Au prochain vote du 18 juin
Trois cantons alémaniques pourront tester le vote électronique

Bâle-Ville, Saint-Gall et Thurgovie pourront tester le vote électronique lors du prochain scrutin. Le Conseil fédéral a décidé vendredi de relancer les essais.
Publié: 03.03.2023 à 15:59 heures
Certains Bâlois, St-Gallois et Thurgoviens pourront voter en ligne le 18 juin. (Archives)
Photo: PETER SCHNEIDER

Trois cantons alémaniques, Bâle-Ville, Saint-Gall et Thurgovie, pourront tester le vote électronique lors du prochain scrutin. Le Conseil fédéral a décidé vendredi de relancer les essais.

Cette méthode sera accessible aux Suisses de l’étranger inscrits dans ces trois cantons, ainsi qu’aux personnes handicapées à Bâle-Ville et aux habitants de certaines communes à Saint-Gall. Seuls 65’000 électeurs, soit 1,2% du corps électoral suisse, pourront participer aux votations via cette méthode.

Chiffrement de bout à bout pour garantir le secret du vote

Concrètement, ils et elles recevront un code de sécurité individuel, en plus du matériel de vote habituel. Ce code leur permettra de se connecter à la plateforme de vote électronique de leur canton. Le secret du vote sera garanti grâce à un chiffrement de bout à bout.

Les électeurs conserveront toujours la possibilité de voter par correspondance ou de se rendre à l’urne s’ils le préfèrent, a précisé Barbara Schüpbach-Guggenbühl, chancelière d’Etat du canton de Bâle-Ville, devant les médias. Des mesures ont également été mises sur pied pour éviter qu’ils ne votent deux fois.

Aller à la rencontre des jeunes

Les électeurs autorisés des trois cantons testeront pour la première fois le nouveau système de La Poste. Le géant jaune avait arrêté les essais en 2019, après la découverte de failles. Plusieurs experts indépendants, ainsi que le public via un programme de bug bounty, ont vérifié le système depuis.

Le Conseil fédéral le juge suffisamment amélioré. «Nous n’avons pas connaissance de failles de sécurité telles que celles survenues en 2019», a rassuré le chancelier de la Confédération Walter Thurnher.

Barbara Schüpbach-Guggenbühl a également salué les améliorations. «Avant, nous devions nous fier entièrement au fournisseur. Désormais, la vérification est du ressort de la Confédération.» Le code source est publié. Des experts indépendants effectuent des contrôles. Et chaque étape est soumise aux gentils hackers.

La chancelière s’est également réjouie de pouvoir offrir ce service public aux citoyens, là où ils se trouvent. Les jeunes de 14 ans, qui auront le droit de vote à la prochaine législature, ne lisent pas les journaux, ni n’envoient pas de lettre par la poste. «Ils font tout de manière digitale. Il faut aller à leur rencontre.»

Risques résiduels

Des risques résiduels persistent. Quatre en particulier seront surveillés. Des erreurs systématiques pourraient ne pas être découvertes à temps. Les contrôles pourraient être différés, faute d’experts indépendants qualifiés. Un système de vote non autorisé pourrait être déployé. Et une nouvelle technologie pourrait être développée, menaçant le secret du vote.

Deux autres risques, bien qu’acceptables, seront aussi suivis de près. Le vote électronique pourrait ne pas être suffisamment utilisé ou ses résultats refusés par une grande partie de la population. Une campagne d’achat de votes pourrait aussi être lancée, et une plateforme en ligne mise sur pied pour permettre aux électeurs de vendre leur vote anonymement.

«Ces risques sont toutefois très très faibles», a assuré Florian Schutz, délégué fédéral à la cybersécurité. Le système continuera à être développé. Les enseignements tirés de son utilisation seront mis à profit. Des contrôles seront menés par des experts indépendants. Et le programme de bug bounty se poursuivra.

Limités jusqu’en 2025

Les essais pourront être menés lors des votations fédérales, dès le prochain scrutin et jusqu’au 18 mai 2025. Outre une autorisation générale du Conseil fédéral, les cantons doivent acquérir un agrément de la Chancellerie fédérale pour chaque votation.

Si tout se passe bien lors du prochain scrutin, le vote électronique pourrait également être proposé pour les élections au National de cet automne, a précisé Barbara Schüpbach-Guggenbühl. A l’avenir, d’autres cantons pourraient proposer ce service à leurs citoyens.

La loi ne prévoit toutefois pas une utilisation massive du vote électronique. Elle le limite à un maximum de 30% de l’électorat cantonal, et 10% de l’électorat national.

(ATS)

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