Grand sondage pré-électoral à Genève
À Genève, les frontaliers inquiètent autant que l'inflation

À l'aube des élections cantonales de 2023, quels sont les problèmes qui préoccupent le plus les Genevoises et les Genevois? Et comment les politiciens comptent-ils y remédier? Les réponses dans notre grand sondage, commenté par les principaux partis du bout du Léman.
Publié: 15.03.2023 à 16:39 heures
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Dernière mise à jour: 15.03.2023 à 19:32 heures
Mobilité, logement, pouvoir d'achat... Voici les plus grandes préoccupations des citoyennes et citoyens du bout du Léman. (Image d'illustration)
Photo: Shutterstock
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Daniella GorbunovaJournaliste Blick

Qu'est-ce qui préoccupe le plus les Genevoises et les Genevois, à l'aube des élections cantonales, qui auront lieu le 2 avril prochain? La distinction est importante, puisque les genres ont des soucis différents, indique notre grand sondage avant les urnes.

Les hommes s'émeuvent surtout de la circulation sur les routes (infographies ci-dessous), alors que les femmes, elles, s'inquiètent davantage de la pénurie de logement (et craignent plus les frontaliers). Sans grande surprise, un thème rassemble les préoccupations: le pouvoir d'achat.

Cette étude a été réalisée via Internet par l’institut de sondage M.I.S Trend pour Blick, du 17 au 26 février 2023, sur un échantillon de 930 Genevoises et Genevois de plus de 18 ans ayant le droit de vote. Elle a été pondérée avec des critères tels que le genre, l'âge et le niveau de formation des personnes interrogées, afin d'être la plus représentative possible (lire l'encadré méthodologique).

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Vous pouvez retrouver nos trois précédents articles sur les pronostics pour les élections au Conseil d’État et au parlement, ainsi que sur la confiance de la population envers les politiciens ci-dessous.

Mobilité, logement, coût de la vie... Quels remèdes comptent y apporter les sept plus grands partis, qui occupent la scène politique au bout du Léman? Blick leur a soumis les résultats du sondage. Ils répondent tour-à-tour.

La mobilité

Quiconque ayant déjà mis les pieds (ou les roues) à Genève ne sera pas surpris que cette problématique arrive tout en haut des préoccupations des citoyennes et des citoyens. Et ça n'a pas changé depuis 2018, année électorale où la mobilité était déjà l'inquiétude numéro un.

La prochaine législature luttera-t-elle plus efficacement contre les bouchons et la pollution? Voici ce que promettent respectivement les partis.

  • Pour le PLR, pour désengorger le trafic, il faut «réaliser la Traversée du Lac, développer des parkings proches des gares du Léman-Express, et développer les infrastructures de contournement des villages». Mais aussi «s’opposer aux mesures dogmatiques, dont la généralisation du 30 km/h».
  • Les socialistes, quant à eux, proposent de «développer massivement le réseau cyclable, les zones piétonnes et les voies vertes. Construire de nouvelles infrastructures de transports publics, et réaliser des zones à trafic limité.» Avec une mesure d'encouragement à la mobilité douce en prime, car le camp rose veut également «offrir un abonnement UNIRESO de trois ans aux personnes qui rendent leurs plaques d’immatriculation».

  • Le Centre pense qu'il faut «favoriser la complémentarité des modes de transport à l’échelle du canton, encourager la mobilité douce au centre-ville tout en garantissant l’accès au transport professionnel. Puis renforcer le réseau TPG en périphérie, construire des P+R en France voisine. Et finalement lutter contre le trafic de transit.»

  • Du côté de l'UDC, on dénonce plutôt «les politiques punitives et chicanières (sens uniques, zones 30 km/h, suppressions de parkings, péage urbain, etc.) contre les automobilistes», Et l'on «s’engage pour le libre choix des moyens de transport de chacune et chacun, comme la Constitution le garantit».

  • Les Vert-e-s soutiennent que «pour préserver la santé humaine et le climat, la mobilité d’avenir doit être neutre en carbone». Les écologistes souhaitent donc «développer les axes piétons et cyclables sécurisés, densifier le réseau de transports publics dans le Grand Genève, et instaurer un péage urbain.»

