Depuis trois mois, la RTS est secouée par des affaires internes à répétition. 300 employés de la Radio Télévision Suisse se sont tournés vers la ministre de la Communication Simonetta Sommaruga pour lui demander d’agir. La conseillère fédérale doit obtenir un engagement de la part du conseil d’administration de la SSR de mener une enquête approfondie sur les irrégularités relevées à la RTS.
Après l’éclatement des scandales et l'avalanche de plaintes pour agressions sexuelles, brimades et abus de pouvoir déposées en automne 2020, la RTS avait chargé le cabinet d’avocats Collectif de Défense de mener une enquête approfondie. Un rapport publié en avril avait blanchi Darius Rochebin, accusé dans cette affaire. D’autres employés et cadres avaient toutefois dû démissionner.
300 employés tirent la sonnette d’alarme
Le collectif d’avocats a terminé l'analyse des déclarations de 230 témoins. D’autres incidents ont ainsi pu être révélés: discriminations, abus de pouvoir, baisers non consentis. De nombreux cas d’atteinte à l’intégrité de la personne ont été relevés, remontant parfois à près de 20 ans. Certains agissements auraient été systématiques. Le bureau a recommandé de clarifier la responsabilité des huit patrons.
La situation actuelle n’a fait l’objet d’aucune plainte qui rendrait nécessaire une enquête sur les incidents survenus au cours des derniers mois.
Néanmoins, le rapport, qui est gardé sous clé, a apparemment touché un point sensible. Selon le «Tages-Anzeiger», 300 employés auraient maintenant signé une lettre ouverte adressée à la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga. Selon le rapport des avocats, des lacunes en matière de protection du personnel existent bel et bien. C’est à la ministre de la Communication qu’il revient maintenant d’exiger de la SSR que son conseil d’administration fasse toute la lumière sur les irrégularités constatées. Le rôle et la responsabilité des différents patrons devront également être élucidés, car les clarifications apportées jusqu’à présent ne correspondent pas aux attentes des employés.
Le syndicat des médias envisage une action en justice
Le porte-parole de la SSR, Edi Estermann, a souligné au «Tages-Anzeiger» que le rapport des avocats n’était pas une enquête, mais une compilation de rapports ouverts et anonymes. De nouvelles enquêtes contre des cadres seraient ordonnées soit par le conseil d’administration de la SSR, soit par la direction de la RTS.
Le syndicat des médias SSM, quant à lui, envisage de porter plainte. Le conseil d’administration de la SSR n'a pas remis le rapport anonyme qu'il s'était engagé à fournir. Puisqu'il s’agit d’une rupture de promesse, ce document pourra être obtenu par des moyens légaux. (gbl)