50 postes doivent être supprimés et huit millions de francs économisés
Austérité: la SRF annonce des mesures choc et fait appel à des consultants

La radiodiffusion publique se prépare à une nouvelle ère: moins de coûts, plus de pression politique. Dans ce contexte, la SRF se fait également conseiller par la société de consultants PricewaterhouseCoopers (PWC).
Publié: 09.02.2025 à 16:29 heures
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Dernière mise à jour: 08:13 heures
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Chaos à Leutschenbach: cette semaine, la SRF a annoncé de nouvelles mesures d'économie.
Photo: Sven Thomann
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Robin Bäni et Sara Belgeri

Chaos à Leutschenbach: la SRF a annoncé cette semaine la fin de l'émisison «Gesichter & Geschichten» l'été prochain. Moins de 24 heures plus tard, nouveau coup de tonnerre. Devant la presse, la directrice de la chaîne Nathalie Wappler a présenté vingt nouvelles mesures: d'ici fin 2026, 50 postes à temps plein doivent être supprimés et huit millions de francs économisés. De nombreuses émissions seront réduites, transformées ou totalement supprimées.

Le projet de réforme «SRF 4.0»

Tout cela se fait sous le slogan «SRF 4.0», le projet de réforme qui vise à réduire les coûts. Et comme toujours lorsqu'il s'agit de faire des économies, les sociétés de conseil ne sont pas loin. La SRF a également fait appel à des consultants. «Dans une phase antérieure, la direction du projet 'SRF 4.0' a été conseillée par la société Nunatak, spécialisée dans le changement numérique, par exemple pour l'analyse des structures organisationnelles», indique un porte-parole. La collaboration a toutefois pris fin en 2023 en raison de la situation financière tendue. Mais Blick a découvert que Pricewaterhouse Coopers (PWC) a pris le relais.

L'entreprise fait partie des «Big Four», les quatre plus grands cabinets d'audit du monde. Interrogée, la SRF confirme que PWC analyse le département Production depuis janvier – et que cela fait partie du projet «SRF 4.0». La société doit examiner les plans d'économie jusqu'en mars.

Les collaborateurs de PWC n'ont pas été impliqués dans les dernières mesures annoncées, et l'entreprise de service public ne révèle pas combien lui coûte ce service de conseil. Mais selon un expert de la branche, les conseillers en stratégie facturent des tarifs journaliers allant de 3000 à 5000 francs.

Les chiffres comptent

Les services publics de radio-télévision font actuellement face aux pressions politiques, avec l'initiative de l'UDC qui vise à réduire la redevance de moitié ou les critiques émanant de la gauche. Les collaborateurs de la SRF en font également les frais. Un climat tendu y règne depuis longtemps, avec en ligne de mire le souci de la performance. Car si l'émission «Gesichter & Geschichten» a été arrêté, c'est parce que «les chiffres sont tout simplement mauvais», explique une source bien informée. En 2020, 200'000 téléspectateurs en moyenne suivaient l'émission. En 2024, ils n'étaient plus que 125'000. Ce programme people et culturel était diffusé depuis vingt ans.

La rédaction scientifique de la radio SRF doit également se saigner: le budget du personnel doit être réduit d'environ un tiers. Le «magazine scientifique» disparaîtra complètement en 2026. Le rédacteur scientifique Christian von Burg a fait part de son désarroi sur Linkedin: «On arrache ainsi le cœur de la rédaction scientifique de la SRF». En effet, leurs recherches ne sont pas seulement pertinentes pour le public spécialisé, mais sont également utilisées dans des formats tels que «Echo der Zeit», «Rendez-vous», «Tagesschau» et «10 vor 10».

Posts critiques supprimés

La critique de Christian von Burg a fait des vagues et a récolté plus de mille likes. Des dizaines de scientifiques, de journalistes et d'experts en communication ont exprimé leur solidarité. Mais un jour plus tard, son post a disparu. Il a été supprimé. Interrogé, Christian von Burg se contente d'un «no comment». Mais la SRF s'est expliquée: on prend les voix critiques au sérieux, mais «la critique de l'employeur doit être faite en interne, pas en public». Vendredi, des discussions ont eu lieu entre les supérieurs et les collaborateurs – «à la suite de quoi les collaborateurs ont supprimé les posts».

Les réductions sont-elles effectuées en prévision de l'initiative UDC sur la redevance? Lors d'une réunion interne des collaborateurs, la directrice de la SRF Nathalie Wappler a vigoureusement nié que les mesures d'économie sont prises par peur de la politique. Elle voulait simplement éviter que le démantèlement ne doive avoir lieu la même année que le vote sur la redevance. 

Tout est passé au crible

Derrière les coupes de la SRF se cache en premier lieu Laura Köppen – cheffe du «département Audience» et co-directrice du projet «SRF 4.0». Son groupe de travail de huit personnes planche sur de nouveaux scénarios, analyse, calcule – et prépare ainsi les ordres d'économie de la direction, dont elle est elle-même membre. Laura Köppen procède «avec soin et selon des principes stratégiques», dit-on de source officielle. Les personnes impliquées rapportent que ses analyses sont fondées et que Laura Köppen fait du bon travail «dans des conditions difficiles».

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«Ces émissions correspondent de moins en moins au comportement d'utilisation du public»
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De nombreux employés de la SRF ressentent cependant «l'évaluation des performances» de Laura Köppen comme une pression. En effet, la fée des chiffres de Leutschenbach et son équipe d'analystes de données, d'enquêteurs de marché et de «process owners» ont accès à toutes les rédactions, passent au crible l'ensemble des plus de 500 offres de SRF et déterminent ce qui plaît ou non au public. Selon la SRF, ils veillent à «l'impact auprès du groupe cible visé, à l'appréciation du public ou à la viabilité d'une émission».

Laura Köppen elle-même l'a un jour formulé ainsi: «Le problème pour la SRF n'est pas d'en faire plus, mais de mieux cibler». Les récentes décisions concernant «G&G» ou le «magazine scientifique» révèlent la nouvelle orientation: ce qui ne fait pas mouche n'a pas d'avenir. Ou comme le formule la SRF: les deux émissions «correspondent de moins en moins au comportement d'utilisation du public».

Les coupes ne sont qu'un début

Le dernier exercice d'économie n'était pourtant qu'un avant-goût. Cet été, la SRF annoncera où et comment douze millions de francs supplémentaires seront supprimés. Et même cela ne sera qu'une nouvelle étape. Car cela permettra tout juste de «stabiliser» le budget jusqu'en 2026. Le véritable test de déchirement, l'initiative de l'UDC sur la redevance, sera probablement soumise au vote l'année prochaine.

Le conseiller fédéral Albert Rösti a déjà annoncé, en guise de contre-projet à l'initiative, qu'il voulait réduire la redevance radio-TV de 335 à 300 francs. C'est entre autres pour cette raison que la SSR doit économiser environ 270 millions d'ici 2029. Sa directrice générale Susanne Wille a récemment calculé que cela pourrait coûter environ 1000 emplois.

Mais même le plan de réduction d'Albert Rösti pourrait n'être qu'un prélude. Le Parlement débat actuellement d'un contre-projet bien plus drastique. Et si l'initiative de l'UDC devait être acceptée, PWC et l'équipe de Laura Köppen auraient vraiment du pain sur la planche.

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