De Berne à Zurich en passant par Genève et Lausanne: les activistes du climat ne laissent aucun répit aux automobilistes. Après une trêve estivale pour laisser le temps au Conseil fédéral d'agir (ce qu'il n'a pas fait, du moins aux yeux des activistes), Renovate Switzerland frappe fort cet automne.
La tension est montée d'un cran. Déjà en avril, certains automobilistes se montraient menaçants à l'égard des protestataires, notamment lors du reportage de Blick à l'entrée de l'autoroute à Crissier. A Berne, un camion a tenté de forcer «gentiment» le barrage de fortune.
En Allemagne, des bloqueurs ont retardé des interventions de sauvetage, par exemple dans le cas d'une cycliste accidentée dont la vie est toujours en danger. «Nous luttons pour le climat, il ne s'agit pas de câlins climatiques», a ironisé un activiste allemand sur Twitter, avant de s'excuser.
La riposte arrive sur le terrain politique. Le conseiller national UDC Mauro Tuena est fou de rage. «De telles personnes n'ont aucun respect pour la vie d'autrui», déclare le Zurichois à Blick. Il faut, selon lui, agir avant que des cas tels que cette ambulance bloquée en Allemagne se passent également chez nous.
La Bavière comme modèle
Et c'est peu dire que l'UDC veut s'en donner les moyens. Le parti réclame un catalogue de mesures contre les activistes bloqueurs. «Ces semeurs de chaos empêchent la population travailleuse de circuler, et ce aux heures de pointe», s'insurge Mauro Tuena.
Comment agir? En deux temps: d'abord des amendes sévères, puis des peines de prison pour les récidivistes. La police doit pouvoir placer les activistes en garde à vue de plusieurs jours, même sans jugement, «afin d'empêcher la commission ou la poursuite imminente d'une infraction administrative d'importance majeure pour la collectivité ou d'un délit».
L'UDC n'a rien inventé: elle prend en référence ce qui se passe en Bavière, en Allemagne. «Il n'est tout de même pas possible que les fauteurs de troubles doivent se rendre brièvement au poste et qu'après quelques heures, ils soient de nouveau libres et bloquent un autre axe routier...», fulmine Mauro Tuena.
Karin Keller-Sutter sera interrogée
Les bloqueurs devraient également payer des dommages et intérêts aux entreprises et aux professionnels entravées. «J'appelle les personnes lésées à faire valoir, en plus d'une plainte pour contrainte, leurs droits sur le plan civil», déclare le conseiller national. La police devrait, selon lui, recevoir immédiatement les pleins pouvoirs pour pouvoir enlever les personnes qui bloquent les rues. Aujourd'hui, les forces de l'ordre attendent que des ambulanciers viennent décoller les activistes avec toutes les précautions nécessaires.
Enfin, les juges qui ne sanctionneraient pas les délits commis par les protestataires devraient être suspendus. L'UDC n'évoque pas ce point par hasard: le parti est furieux contre un juge de district zurichois qui avait annoncé qu'il acquitterait à l'avenir tous les activistes du climat en bloc et sans examiner les cas individuels. «Les activistes du climat rigolent de notre système laxiste, s'énerve Mauro Tuena. Il faut que cela cesse.»
Pour la grande majorité du catalogue de revendications du parti, les bases légales existent. Mais l'UDC veut aussi porter toutes ces questions au Parlement. Lors de l'heure des questions du Conseil national, lors de la prochaine session, la ministre de la Justice, Karin Keller-Sutter, sera ainsi invitée à expliquer ce qu'elle pense des blocages.