Avis aux arachnophobes
Faut-il craindre l'arrivée d'autres araignées venimeuses en Suisse?

Il existe toute une série d'espèces d'araignées qui peuvent se propager jusqu'en Suisse. Leur morsure peut provoquer des douleurs persistantes. Faut-il craindre l'établissement de nombreuses espèces sous nos latitudes? Arachnophobes, respirez un bon coup!
Publié: 08.09.2022 à 06:04 heures
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Dernière mise à jour: 08.09.2022 à 08:17 heures
Entre réchauffement climatique et mondialisation, faut-il craindre l'apparition d'autres espèces d'araignées venimeuses sous nos latitudes?
Photo: imago/blickwinkel
Georg Nopper

Actuellement, 1000 espèces d'araignées sont répertoriées en Suisse. Une douzaine d'entre elles ont la capacité de mordre les humains, dont la zoropse à pattes épineuses. Autrefois, celle-ci ne vivait pas sous nos latitudes. Comme d'autres espèces, elle est originaire d'Afrique du Nord et du bassin méditerranéen.

En raison du réchauffement climatique, ainsi que de l'impact de la mondialisation, la zoropse à pattes épineuses s'est trouvée des envies d'évasion: direction l'Allemagne et la Suisse. Depuis l'été dernier, cette araignée se répand de plus en plus. Elle est déjà bien présente dans plusieurs cantons. Son apparition fait sensation. «Nous étions sur un chantier quand cette grosse araignée est soudainement apparue. Mes collègues ont eu tellement peur qu'ils ont sauté sur le côté», explique un habitant de Bâle-Campagne à Blick.

D'autres espèces venimeuses en Suisse?

Pour le spécialiste des araignées Ambros Hänggi, la situation est évidente: «Il existe dans l'espace européen toute une série d'espèces d'araignées qui se propagent lentement.» Ce biologiste de 65 ans a dirigé le département des sciences de la vie et a été membre de la direction du Musée d'histoire naturelle de Bâle de 2004 à 2010. Il travaille encore aujourd'hui comme bénévole auprès de l'institution.

La fausse veuve noire gagne du terrain

Une liste actualisée des espèces invasives en Suisse, établie par la Confédération, est attendue prochainement. En France et en Italie, l'araignée violoniste d'Amérique du Nord, dangereuse pour l'homme, fait régulièrement parler d'elle, rappelle Ambros Hänggi à Blick: «Ses morsures sont très douloureuses.» Difficulté de taille selon l'expert: lorsque l'on est mordu par une araignée, il n'est pas facile de l'attribuer à une espèce en particulier. «La détermination des espèces d'araignées est un défi. A plus forte raison lorsque, comme dans le cas de l'araignée violoniste, il y a une espèce indigène et une espèce immigrée», ajoute-t-il.

Une autre espèce dont la morsure est dangereuse pour l'homme est la fausse veuve noire. «Ses morsures peuvent, dans certains cas, provoquer des douleurs pendant plusieurs semaines, poursuit Ambros Hänggi. La fausse veuve noire est originaire du bassin méditerranéen. Les spécialistes s'attendent à ce qu'elle arrive prochainement dans le nord. Elle est d'ailleurs déjà connue au Tessin.»

Dans les zones où la fausse veuve noire s'est répandue jusqu'à présent, comme en Corse, on a appris à s'en accommoder, selon l'expert. «Si l'on est mordu, il suffit d'aller chez le médecin et de se faire injecter un sérum contre le venin de l'araignée», rassure-t-il.

Propagation par le vent

Un exemple typique d'une propagation à grande échelle est celui-ci de Mermessus trilobatus. Cette espèce est originaire d'Amérique du Nord. «En Europe, elle a été découverte pour la première fois en 1982 près d'un terrain d'entraînement militaire de l'armée américaine en Allemagne. Depuis, elle s'est répandue partout sur le continent européen», raconte Ambros Hänggi.

Cette araignée mesure environ 2 millimètres. «Sur le territoire européen, elle s'est probablement répandue grâce au vent d'ouest», explique le spécialiste. Il est donc tout à fait possible que de nombreuses nouvelles espèces se développent sous nos latitudes. En revanche, les araignées tropicales venimeuses qui arrivent en Suisse dans des pots de plantes, par exemple, ne pourront pas s'installer durablement en Suisse. «Elles ne pourront pas survivre à l'hiver sous notre climat», rassure Ambros Hänggi.

(Adaptation par Thibault Gilgen)

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