Le coup d'éclat a eu lieu sans prévenir, le retentissement n'en a été que plus violent: comme sorti de nulle part, le conseiller fédéral PLR Ignazio Cassis a ordonné la fermeture de la section Sécurité alimentaire au sein de la Direction du développement et de la coopération (DDC).
La directrice de la DDC, Patricia Danzi, a été refroidie par l'ordre du ministre des Affaires étrangères. Après tout, la faim augmente dans le monde entier et, suite au changement climatique, la sécurité alimentaire mondiale est de plus en plus incertaine. Selon l'ONU, plus de 735 millions de personnes souffrent de la faim, soit environ 10% de la population mondiale. 3,1 milliards n'ont pas les moyens financiers de se nourrir sainement.
Le mécontentement à l'égard d'Ignazio Cassis est immense à la DDC. «La section Sécurité alimentaire a fait un travail de pionnier à différents niveaux», peut-on lire dans une note interne que Blick a pu consulter grâce à la loi sur la transparence. «La section a mis en place des partenariats innovants avec le secteur privé. L'innovation et l'expertise ont été reconnues au niveau international sur l'ensemble du spectre politique.»
«Perte de visibilité et d'influence»
En interne, la DDC a mis en garde contre un «risque pour la réputation». De même, une section dédiée à la sécurité alimentaire permettrait de travailler plus efficacement qu'avec un pilotage décentralisé par les régions concernées. Cela réduirait «la visibilité et l'influence au niveau international dans un domaine thématique où la Suisse offre une valeur ajoutée reconnue», indique la note de la DDC.
La critique vient aussi d'Alliance Sud, l'organisation faîtière des œuvres d'entraide: «On ne comprend pas pourquoi la section Sécurité alimentaire devrait être fermée», déclare Laura Ebneter, qui y travaille comme experte en coopération internationale.
«La DDC doit continuer à s'engager pour le droit humain à une alimentation adéquate. De plus, la Suisse est un acteur important au sein d'organisations de l'ONU comme le Fonds international de développement agricole ou le Programme alimentaire mondial. Elle ne doit en aucun cas perdre ce rôle.»
Selon un sondage, l'alimentation devrait être une priorité majeure
Un sondage de l'EPF accorde une grande priorité au thème de l'alimentation. À la question de savoir dans quel secteur les dépenses de développement devraient être affectées en priorité, la plupart des personnes interrogées ont répondu: l'éducation (21%) ou la sécurité alimentaire (20%).
Mais ces arguments semblent glisser sur Ignazio Cassis. Il a fait passer son projet en force et a fait dire à son porte-parole: «La sécurité alimentaire est et reste un thème central pour la DDC et sera même renforcée par la nouvelle organisation.» Elle permet de «réunir deux sections», ce qui tient compte de l'augmentation des tâches et des défis dans le domaine de la sécurité alimentaire au niveau mondial.
Près de deux millions de budget en moins
Dans le même temps, le porte-parole reconnaît que les dépenses pour la sécurité alimentaire en 2024, soit 60,6 millions de francs, sont inférieures de près de deux millions à celles de l'année précédente. Cela correspond aux réductions linéaires décidées par le Conseil fédéral.
Selon les informations de Blick, le Conseil fédéral adoptera mercredi le nouveau message sur la coopération internationale. Cela pourrait bien causer de nouveaux ennuis à Ignazio Cassis.