L’insécurité en Europe et ses conséquences sur l’économie menacent l’approvisionnement. Le marché mondial des céréales, des oléagineux et d’autres matières premières agricoles est mis sous pression. Résultat: les prix des denrées alimentaires prennent l’ascenseur.
Le Conseil fédéral a su aider l’économie durant la pandémie du Covid-19. Il doit maintenant soutenir l’agriculture pour soutenir la production alimentaire indigène, estime le parti conservateur.
L’UDC obtient gain de cause
Concrètement, l’UDC demande au gouvernement de revenir sur plusieurs mesures décidées par voie d’ordonnance qui imposent des efforts supplémentaires en matière d’une agriculture durable. Ils ont obtenu gain de cause sur deux points.
La motion de Werner Salzmann (UDC/BE), acceptée par 31 voix contre 13, s’attaque à la décision de réduire les pertes de fertilisants de 20% pour l’azote et le phosphore dans l’agriculture. Deux autres déposées par Beat Rieder (Centre/VS) et Marco Chiesa (UDC/TI) et adoptées dans les mêmes proportions, demandent de revoir l’obligation d’affecter au moins 3,5% des terres assolées à des surfaces de promotion de la biodiversité.
Seuls 57% des biens alimentaires sont produits en Suisse, c’est trop peu, selon Werner Salzmann. Il n’est pas normal que le Conseil fédéral décide de renoncer à 14’000 hectares de terres fertiles qui nourrissent un million de personnes, a renchéri Beat Rieder (Centre/VS).
«Nous ne pouvons pas nous fier aveuglément aux importations», estime pour sa part Marco Chiesa (UDC/TI) qui a rappelé les erreurs commises dans le domaine énergétique. L’auto-approvisionnement dans les années 1990 atteignait plus de 60%.
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Les Vert-e-s déçus
Les Vert-e-s ont déploré un revirement. Les surfaces de promotion de la biodiversité tout comme la réduction d’éléments fertilisants font partie des engagements pris il y a un an devant le peuple comme compromis aux initiatives sur l’eau potable, a répété Adèle Thorens (Vert-e-s/VD).
Si nous détruisons nos sols et à moyen et long terme, nous allons avoir affaire à des pénuries alimentaires encore plus graves, a-t-elle mis en garde. L’agriculture globale intensive est aussi une cause de la crise alimentaire dans le monde, a ajouté Maya Graf (Vert-e-s/BL).
Le ministre en charge de l’agriculture Guy Parmelin a tenté en vain de rassurer. «L’approvisionnement en aliments est assuré», a déclaré le Vaudois. La situation actuelle ne nécessite pas une intervention de l’État dans la production agricole du pays.
En cas de pénurie, il y a un plan B
Un mécanisme est prévu en cas de grave pénurie. La Confédération a la possibilité d’autoriser dans un premier temps l’utilisation de réserves obligatoires de denrées alimentaires, d’aliments pour animaux et d’engrais, d’encourager les importations, de limiter les taxes à la vente.
Ce n’est que lorsqu’une situation de pénurie grave, susceptible de durer plus d’un an, se profile que des mesures d’optimisation de la production agricole nationale et le rationnement de certains aliments seraient envisagés.
Pour le Vaudois, il ne faut pas viser une augmentation de la production, mais plutôt assurer la pérennité de celle-ci. «La production indigène dépasse déjà en partie le niveau écologiquement supportable», a-t-il rappelé. Les Chambres ont en outre commencé les travaux sur la politique agricole 2022. Il vaudrait mieux attendre le résultat.
L’UDC avait enfin placé trois motions visant à durcir l’accès au statut S, sans véritable lien avec la sécurité de l’approvisionnement. Les sénateurs les ont toutes balayées.
Le National tiendra cet après-midi un débat sur le même sujet.
(ATS)