À Aubonne, j'y mets le… doute historique? Samedi 26 octobre, la Municipalité vaudoise prête sa salle communale Abraham Hermanjat pour une conférence qui laisse certains perplexes. Le rendez-vous, intitulé «Comprendre le monde actuel par une autre mise en lumière du 11/9?», cartonne puisque toutes les places, vendues 30 francs, sont prises.
La description du colloque flirte subtilement avec les thématiques chères à ceux qu'on qualifie de «complotistes». Lisons donc: «S’agit-il de remuer le passé ou de mieux comprendre notre monde actuel en décryptant les événements du 11 septembre sous un nouveau jour?», questionne d'emblée la présentation de l'évènement.
Un débat «franchement douteux»
Le cadre est posé. Pour un habitant de la région, ce débat est «franchement douteux». Il développe: «En lisant entre les lignes, on comprend que les organisateurs de la conférence cherchent à propager l'idée que les attentats du 11 septembre sont un vaste complot commis par les Américains eux-mêmes, que tout est scénarisé et que c'est une fumisterie.»
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L'organisateur, Planetpositive, met en lumière K-J, un «ingénieur et docteur en physique et chimie». Ce dernier «se considère comme faisant partie de la vague de ceux qui ont pris conscience de 'quelque chose' en 2020». Il s'inspire des travaux d'une ingénieure en génie civil étasunienne, diplômée notamment en sciences de l’ingénierie des matériaux sur la destruction des tours jumelles.
Chloé Frammery, licenciée de l'enseignement public genevois et figure emblématique de la lutte contre les mesures sanitaires prises lors de la pandémie de Covid-19, promeut l'évènement sur l'agenda de son site. «Cette militante et complotiste notoire participera très probablement à cette conférence», estime le Vaudois inquiet de la tenue de la conférence.
Le 11 septembre, un «mythe hollywoodien»?
Sur son site, Planetpositive affirme soutenir le débat public et le droit de se questionner. La plateforme a été fondée par une journaliste indépendante, qui travaille pour le magazine du Corps suisse d’aide humanitaire (DFAE), et par un arboriculteur gérant deux fermes de fruits biologiques.
En creusant un peu autour de K-J, dont l'identité se résume visiblement à ses initiales, on découvre de nombreuses vidéos débattant de l'attentat du 11 septembre 2001. Une série de ces productions, où K-J fonctionne généralement comme invité, se nomme «Le mythe hollywoodien du 11 septembre».
Inquiet pour l'image d'Aubonne
Son visage n'apparaît pas. Pas plus lors d'une autre conférence, partagée sur Youtube, où K-J assure ne faire partie d'aucune société secrète. «Je ne suis pas dans la franc-maçonnerie», assure-t-il. Les commentaires sous la vidéo saluent l'analyse de «l'ingénieur». Florilège: «Merci à K.J d'avoir décortiqué (sic) ces événements et ces manipulations de masses», «Aujourd'hui j'ai compris que des avions en alu ne peuvent pas traverser l'acier et auraient dû (sic) s'écraser dessus, exploser et tomber au sol».
Le Vaudois inquiet de la tenue de cette conférence a peur pour l'image d'Aubonne. «Étant donné le caractère sulfureux du personnage et du thème très controversé de la conférence, je me demande si tout ceci ne risque pas de provoquer un 'bad buzz', autrement dit une publicité négative pour la municipalité d'Aubonne qui pourrait être accusée de cautionner des thèses nauséabondes», questionne-t-il.
La Municipalité ne cautionne pas les propos
En effet, que pense la Municipalité du thème de cette conférence? Vérifie-t-elle les thèmes abordés par les conférenciers qui louent des espaces communaux? Cette dernière nous indique que des renseignements sont pris pour les manifestations publiques.
Dans le cas du débat autour du 11 septembre, la situation est plus floue. «La Municipalité ne connait pas l’intervenant de la conférence en question, ni ne cautionne ses propos, répond Monique Luy-Gaillard, secrétaire municipale. Elle ne prévoit pas de faire annuler cette conférence. Les libertés d’opinion et d’expression sont garantis par la Constitution fédérale», rappelle la responsable administrative.