Un document indique que Berset l'avait prédit en mars
Les infections vont-elles se multiplier chez les non-vaccinés?

C'est le scénario qui inquiète Alain Berset depuis des mois. Blick a pu consulter un document de travail indiquant que, dès le mois de mars et avant l'assouplissement des mesures, le conseiller fédéral prédisait une possible vague d'infections parmi les non-vaccinés.
Publié: 10.07.2021 à 10:43 heures
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Dernière mise à jour: 10.07.2021 à 11:21 heures
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Une vague d'infections va-t-elle bientôt déferler sur les personnes non-vaccinées?
Photo: keystone-sda.ch
Ruedi Studer

Les vacances d'été mettent des bâtons dans les roues dans les plans de vaccination du Conseil fédéral, avec une baisse dans tous les cantons du taux de vaccination. Selon les dernières statistiques de l'Office fédéral de la santé publique (OFSP), 4,5 millions de personnes ont reçu une dose de vaccin en Suisse, pour une population nationale de 8,6 millions de personnes.

Pourtant, Alain Berset avait, il n'y a pas encore si longtemps, des attentes passablement différentes. C'est ce que montre un document de travail portant sa signature et adressé au Conseil fédéral au mois de mars, et que Blick a pu consulter.

Le conseiller fédéral espérait alors un boom de vaccination avec 100'000 injections par jour au mois d'avril, avec une estimation plus pessimiste à 50'000 injections quotidiennes. Pour la fin du mois de juin, il prévoyait que 75% de la population adulte, soit 5,25 millions de personnes, aurait été vaccinée.

À l'époque, le rythme de vaccination inquiétait beaucoup Alain Berset. C'est l'une des raisons pour lesquelles très peu voire aucun assouplissement n'avait été prononcé au mois de mars, ce qui avait alors créé la surprise.

«Le niveau de vaccination est trop bas pour éviter une forte augmentation des hospitalisations et des décès», avait fait valoir le conseiller fédéral en charge de la santé dans ce document de travail destiné à ses collègues.

«Une vague rapide d'infection parmi les non-vaccinés»

Depuis, la cinquième étape d'assouplissement des mesures a eu lieu fin juin. Toutefois, Alain Berset avait déjà mis en garde contre une troisième vague parmi les personnes non-vaccinées fin juin à cause du variant Delta.

Il est intéressant de noter que la situation était assez similaire au printemps dernier. «Une fois que toutes les personnes qui souhaitent se faire vacciner l'auront été et que les restrictions tomberont, il y aura probablement une vague rapide d'infections parmi les non-vaccinés», prédisait le ministre de la Santé en mars dans le document de travail.

«Cela est associé à un nombre important de cas supplémentaires d'infections et de décès, car la circulation du virus en Suisse ne peut être arrêtée même avec un taux de couverture vaccinale élevé», annonçait encore Alain Berset.

Le variant Delta supplante l'Alpha

En raison de la situation géographique de la Suisse et de son orientation internationale, Alain Berset supposait déjà à l'époque que «l'ensemble de la population serait en contact avec le virus». Plus la proportion de personnes non-vaccinées est importante, plus le nombre de décès susceptibles de se produire est élevé. «Et ce, même avec une volonté très élevée de se faire vacciner».

À l'époque, le conseiller fédéral parlait de la mutation Alpha ("britannique"), mais il n'était pas encore question du variant Delta ("indien"), plus contagieux encore. «Des infections dues à ces variants ne peuvent pas être évitées à long terme, à moins que l'on puisse motiver les personnes à se faire vacciner», dit le document.

Des restrictions «plus justifiables» avec la vaccination

Ce qui était déjà vrai à l'époque l'est encore plus aujourd'hui: les personnes vaccinées risquent de moins en moins d'accepter d'être soumises à des restrictions. Ou, selon les mots du ministre de la Santé: «Plus on vaccine de gens, moins la tolérance pour les mesures sera forte et la disposition à les appliquer plus faible.»

En clair, dès que toutes les personnes disposées à se faire vacciner le seront, les assouplissement des mesures devraient être encore plus importants. Les restrictions sociales et économiques sévères ne seraient alors «plus justifiables», selon les mots du conseiller fédéral en charge de l'Intérieur dans le document écrit en mars dernier.

De nouvelles mesures ne seraient envisagées qu'en cas d'apparition de nouvelles mutations susceptibles de réduire fortement l'efficacité des vaccins.

À la recherche du point de bascule

Dans le cas contraire, seul le maintien de mesures de base telles que le port du masque, les mesures d'hygiène et la distanciation sociale sont envisageables afin de pouvoir au moins «échelonner l'apparition de nouvelles infections sur une plus longue période».

Il serait alors difficile de maintenir le nombre de nouveaux cas à un bas niveau. Lorsque les groupes à risque auront été tous vaccinés, un nombre plus élevé de cas pourrait cependant être toléré «sans que la charge pour le service de santé n'augmente en parallèle».

La question est de savoir si ce point de bascule sera atteint. Bien que plus de 80% des 70 ans et plus soient actuellement vaccinés, les seniors non-vaccinés représentent encore environ 200'000 personnes. Martin Ackermann, chef de la task force Covid-19, a lancé un avertissement dans ce sens début juillet: «Nous ne sommes pas encore hors de danger«.

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