Nous savions déjà qu'Alexandre Benalla projetait de s'installer durablement à Genève. Le sulfureux ancien responsable de la sécurité du président de la République française Emmanuel Macron avait annoncé l’an dernier qu’il allait y établir une société de sécurité privée, Comya Group.
Entre-temps, Alexandre Benalla a également révélé être salarié d'une organisation baptisée «Organisation mondiale pour la résilience et gestion des crises» (OMRGC). Un détail ressorti de sa comparution en justice à Paris le 29 septembre. Il était convoqué pour la troisième fois dans l'affaire des violences envers des manifestants le 1er mai 2018.
«Mediapart» a enquêté sur l'OMRGC, dont le secteur d'activité est tout sauf clair. Dans les colonnes du site d'information français, on apprend qu'elle vise à «établir une coopération internationale inédite afin de répondre aux grandes crises du monde contemporain».
Bureaux vides
Alexandre Benalla serait rémunéré à hauteur de 4500 euros par mois pour créer à Genève un «centre d’analyse et de prévision des crises» et mettre sur pied des formations de gestion des crises.
Sur son site internet, cette structure dit rassembler «des gouvernements, des organisations internationales, des organisations non gouvernementales, des entreprises et des acteurs de la société civile».
Sa présence à Genève semble se limiter à un bureau loué chez Regus, espace de co-working proche de la place des Nations, selon la «Tribune de Genève». Les bureaux sont vides la plupart du temps, son numéro de téléphone est hors service. Selon «Mediapart», l'OMRGC serait une succursale d'une association française.
Un président mystérieux
On n'en sait pas plus sur le «président» de l'association. Il s'agirait d'une grosse fortune qui désire garder l'anonymat, justifie Alexandre Benalla. L'organisation serait financée par des donateurs privés. Lors de son procès, Alexandre Benalla avait déclaré que la branche française de l'ONG franco-genevoise était dirigée par «ancien policier du Raid», l’unité d’élite de la police nationale française.
Ce policier a été condamné par la justice française, en février dernier, à trois ans de prison, dont un ferme, pour le vol de matériel d’écoute de la police, affirme «Mediapart». Il a fait appel. Une condamnation qu'Alexandre Benalla assure ignorer, alors qu'il est pourtant associé avec l’ancien membre du Raid dans un contrat extrêmement sensible et important.
Les deux hommes seraient liés à une troisième personne, le secrétaire et trésorier de l’OMRGC en France. Ensemble, ils constituent l’équipe de protection de la nouvelle ambassadrice des Émirats arabes unis à Paris. Celle-ci est la sœur de l’ambassadeur émirien aux États-Unis depuis 2008 et pièce maîtresse de la stratégie d’influence des Émirats arabes unis dans le monde. (daj)