Pierin Vincenz n’était pas seulement un banquier de renom en chemise bien repassée. En dehors des bureaux, il aimait prendre du bon temps, et pas qu’un peu. L’ancien numéro un de la Raiffeisen fréquentait assidûment les clubs de strip-tease. C’est ce que révèle l’acte d’accusation contre Pierin Vincenz. En 120 visites dans 18 clubs de strip-tease différents, le Grison a dépensé près de 200’000 francs – aux frais de son employeur.
Un établissement ressort de la liste: le King’s Club dans l’ancienne Bourse de Zurich. L’ex-patron de Raiffeisen était un habitué de ce cabaret de luxe qui accueille les meilleurs banquiers zurichois. Pierin Vincenz a dépensé au total 91’000 francs, à la charge de Raiffeisen.
Contrôle insuffisant?
Nombreux se demandent comment l’organe de contrôle de la banque coopérative a pu passer à côté de cela. Les notes de frais de Pierin Vincenz ont été contrôlées – et approuvées – par le président du conseil d’administration Johannes Rüegg-Stürm lui-même.
Selon l’acte d’accusation, le supérieur de Pierin Vincenz a supposé qu’il s’agissait de frais de dîners «dans un restaurant de l’ancienne Bourse». Il ne se doutait pas que tout cet argent partait dans un club de strip-tease.
Des notes de frais sans explications
Lors de ses virées en clubs de strip-tease, Pierin Vincenz s’est arrêté dans des établissements élégants, mais aussi dans des cabarets plus modestes de plusieurs villes suisses. Leurs noms sont évocateurs des plaisirs qu’ils proposent: Crazy Paradise, Egoist, Cecildance, Pussy Cat. A chaque visite, l’ex-patron de Raiffeisen a dépensé entre 200 et 6000 francs, qu’il réglait avec sa carte d’entreprise.
Selon l’acte d’accusation, la majorité des dépenses ne sont pas accompagnées d’une note explicative à l’adresse de l’organe de contrôle. A quelques reprises, Pierin Vincenz a indiqué «souper». Pour les dépenses au Crazy Paradise à Genève ou dans la boîte de strip-tease Du Pont à Lucerne, le banquier a indiqué «nuitée» comme motif justifiant les frais.
Pas «justifiés par l’activité commerciale»
Pour l’accusation, ces milliers de francs dépensés dans les lieux de plaisir n’étaient pas «justifiés par l’activité commerciale». Pierin Vincenz ne semblait guère s’en soucier. Comme il était constamment en déplacement, il était difficile de séparer vie privée et vie professionnelle, s’est-il expliqué lors des interrogatoires du Ministère public, rapporte la «NZZ am Sonntag». Jusqu’au jugement, la présomption d’innocence s’applique.
(Adaptation par Jessica Chautems)