«C’est un gâchis absolu», s’insurge l’ancien architecte Charles Balsiger en regardant l’île du monastère de Werd depuis son balcon à Eschenz (TG). Le lac de Constance a très peu d’eau en ce moment, c’est pourquoi les rives de l’archipel, sur lequel ne se trouve normalement rien d’autre qu’un monastère, sont actuellement dégagées.
Cela fait des semaines que l’homme de 77 ans s’énerve. Des enfants qui jettent des pierres sur les cygnes, des gens qui se promènent sans égard dans la zone frontalière protégée entre les cantons de Thurgovie et de Schaffhouse, et aussi sur les amateurs de paddle qui naviguent sans vergogne dans les roseaux.
Au milieu des roseaux, un couple copule aux yeux de tous
Mais on ne se contente pas de flâner à l’extrême pointe du lac de Constance, on y copule aussi assidûment. L’incident s’est produit l’après-midi du 4 septembre, vers 14 heures, raconte l’architecte retraité. Un couple improbable – «il aurait facilement pu être le père de cette fille», assure le retraité. Le couple s’est installé sur les rives, avec chaises longues et glacière.
Lentement mais sûrement, les vêtements tombent. L’homme ne porte bientôt plus rien du tout. Et le retraité n’en croit pas ses yeux. Mais au lieu de tourner le regard, il sort son appareil photo pour immortaliser le moment. Pendant 20 à 30 minutes environ, les deux personnes se seraient amusées sur la plage, avant de s’en aller. Le retraité, halluciné par la scène, ne semble pas prendre conscience de son acte, qui tend au voyeurisme. De plus, photographier des personnes sans leur consentement peut être répréhensible par le Code civil suisse, si ces derniers sont reconnaissables.
Ailleurs, notamment au Canada, Charles Balsiger pourrait encourir jusqu'à cinq ans de prison. En effet, le voyeurisme est considéré comme une infraction criminelle, portant atteinte à la vie privée. La Cour suprême canadienne a étendu son application: l'article de loi concerne également les actes qui ont lieu dans l'espace public.
La rive visible de trois côtés
Le couple ne se serait pas soucié des autres personnes qui se trouvaient à proximité. La rive sur laquelle s’est déroulée la scène est visible de trois endroits différents: d’un côté, des maisons d’habitation, de l’autre, un pont à pied qui mène aux îles Werd. «Les gens ont tout simplement perdu la décence et le respect les uns pour les autres», déclare le retraité.
Malgré sa rancœur envers le couple, il ne critique pas l’acte en soi, mais le lieu choisi. «C’est une réserve naturelle. Je n’ai même pas le droit d’y ramasser des pierres, s’insurge le retraité. Si au moins le couple se cachait lors de l’acte et ne gênait ainsi personne, ce serait une tout autre histoire...»
La commune n’était pas au courant
Mais la commune, notamment sa présidente, Linda Signer, a négligé pendant des années de faire comprendre à la population que les rives des îles Werd étaient interdites, s’était déjà indigné le retraité dans le «Schaffhauser Nachrichten».
Depuis son emménagement dans son appartement en 2019, des incidents se sont produits à plusieurs reprises autour de la zone protégée. La commune a certes réagi, mais n’a mis en place qu’une barrière de fortune, qui ne mérite pas son nom. Le média local cite la présidente de la commune: «Je ne peux pas donner d’indications sur la suite des événements à ce stade.» Finalement, aucune réclamation n’aurait été reçue.
Charles Balsiger ne l’entend pas de cette oreille: «La société traverse le monde avec des œillères et laisse tout se faire. Cela va aussi à l’adresse de la présidente de la commune.» Linda Signer n’a pas pu être jointe par Blick.