Ces crédits supplémentaires permettront d'anticiper certains projets planifiés qui n'avaient pas été réalisés par le passé faute d'argent, a indiqué mercredi devant la presse la cheffe du Département fédéral de la Défense (DDPS), Viola Amherd, à l'occasion de la présentation de son message sur l'armée 2023.
A lire aussi
La hausse répond d'abord à une volonté du Parlement dans le contexte de l'attaque russe en Ukraine. Les Chambres ont décidé d'augmenter progressivement les dépenses de l'armée pour atteindre au moins 1% du PIB au plus tard en 2030. Le plafond des dépenses de l'armée passe ainsi de 21,1 à 21,7 milliards de francs pour la période 2021-2024.
Mais compte tenu de la situation difficile des caisses fédérales, les dépenses de l'armée augmenteront moins vite que prévu de 2024 à 2026, a averti Viola Amherd devant la presse. Tous les départements ont été sollicités pour contribuer aux mesures d'économie. «Nous maintenons le but de 2030 et remettons à environ dans cinq ans la hausse», a-t-elle dit.
Combler les lacunes
Ces dernières années, le Conseil fédéral et le Parlement ont mis l’accent sur la protection de l’espace aérien avec l'acquisition du F-35 et du système sol-air. Comme tous les projets d'équipement n'ont pas pu être réalisés, il s'agit maintenant de combler les lacunes. Pour ce faire, le Conseil fédéral soumet pour cette année des crédits d'engagement à hauteur de 1,9 milliard de francs.
Concrètement, le gouvernement veut acheter 24 chars de grenadiers à roues pour accroître la mobilité des forces terrestres. Il prévoit en outre de convertir des munitions pour lance-mines hors service pour des mortiers.
Le Conseil fédéral propose d'élargir les capacités de la défense sol-air de longue portée. Le nouveau système Patriot sera équipé d'engins guidés pour lutter contre les missiles balistiques à courte portée.
«La guerre en Ukraine, bien qu'elle ne soit pas transposable au contexte suisse, a en partie inspiré les décisions en matière d'équipement, a indiqué Thomas Süssli, le chef de l'armée. Mais il faut se garder de toute conclusion précipitée. La situation est très dynamique», a-t-il ajouté.
Aussi dans le cyberespace
Le gouvernement demande également deux crédits additionnels destinés à moderniser le système de surveillance de l'espace aérien et de conduite des opérations aériennes Florako ainsi qu'à équiper les centres de calcul du DDPS. Ces crédits permettront d'intégrer le nouveau système partiel de Florako, SkyView, aux centres de calcul du DDPS.
En parallèle, les capacités dans le cyberespace seront encore renforcées. En outre, le système intégré d'exploration et d'émission radio sera adapté. Les crédits serviront aussi pour les avions d'entraînement PC-7 ainsi que l'acquisition de systèmes de DCA.
Dans le domaine immobilier, des infrastructures sécurisées de conduite et de logistique doivent être modernisées. Les bâtiments destinés à l’instruction sont aussi concernés.
Quatre enveloppes
Le Conseil fédéral soumet ainsi au Parlement quatre arrêtés fédéraux: le programme d’armement 2023 (725 millions de francs), l'acquisition de matériel de l'armée 2023 (615 millions), le programme immobilier du DDPS 2023 (555 millions) et l'augmentation du plafond des dépenses de l’armée pour la période 2021 à 2024.
Le programme d'armement devrait comme d'habitude profiter aux entreprises suisses. Selon le rapport du Conseil fédéral, les commandes passées devraient atteindre un montant de 413 millions de francs et les affaires compensatoires 209 millions de francs.
(ATS)