Alfred Heer provoque une élue du Centre
«Madame, pouvez-vous nous expliquer la règle du hors-jeu?»

Lundi soir, l'élu UDC zurichois Alfred Heer a créé un tollé au Conseil national en demandant à son homologue du Centre Elisabeth Schneider-Schneiter si elle savait ce qu'était un hors-jeu. Une «plaisanterie» de très mauvais goût sous la Coupole.
Publié: 13.12.2022 à 12:00 heures
Gros cliché: le conseiller national UDC Alfred Heer a provoqué une collègue du Centre sur le hors-jeu.
Photo: keystone-sda.ch
Ruedi Studer

Soupirs et hochements de tête au Conseil national, incompréhension jusque dans les tribunes réservées au public, où avaient pris place de jeunes footballeuses: lundi soir, l'UDC Alfred Heer a raté une belle occasion de se taire. Pour les germanophones, voici une vidéo de la prise de parole.

Le débat portait sur une déclaration de soutien pour l'organisation de l'édition 2025 de l'Euro féminin de football, pour laquelle la Suisse est candidate. Plusieurs élues, dont la Bâloise Elisabeth Schneider-Schneiter, se sont engagées en faveur de l'événement, y compris sur la Place fédérale avec des Romandes.

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Plus tard dans la soirée, Alfred Heer a pris la parole et a interpellé l'élue de Bâle-Campagne. «Pouvez-vous nous expliquer la règle du hors-jeu au football?», a demandé le Zurichois à la conseillère nationale, qui fait partie du FC Helvetia et est supportrice de longue date du FC Bâle.

«Carton rouge mérité»

Une phrase qui a suscité un tollé immédiat dans tous les partis. «Notre collègue Heer mériterait un carton rouge pour cette question», a estimé la conseillère nationale Flavia Wasserfallen (PS/BE). Son homonyme Christian Wasserfallen, du même canton mais pas du même parti (il est PLR), a renchéri: «Avec cette phrase, il a lui-même très bien décrit ce que c'est d'être hors-jeu.»

Pour sa part, Elisabeth Schneider-Schneiter a fait preuve de philosophie. Elle a conseillé à Alfred Heer d'aller se renseigner directement auprès des membres de la relève du football suisse, qui suivaient le débat depuis les tribunes: «Elles pourront vous l'expliquer et sont sans doute prêtes à le faire.»

Une question de priorités

Aussitôt dit, aussitôt fait! Les joueuses en herbe venues de tout le pays ont rencontré par hasard Alfred Heer à la Galerie des Alpes, le restaurant du Palais fédéral. «Elles étaient très sympa et nous avons pu discuter de football», raconte le Zurichois à Blick, ce mardi. Et le hors-jeu n'a pas été évoqué.

Les joueuses en herbe ont pu s'expliquer avec Alfred Heer.
Photo: DR

Pourquoi avoir commis cette sortie pour le moins maladroite, sinon bête? «C'était une plaisanterie», explique Alfred Heer. Le conseiller national n'a rien contre le football féminin, mais il s'agit d'une question de priorités, selon lui. «Le Parlement évoque cet Euro 2025, mais il manque des terrains de football dans tout le pays, c'est là qu'il faudrait agir», plaide l'élu UDC, qui assure «bien sûr» soutenir l'Euro.

«Alfred Heer est et reste un macho»

Des justifications qui ne convainquent pas Elisabeth Schneider-Schneiter. La Bâloise est encore furieuse du comportement d'Alfred Heer. «Visiblement, le football féminin reste indissociable de ces questions sur le hors-jeu», fulmine-t-elle en haussant les épaules.

Le démocrate du Centre a la mémoire courte: il y a bientôt plus de quinze ans, en vue de l'Euro 2008, le Conseil national avait déjà soutenu l'organisation du championnat d'Europe — masculin, cette fois. Et l'objet était passé sans esclandre, même dans les rangs de l'UDC.

«C'est bien la preuve que l'égalité n'est pas encore arrivée dans toutes les têtes, au Parlement, conclut Elisabeth Schneider-Schneiter. Alfred Heer est et reste un macho, qui s'est mis lui-même hors-jeu.»

En marge de ces joutes verbales entre l'UDC et le PS, il y a tout de même une bonne nouvelle pour les amateurs de ballon rond: la déclaration est passée haut la main au Conseil national. «La Suisse a tout ce qu'il faut pour organiser ce championnat d'Europe», a-t-on pu entendre à la tribune.

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