaux sociaux, axés sur la «santé et la beauté», sont très appréciés.
Les atypiques
Certains consuls honoraires se font remarquer par des activités inhabituelles. Par exemple Christoph Jud, qui dirige une brasserie dans la capitale libérienne, Monrovia. Ou Marcel Schütz, le tout premier consul honoraire à Longyearbyen, sur l'archipel arctique du Spitzberg. Il y aide notamment les explorateurs échoués.
Les esprits fins
Parmi les consuls honoraires figurent également quelques esprits fins de renom. Dans la ville bavaroise de Nuremberg, l'historien de l'art Daniel Hess, directeur général du Germanisches Nationalmuseum, porte le titre de consul honoraire. Le consul honoraire de la ville alpine autrichienne d'Innsbruck est l'architecte renommé Christoph M. Achammer, un précurseur de la «planification intégrale». Et à Houston, dans l'État américain du Texas, c'est l'artiste John Bernhard qui dirige le consulat honoraire. Il est surtout connu pour ses études de nus surréalistes.
Les hommes d'affaires
Les entrepreneurs ou les délégués d'entreprises suisses sont bien représentés parmi les consuls honoraires. Christian Coquoz a été banquier privé pendant des décennies à Nassau, aux Bahamas. Le manager Michael Eggenschwiler, consul honoraire à Hambourg, a été pendant plus de 20 ans à la tête de l'aéroport de cette ville. Le consul général honoraire à Bahreïn est Humbert Buemi. Il représente des entreprises dans le Golfe arabe. Son neveu, l'ex-pilote de Formule 1 Sébastien Buemi, a été d'ailleurs été hébergé chez lui. Et à Douala, la plus grande ville du Cameroun, le manager pétrolier Antoine Ndzengue est le visage de la Suisse.
Les hôtes
Ceux qui portent en eux le gène de l'accueil sont bien placés pour être consuls honoraires. L'hôtelier de luxe Damian Killer au Laos, la gérante d'hôtel Simone Höch à Hurghada en Egypte ou l'entrepreneuse de camps de safari Claudia Stuart au Kenya représentent la Suisse. A Windhoek, la capitale de la Namibie, le consul général honoraire Urs Gamma s'est fait un nom en tant que restaurateur. Il a notamment tenu pendant de nombreuses années un restaurant gastronomique spécialisé dans le gibier. Selon les arrivages, le crocodile ou le foie de koudou figuraient également au menu.