  • Le MCG «propose de limiter significativement le trafic transfrontalier qui obstrue certains axes, en mettant en place des mesures incitatives ou même punitives, comme la fermeture de petites douanes ou un péage frontalier.» Le parti se positionne aussi en faveur de la Traversée du Lac.

  • Les Vert'libéraux affirment qu'une «redistribution de l’espace public en faveur des mobilités douces et des transports publics est nécessaire.» Le parti veut «davantage d’infrastructures cyclables sécurisées, une extension du 30 km/h en ville et l’instauration d’un péage urbain, afin de rendre la route à ceux qui en ont besoin.»

Le logement

Les femmes s'en inquiètent davantage que les hommes, d'après le graphique ci-dessus. Mais c'est un problème qui touche tout le monde — les logements sont trop rares et trop chers, au bout du Léman.

Le dernier taux de vacance publié par l'Office fédéral de la statistique (OFS) en atteste: Genève ne compte que 0,38% de logements libres. Ce qui fait du canton l'avant-dernier au niveau national selon ce critère, juste devant Zoug. Quelles solutions envisagent les politiques?

  • Pour remédier au problème, le PLR veut «favoriser l’accès à la propriété en supprimant l’impôt sur la valeur locative.» Ainsi que plus de mixité dans les nouvelles constructions. «Pour ce faire, il faut inscrire dans la loi le principe des 3/3, et augmenter le taux des logements PPE (ndlr: par exemple les appartement en vente) de 20 à 33%. Car une forte demande existe pour ce type de biens, et cela permettrait de libérer des appartements en location.

  • Selon le PS, il faudrait plutôt «augmenter le nombre de logements à loyers abordables». Ainsi que «soutenir la transformation de lieux inoccupés en logement, et créer un office de surveillance des loyers — qui accompagnera les locataires pour faire valoir leurs droits lorsque les loyers sont excessifs.»

  • Lutter contre la pénurie de logements, pour le Centre, cela signifie «augmenter la part de logements locatifs à loyers contrôlés pour la classe moyenne. Et favoriser l’accès à la propriété, en créant un compte épargne logement défiscalisé.»

  • L'UDC affirme quant à elle être «le seul parti à avoir lutté sans relâche contre toutes les politiques excessives en matière d’immigration, qui ont eu pour conséquence de bétonner notre canton à outrance». L'Union démocratique du centre dit s'engager «pour favoriser la qualité de vie des Genevoises et des Genevois».

  • Pour faire face à la crise du logement, les Vert-e-s veulent «promouvoir les coopératives d’habitation, dont les prix sont 15% moins élevés que le marché. Elles permettent une démarche participative avec les habitant-e-s, et construisent des bâtiments à haute performance énergétique.»

  • Le MCG défend surtout «une politique affirmée de priorité des logements de qualité pour les habitants installés dans le canton.» Mais il propose aussi de développer des solutions comme les coopératives d'habitation, car elles «proposent des logements de qualité, écologiques et à loyer raisonnable et stable.» Pour ce faire, «des cautions publiques doivent être mises en place».

  • Une solution qui parle par également aux Vert'libéraux, qui affirment eux aussi s'engager «pour la promotion des coopératives d’habitations, pour lesquelles Genève est très en retard. Ainsi que pour faciliter la conversion des bureaux vides en logements.» Au niveau de l'urbanisme, le parti veut «encourager les surélévations.»

Le pouvoir d'achat

Avec un renchérissement de 3,3% en un an, l'inflation est un problème que connaissent tous les cantons dans la conjoncture actuelle.

Or, Genève était déjà réputé peu attrayant pour les petits budgets, bien avant les crises actuelles. Le bout du Léman étant l'une des contrées les plus chères du pays, en termes de coût de la vie, que propose la classe politique pour défendre les porte-monnaies?

  • Pour lutter contre la précarisation, le PLR veut «baisser les impôts des personnes physiques, ainsi qu'une baisse de 5% linéaire sur l’impôt sur le revenu. Ainsi que permettre aux locataires de déduire leur loyer de leurs impôts.»

  • Les socialistes pensent qu'il faut «instaurer une allocation fin de mois de 100 à 350 francs pour les bénéficiaires de subsides d'assurance maladie, et une aide pour faire face aux charges excessives (comme le chauffage, ou l'eau chaude)». Le PS veut aussi «octroyer un chèque annuel de 300 francs pour les soins dentaires et la prévention». Et «augmenter les salaires, notamment dans les métiers de l’humain (soins, petite enfance, handicap).»

