Si l’idée des «adoptions internationales» peut paraître noble, la réalité s’avère souvent bien plus sombre. Ces dernières années, de nombreux cas troublants liés au commerce de bébés à l’étranger ont été révélés. Un rapport a ainsi conclu que plus de 800 enfants avaient été enlevés au Sri Lanka jusque dans les années 1990, avant d’être adoptés illégalement en Suisse. Ces enfants étaient victimes de trafiquants exploitant des «fermes à bébés», où les certificats de naissance étaient falsifiés.
La Confédération et les cantons, bien qu’informés, auraient détourné le regard. D’autres enquêtes ont également mis en lumière un commerce illégal d’enfants dans plusieurs autres pays.
Le Conseil fédéral prendra une décision la semaine prochaine
Le conseiller fédéral socialiste Beat Jans, en charge du dossier, souhaite prendre des mesures drastiques. L'adoption d'enfants étrangers en Suisse pourrait ainsi être totalement interdite à l'avenir. Selon la «NZZ am Sonntag», Beat Jans présentera une proposition de modification législative à ce sujet au Conseil fédéral dès la semaine prochaine.
Les adoptions en Suisse ou au sein d'une même famille resteraient toutefois autorisées. Une commission d'experts a proposé deux approches dans un rapport intermédiaire publié en 2023. La première limiterait les adoptions aux pays offrant des garanties minimales vérifiables. La seconde suggère une interdiction totale des adoptions internationales en Suisse. Selon la «NZZ am Sonntag», le gouvernement pourrait privilégier cette interdiction complète, les experts estimant qu’éliminer complètement les risques d’abus dans les adoptions internationales est impossible.
Nettement moins d'adoptions
Le nombre d'adoptions internationales a considérablement diminué en Suisse ces dernières années. En 2004, 560 enfants avaient été adoptés à l'étranger, contre seulement 35 en 2020. Ce déclin s'explique probablement par des règles d'adoption plus strictes dans de nombreux pays et par les avancées en médecine reproductive.
Le conseiller national du Centre, Stefan Müller-Altermatt, s'oppose à une interdiction totale. Lui-même a récemment adopté un garçon en Arménie. «Nous n'avons pas sauvé notre fils. Mais il a désormais une famille, et cette famille déborde d'amour», écrit-il sur Bluesky.