Le sirop contre la toux est en rupture de stock, tout comme l'ibuprofène — la Suisse connaît depuis des mois une pénurie massive de médicaments. Il ne s'agit pas seulement d'une pénurie de médicaments essentiels à la survie, mais aussi, par moments, de médicaments tout à fait courants.
Et pour la première fois, ce ne sont pas seulement les hôpitaux qui sont touchés, mais aussi les médecins et les pharmacies. Les experts tirent la sonnette d'alarme depuis un certain temps déjà, et même la Confédération estime désormais que la situation est problématique. Elle a donc mis en place une task force comme mesure à court terme.
Sur la pénurie de médicaments en Suisse
Pénurie d'approvisionnement et guerre des prix
Les raisons de cette pénurie sont multiples: la pandémie de Covid-19 a entraîné une augmentation de la demande de médicaments et, parallèlement, une surcharge dans la production des substances actives. En effet, pour des raisons de coûts, de nombreuses substances actives sont produites en Asie, principalement en Chine. Comme il y a eu deux ans de lockdown là-bas, cela se remarque maintenant dans les pharmacies européennes.
De plus, ce sont surtout les médicaments génériques, c'est-à-dire les produits d'imitation moins chers, qui font défaut. Pour les préparations originales, «les chaînes d'approvisionnement sont stables», a souligné jeudi le CEO de Roche Severin Schwan lors de la présentation des résultats annuels. Mais pour les génériques, «il y a une énorme guerre des prix», a-t-il ajouté.
Les gouvernements européens, en particulier, exigent des prix bas afin de maîtriser les coûts croissants de la santé. Ce qui conduit à une concentration des demandes sur un petit nombre de producteurs, dont on est alors dépendant.
L'initiative doit renforcer la pharma suisse
Une large alliance regroupant la branche pharmaceutique, les pharmaciens, les médecins et d'autres acteurs veut mettre fin à cette dépendance vis-à-vis des fabricants étrangers. L'initiative «Oui à la sécurité de l'approvisionnement médical» vise à renforcer la fabrication de médicaments et de matériel médical en Suisse.
Et ce, grâce à trois instruments: la compétence en matière de sécurité de l'approvisionnement médical doit à l'avenir relever de la Confédération et non plus des cantons comme c'est le cas actuellement, le site de recherche et de production suisse doit être renforcé et des voies d'approvisionnement sûres doivent être établies.
La pénurie va encore durer
Le texte exact de l'initiative est actuellement encore à la Chancellerie fédérale pour examen préliminaire, mais le coup d'envoi devrait bientôt être donné, selon Salvatore Volante, de la Communauté d'intérêts des PME pharmaceutiques. «Nous partons du principe que nous pourrons commencer la collecte des signatures en mars.»
Mais cela ne sera pas non plus rapide, la pénurie de médicaments persistera. «Au cours des un ou deux ans à venir, nous devrons nous attendre à une pénurie de temps en temps», prévoit par exemple Lorenz Schmid, de l'association des pharmaciens zurichois.