C’est l’histoire d’une famille qui coûte cher à tous les habitants de la petite commune schwytzoise de Schübelbach. L’APEA cantonale (l’autorité de protection de l’enfant et de l’adulte) leur facture près de 600’000 francs suisse chaque année pour la prise en charge de cette seule famille.
Il s’agit d’une mère célibataire dont les quatre enfants ont été placés. Ceux-ci, de pères différents, vivent maintenant dans des foyers où ils sont pris en charge 24 heures sur 24. L’ensemble des coûts engendrés reviennent à la municipalité qui se voit obligée de délier les cordons de sa bourse. Son président, Othmar Büeler, avait dénoncé en mai une «affaire dramatique et absurde».
Le président de la municipalité avoue ne pas pouvoir exclure une augmentation des impôts, afin de pouvoir couvrir l’ensemble des dépenses nécessaires au bon fonctionnement de la commune. Comment est-il possible qu’une seule famille coûte si cher? Retour sur cette affaire délicate, dont les derniers éléments viennent d’être révélés par le journal «Schweiz am Wochenende».
«Je ne suis pas une mauvaise mère»
Tout d’abord, la mère. Elle estime être la victime d’un complot, orchestré par la grand-mère d’un de ses enfants. Elle comprend que les habitants de la commune soient frustrés par les frais que doit couvrir la municipalité. La solution est simple selon elle, il suffit de lui rendre ses enfants.
La femme s’est exprimée anonymement sur «Telezüri» en mai. Elle confie que sa vie lui a été «arrachée de sous ses pieds» et parle d’une «intervention extrême qui l’a complètement détruite en tant que mère».
Selon ses dires, elle se serait toujours bien occupée de ses enfants. «Tout le monde fait des erreurs, confie-t-elle à la télévision, mais je ne suis certainement pas une mauvaise mère». Forte de ses convictions, elle a engagé un avocat et est allée jusqu’au tribunal.
La justice rejette tout recours
À présent, les nouvelles révélations du journal «Schweiz am Wochenende». Le tribunal administratif de Schwyz avait déjà rejeté en septembre un recours contre le placement des enfants en foyer, verdict maintenant confirmé par le Tribunal fédéral.
L’article révèle qu’un rapport psychologique datant de septembre 2018 faisait déjà état de surmenage chez la mère. Pourtant, c’est un fait plutôt anodin qui a déclenché les démarches de placement. La femme avait à plusieurs reprises manqué des rendez-vous pour faire contrôler son chien. Le vétérinaire a fini par venir frapper à sa porte sans prévenir.
«Gravement négligé»
La police et le vétérinaire ont alors trouvé l’appartement dans un état inquiétant. Des sacs-poubelles et des couches pleines jonchaient le sol à tel point que les enfants n’avaient pas de place pour jouer. La situation était déjà délicate avant cette intervention puisque la mère avait refusé de se rendre chez le conseiller familial.
La fille malvoyante n’avait pas de lunettes. Les deux garçons avaient été préalablement récupérés pieds nus et couches sales par la police dans le quartier alors qu’il ne faisait que 6 degrés. Ils n’étaient pas accompagnés.
La justice a confirmé que les placements ont bien été effectués selon la loi. En outre, le foyer qui les a accueillis a rapporté que la mère ne se présentait que rarement pour une visite et ne montrait que peu d’intérêt pour le bien-être de ses enfants. Lorsque ceux-ci ont été récupérés par l’institution, ils étaient dans un état de «négligences graves». À présent, les quatre bambins se portent très bien: ils font des progrès considérables, malgré quelques retards de développement.
L’épanouissement de ces enfants a un prix; les 600’000 francs que la commune de Schübelbach doit prendre en charge.
(Adaptation: Jessica Chautems)