Bien habillé, charmant, intelligent. Daniel F.*, 50 ans, est un homme aux multiples visages. Le Zougois se faisait passer pour un pilote de ligne à succès auprès de ses victimes. Mais pour le ministère public de Saint-Gall, il est avant tout un escroc qui connaît toutes les ficelles.
«L'accusé a trompé ses victimes avec des méthodes élaborées et sophistiquées à la Frank Abagnale», peut-on lire dans une ordonnance pénale récemment entrée en force et consultée par Blick. Frank Abagnale est un escroc célèbre dont la vie a été mise en scène dans le film à succès «Arrête-moi si tu peux», en 2002, avec Leonardo DiCaprio.
Il quittait la maison en uniforme tous les jours
Comme dans le film, le chômeur Daniel F. se faisait passer pour un pilote de ligne, alors qu'il ne l'était pas. Bien qu'il ait eu par le passé une licence de pilote privé, celle-ci a expiré en 2009.
«Il m'a affirmé qu'il volait pour Swiss, mais aussi pour la famille de George Clooney et un cheik», raconte à Blick son ex-petite amie Andrea T.*. «Il se rendait au travail vêtu d'un uniforme de Swiss et muni d'une mallette de pilote. Parfois, il rentrait tout bronzé après une semaine d'absence.»
La relation avec l'imposteur, qui n'a duré que quelques mois, a pourtant coûté à la femme environ 90'000 francs. Daniel F. l'avait alors convaincue d'emménager ensemble dans une luxueuse maison donnant sur le lac de Constance.
La petite amie payait le loyer
Mais l'homme est sans le sou — ce qu'elle ignore — et ne peut pas contribuer ne serait-ce qu'un centime au loyer mensuel de 4'900 francs. Andrea T. paie seule le loyer pendant huit mois. Puis elle déménage. Daniel F. vit ensuite seul dans la propriété pendant une année supplémentaire, sans rien payer.
Comme les deux noms figurent dans le contrat de location, la femme est conjointement et solidairement responsable. «Le gérant ne voulait pas voir de document de sa part car il apparaissait comme un pilote sûr de lui avec un salaire de 18'000 francs», selon l'ex-petite amie.
Ce qu'elle ne savait pas, c'est que Daniel F. avait amassé des pages de relevés de recouvrement dans ses deux précédentes communes de résidence et accumulait des dettes de plus de 223'000 francs.
Faux smartphones et arnaques diverses
Il a également commandé un grand nombre de smartphones sous un faux nom, qu'il a ensuite revendus. Dans le même temps, il faisait de la publicité sur Internet de produits qu'il ne possédait même pas et encaissait les paiements de clients naïfs.
Dans deux cas, il a aussi réussi à obtenir une Audi sans avoir à la payer. Il a même réussi à faire signer sa carte de carburant au nom d'une autre femme, sans que celle-ci ne soit au courant.
«Il ne pourra plus vivre en grande pompe»
Daniel F. a été condamné à 15 mois de prison pour fraude commerciale et falsification de documents par le tribunal cantonal zurichois et le ministère public de Saint-Gall.
Sibylle R.*, une autre ex-petite amie victime de Daniel F., se montre satisfaite du verdict. Elle lui réclame d'ailleurs toujours des dommages et intérêts d'environ 100'000 francs. Selon elle, «la prison est la pire punition qui puisse lui arriver, car il ne pourra plus s'en sortir avec ses mensonges pour vivre en grande pompe».
Daniel F. n'a pas souhaité répondre aux questions de Blick.
*prénom et nom d'emprunt