Adolescents sous pression
Quand la liste des tâches devient trop écrasante

Les listes de tâches, populaires chez les adolescents, soulèvent des inquiétudes. Hannah Süss, psychologue à Zurich, met en garde contre leur utilisation. Elle conseille aux parents d'être vigilants et d'encourager un usage flexible.
Publié: 12.02.2025 à 15:31 heures
Les listes de tâches peuvent aider les adolescents à structurer leur quotidien, mais peuvent aussi être une source de pression.
Photo: Getty Images
Bettina Bono
Bettina Bono

Les listes de choses à faire, appelée aussi les to-do list, peuvent aider à donner des repères à des esprits d'adolescents à la structure chaotique. Mais actuellement, ce qui se passe sur les réseaux sociaux n'a plus rien à voir avec leur sens originel. Les jeunes, et surtout les adolescents, publient des listes avec des règles qu'ils se sont imposées et adoptent une utilisation ultra-rigide de celles-ci.

Alors qu'il s'agissait autrefois de lister les devoirs à faire, ce sont aujourd'hui surtout des directives strictes en matière d'alimentation et de sport. Hannah Süss, psychologue en chef à la clinique psychiatrique universitaire de Zurich explique le phénomène et à quel moment les parents doivent se montrer vigilants.

Hannah Süss, psychologue en chef de la clinique psychiatrique universitaire de Zurich.
Photo: DR

Quels sont les sujets sur lesquels la prudence est de mise?

Devoirs, résolutions pour la nouvelle année, programme sportif hebdomadaire, les contenus des to-do-list sont souvent déterminés par des tiers. La psychologue Hannah Süss en est convaincue. «Le thème en lui-même ne doit pas forcément être source d'inquiétude. Mais la prudence est de mise lorsque la liste peut potentiellement limiter les jeunes dans leur vie quotidienne et dans leur santé.» Il s'agit par exemple d'une liste de produits alimentaires interdits, ou une liste qui prescrit ce que l'on peut manger et en quelle quantité, et ce que doit contenir au minimum la routine sportive. «Ici, le risque est que le traitement de ces points prenne une ampleur extrême et devienne une contrainte», explique la psychologue.

Quelles peuvent être les conséquences?

«Si la liste n'est pas respectée, la déception et les pensées d'autodépréciation apparaissent. Souvent, les jeunes dépassent leurs propres limites et ne perçoivent plus leurs véritables besoins», note l'experte. Ce qui faisait plaisir à l'enfant jusqu'à présent est désormais occulté. Hannah Süss ajoute: «S'ils ont partagé leur liste sur les réseaux sociaux, la peur de l'échec vient s'y ajouter. Partager ses projets peut certes motiver et inspirer les autres. Mais celui qui partage une liste avec du sport cinq fois par semaine et qui ne le fait pas a mauvaise conscience et récolte en plus des commentaires négatifs pour son propre échec.»

Comment les parents peuvent-ils aider?

Les parents devraient être attentifs s'ils constatent que leur enfant modifie fortement ses habitudes. «Votre enfant mange-t-il nettement moins, fait-il trop de sport, se restreint-il dans des activités qu'il aimait faire auparavant? Dans ce cas, essayez de dialoguer», explique l'experte. Selon elle, il est particulièrement important de ne pas mettre de pression supplémentaire. Les parents devraient plutôt essayer de se sentir concernés, poser des questions et trouver des pistes alternatives communes. Ainsi, l'enfant peut être motivé à faire des exceptions et à ne pas considérer la liste comme absolue, mais plutôt comme une proposition. Selon Hannah Süss, «les adolescents doivent apprendre à utiliser correctement ces listes. Les points peuvent être reportés et des créneaux horaires peuvent être créés pendant lesquels les adolescents ne sont pas performants, mais s'occupent d'eux-mêmes.»

Quand faut-il demander de l'aide professionnelle?

«Lorsque ce cycle ne peut pas être brisé ou lorsqu'il y a un danger pour la vie de l'adolescent, comme des tendances suicidaires ou de l'automutilation.» Les personnes qui cherchent de l'aide peuvent par exemple trouver un service dédié aux enfants et adolescents à la clinique psychiatrique universitaire de Lausanne.

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