Voilà trois ans qu'ils attendaient ça. Samedi dans le centre-ville de Zurich, près d'un million de «ravers» ont dansé au son des basses vrombissantes et célébré la plus grande fête électro d'Europe.
Dans un communiqué, la police municipale de Zurich se félicite d'un bon bilan sécuritaire, seulement noirci par un accident de baignade mortel durant l'après-midi, sans lien direct avec la manifestation. Mais les forces de l'ordre recensent aussi «huit cas de needle spiking».
Derrière cet anglicisme se cache un phénomène nouveau: les mystérieuses piqûres à la seringue. En mai dernier, cinq cas avaient été recensés lors du festival Balélec, sur le site de l'EPFL à Lausanne.
À Zurich, ce sont avant tout des jeunes femmes qui ont été visées. L'une d'entre elles témoigne sur le réseau TikTok. «Je ne ferai plus jamais la fête!», écrit-elle, assurant avoir été piquée «quatorze fois». Quatre des points de piqûre sont encore visibles, bleus et violets.
«J'avais justement peur de cela»
La jeune femme raconte avoir été K.O. durant vingt à trente minutes après avoir été piquée. «Je ne vais plus aller dans des clubs, des rave party ou des événements de ce genre pendant un long moment, ça c'est sûr», poursuit-elle en réponse à une question de l'un de ses «followers».
Le lendemain de l'incident, l'état de santé de la fêtarde se serait amélioré mais elle aurait continué à se sentir mal à l'aise. Elle ne sait pas encore exactement ce qui lui a été injecté ni si elle a été infectée par quelque chose.
Sur TikTok, la solidarité est grande. Des dizaines d'utilisateurs lui expriment leur compassion et lui souhaitent un bon rétablissement. Ces cas auront-ils des effets sur les prochains événements du genre? À lire les commentaires, c'est à croire: de nombreuses utilisatrices de TikTok écrivent qu'elles n'ont pas participé à la Street Parade par peur d'une attaque à la seringue. «J'avais justement peur de cela et je suis soulagée de ne pas y être allée», assure une internaute. Une autre écrit: «Pour être honnête, en tant que fille, j'ai maintenant vraiment peur d'aller faire la fête.»
Une certaine psychose est également en train de s'installer. Une utilisatrice de TikTok écrit: «J'étais aussi à la Street Parade et j'ai maintenant trois endroits où je ne suis pas tout à fait sûre qu'il s'agisse de blessures par piqûre.»
Les autorités perplexes
Le «needle spiking» est un phénomène dans lequel les victimes — souvent des jeunes femmes — sont blessées par des aiguilles ou des seringues pendant la fête. Depuis le début du mois de juillet, des dizaines de cas de ce type ont été recensés, principalement en Espagne, en France et en Grande-Bretagne.
Ces phénomènes laissent perplexe les autorités. Les personnes piquées se plaignent certes de troubles de santé tels que nausées, vertiges et maux de tête, mais l'hypothèse intuitive que les auteurs droguent leurs victimes pour les voler ou les agresser sexuellement ne s'est pas encore confirmée. Le but pourrait également être de faire peur, comme expliquait la police vaudoise en mai.
À la Street Parade, les services de secours avaient évoqué le phénomène en amont de la fête. «Nous avions la crainte de rencontrer de tels agissements, et celle-ci s'est malheureusement confirmée», concède Urs Eberle, porte-parole des services de secours zurichois, à Blick.