C’est un vote qui avait provoqué l’incompréhension de nos voisins (notamment les Français). En 2012, les électeurs helvétiques avaient refusé d’augmenter le minimum de vacances légales à six semaines au lieu de quatre. Deux tiers des Suisses avaient voté contre l’initiative.
Beaucoup de Suisses sont également restés dans l’incompréhension. C’est le cas du conseiller socialiste neuchâtelois Baptiste Hurni, pour qui le refus de cette initiative reste un mystère. Aujourd'hui, le membre du PS veut redonner une chance un projet semblable, dix ans après le premier vote.
Lutter contre la flexibilisation du travail
Dans une initiative parlementaire, le politicien de 36 ans demande que les vacances minimales légales soient d’au moins cinq semaines, soit une semaine de plus que les quatre actuellement en vigueur. Dans son texte, il propose également que les jeunes de moins de 20 ans puissent prendre au moins six semaines de congé au lieu des cinq actuelles.
L’intervention a été signée non seulement par la quasi-totalité du groupe PS au Conseil national, mais aussi par la direction des Verts et la présidente du Parti évangélique suisse (PEV), Lilian Studer.
Baptiste Hurni justifie cette nouvelle tentative par les changements du monde du travail liés notamment à la numérisation. Cette dernière a participé à estomper les barrières entre vie professionnelle et vie privée. Le socialiste renvoie également à une enquête menée en France, selon laquelle le nombre d’heures supplémentaires a «explosé» pendant la pandémie de Covid-19, période pendant laquelle le télétravail s’est démocratisé.
41,9 heures par semaine
De nombreuses entreprises accordent déjà à leurs employés un nombre de jours de vacances supérieur à celui de la loi. Il serait donc logique d’adopter une nouvelle disposition légale pour que tous puissent profiter d’une semaine de vacances supplémentaire, avance encore le conseiller national neuchâtelois.
L’un des derniers arguments en faveur de ce changement est que cette semaine de congé supplémentaire serait bénéfique pour la société: les citoyens auraient plus de temps pour s’engager dans une association ou faire du bénévolat, par exemple. «Avec un temps de travail moyen de 41,9 heures par semaine, nous n’avons plus à prouver que les Suisses sont à la hauteur de leur réputation de travailleurs assidus», estime Baptiste Hurni, lui-même avocat.
Le socialiste estime encore que, si l’on attend des employés qu’ils s’adaptent en permanence à une réalité du travail en constante évolution, l’on peut attendre des employeurs «qu’ils s’adaptent eux aussi au moins une fois tous les 25 ans au bien-être de leurs employés».
Pas sûr que ces arguments plaisent aux camps bourgeois et conservateur. Le principal argument qui avait conduit au rejet de l’initiative sur les vacances en 2012 était le coût qu’engendrerait une extension des vacances. Un argument qui, par expérience, fait toujours mouche auprès des électeurs suisses. Même s’il faut sacrifier des jours de vacances supplémentaires.
(Adaptation par Louise Maksimovic)