  • Pour le Centre, au niveau du renchérissement, il y a deux combats: «Il faut d'abord agir sur la fiscalité, avec une baisse ciblée pour la classe moyenne et les familles. C'est-à-dire diminuer l’impôt sur le revenu, augmenter la déduction annuelle pour charge de famille, et diminuer l’impôt immobilier complémentaire pour les propriétaires occupant leur logement.» Puis, «nous voulons diminuer les primes d’assurance maladie, en créant une caisse de compensation maladie cantonale.»

  • L'UDC affirme que le pouvoir d'achat est sa priorité. Pour améliorer celui des Genevoises et des Genevois, le parti agrarien veut, en substance, «une réduction substantielle et linéaire des impôts, afin de dégraisser l’État, et de permettre à chacune et chacun de pouvoir mieux profiter des fruits de son travail».

  • Les Vert-e-s proposent «d’augmenter les prestations complémentaires AVS/AI. Ainsi que garantir le droit au logement pour toutes et tous. Il faut aussi lutter contre le gaspillage énergétique, pour réduire les coûts, et protéger le climat.»

  • Le MCG «continuera à s’engager contre le dumping insupportable des travailleurs frontaliers, qui menacent notre niveau de vie. Ainsi que contre les abus de l’assurance-maladie, et pour une rente AVS qui permet de vivre dignement.»

  • Les Vert'libéraux estiment quant à eux que «des aides ciblées sur le pouvoir d'achat s’imposent.» C'est-à-dire «la mise en place d'aides financières temporaires pour les personnes au bénéfice de subsides d'assurance maladie. Et, pour la classe moyenne, une réduction ciblée des barèmes fiscaux la concernant».

Problèmes de riches, problèmes de pauvres?

En se penchant davantage sur les résultats, l'on constate de nettes différences entre les principales préoccupations des sondés — selon leur catégorie sociale, leur âge, leur genre... Il est intéressant de constater que la mobilité, par exemple, est «un problème de riches» (voir graphique ci-dessus).

Alors que les foyers modestes se font surtout du souci pour le logement. Une curiosité qui attire l'oeil: les classes populaires déclarent s'inquiéter davantage des frontaliers français que de l'inflation...

Quant aux orientations politiques, les personnes de gauche comme de droite sont surtout préoccupées par la mobilité, alors que celles au centre estiment que la problématique du logement est la plus importante (voir graphique ci-dessus).

Ceux qui se disent apolitiques se sentent quant à eux surtout concernés par la mobilité et... l'environnement.

Méthodologie et marge d'erreur

Ce sondage de M.I.S Trend a été conduit en collaboration avec Blick. L'étude a été menée en ligne entre le 17 et le 26 février 2023. Au total, 930 personnes ont répondu à une série de questions.

Les résultats ont été pondérés, de manière à obtenir des chiffres représentatifs pour la population du canton de Genève ayant le droit de vote. La marge d'erreur maximale est d'environ 3,2% sur l’échantillon total.

Afin de s'assurer de la bonne pondération des résultats, notamment pour ce qui est de la participation effective aux scrutins des personnes interrogées, une question concernant une votation passée — en l'occurrence AVS21 — leur a également été soumise.

Les présents graphiques ont été établis sur l’ensemble des répondants qui affirment qu’ils voteront sûrement.

Ce sondage de M.I.S Trend a été conduit en collaboration avec Blick. L'étude a été menée en ligne entre le 17 et le 26 février 2023. Au total, 930 personnes ont répondu à une série de questions.

Les résultats ont été pondérés, de manière à obtenir des chiffres représentatifs pour la population du canton de Genève ayant le droit de vote. La marge d'erreur maximale est d'environ 3,2% sur l’échantillon total.

Afin de s'assurer de la bonne pondération des résultats, notamment pour ce qui est de la participation effective aux scrutins des personnes interrogées, une question concernant une votation passée — en l'occurrence AVS21 — leur a également été soumise.

Les présents graphiques ont été établis sur l’ensemble des répondants qui affirment qu’ils voteront sûrement.

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