40 millions de poulets y finiraient
Greenpeace ne veut pas d'un nouvel abattoir Micarna près de Fribourg

Greenpeace Suisse s'oppose à la construction d'un abattoir Micarna, du groupe Migros, à St-Aubin (FR), où 40 millions de poulets seraient tués chaque année. L'organisation et des habitants de la région ont déposé en décembre une opposition au plan d'aménagement local.
Publié: 05.04.2023 à 20:05 heures
Migros compte développer son offre carnée.

Chaque année, les collaborateurs de Micarna abattent et découpent plus de 30 millions de poulets dans le canton de Fribourg déjà. Et ce chiffre pourrait augmenter: Micarna, filiale de Migros, compte construire un nouvel abattoir à St-Aubin (FR). Greenpeace monte au front et dénonce des incohérences. Le site d'AgriCo «se présente comme un campus à la pointe de l’innovation agroalimentaire. La construction de l'un des plus grands abattoirs de volailles de Suisse n’a pourtant rien d’une innovation durable. Un projet de cette ampleur ne fera qu’augmenter la production de poulets, dont l’élevage n'est pas adapté à la Suisse», a indiqué mercredi l'organisation.

«Le fourrage nécessaire à l’alimentation des poulets indigènes est cultivé en partie en Suisse, sur des terres qui pourraient servir directement à nourrir la population, tandis que l’autre partie est importée de l'étranger, entre autres d’Ukraine, au détriment d’autres pays moins riches que la Suisse qui ne peuvent faire face à la hausse des prix, accroissant l’injustice alimentaire», a précisé Greenpeace.

Des problèmes pour la région

L'organisation a expliqué que le projet de Micarna dans la Broye fribourgeoise ne remplacerait d’ailleurs pas l’abattoir voisin de Courtepin, mais entend développer la production de viande. Le site de Courtepin «traite» pour l'heure 30 millions de poulets par an. Micarna prévoit d'y renforcer le département des produits carnés.

Outre les conséquences pour le climat, Greenpeace estime que l'abattoir de St-Aubin créera des problèmes pour la région, tels que la gestion de l’eau, le trafic routier ou encore la dégradation de l'environnement. L'organisation a donc déposé le 19 décembre une opposition contre la révision générale du plan d’aménagement local de la commune, révision spécifiquement faite pour préparer l'arrivée de l'abattoir.

Pour mémoire, l’Etablissement cantonal de promotion foncière (ECPF) a posé à l'automne dernier les bases de l'essor des infrastructures du site industriel AgriCo, dont il est propriétaire, et a lancé les premiers projets à St-Aubin. Il est prévu de créer 2400 emplois au total.

«Chacun est libre de donner son avis»

Micarna prévoit pour sa part d'y investir entre 250 et 300 millions de francs pour exploiter quatre lignes de production, sur une parcelle de 95'000 mètres carrés. Au moins 400 à 500 emplois sont annoncés.

Sollicitée par Keystone-ATS, la Fédération des coopératives Migros indique ne voir aucune raison de commenter la chose à ce stade de la procédure. «Aucun élément nouveau n'est apparu depuis novembre», a confié le porte-parole Tristan Cerf, qui rappelle la place croissante de la volaille dans l'alimentation.

«Chacun est libre de donner son avis sur les projets de Micarna. Et nos équipes sont à l’écoute respectueuse des préoccupations des habitants de la région, en collaboration avec les autorités cantonales», a relevé Migros dans sa déclaration.

Détails pas encore connus

La nouvelle construction doit remplacer l'atelier de transformation de volaille (ATV) de Courtepin qui, après 60 ans d'exploitation, a atteint «la fin de son cycle de vie et ne peut pas être rénové». C'est pourquoi Micarna prévoit d'ériger un nouveau bâtiment sur le site d'AgriCo, ajoute le géant orange.

Du côté de l'ECPF, on signale que la parcelle qui est prévue pour Micarna appartient à l’Etat et non à l’établissement cantonal. Au-delà, l'entité de Migros n’a pas encore déposé sa demande de permis de construire. «Il n’y a donc pas de détails pour savoir à quoi le projet ressemblera», note la porte-parole Corinne Rebetez.

(ATS)

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