En Suisse, l'eau du robinet est fraîche et potable. Un standard pour tout notre pays, château d'eau de l'Europe, sauf pour une commune valaisanne: les 2200 habitants de Saint-Nicolas (St. Niklaus dans la version germanophone) ne peuvent plus consommer l'eau du réseau. La raison? Le moteur de la pompe à eau qui alimente le village en or bleu doit être réparé.
En raison de cette panne, le village est désormais alimenté par une autre pompe, mais l'eau dépasse la valeur limite d'arsenic. Sa consommation dans le village situé entre Viège et Zermatt, dans le Haut-Valais, est donc interdite jusqu'à nouvel avis.
«Deux jours sans prendre une douche»
«J'ai été un peu pris au dépourvu lorsqu'on m'a informé de la situation, mercredi», avoue à Blick le jeune président de la commune, Michael Kalbermatter (29 ans).
Au risque de faire un mauvais jeu de mots, l'élu local est jeté dans le grand bain: il n'est en fonction que depuis trois semaines. «J'essaie de tirer le meilleur parti de cette situation et d'en apprendre beaucoup», sourit-il. Il assure pouvoir compter sur le soutien total du conseil communal.
Michael Kalbermatter explique que la population a été informée dès jeudi par un tous-ménages. Lequel n'a logiquement pas été très bien accueilli par la population. «Il y a un certain mécontentement», reconnaît l'élu.
«Les habitants peuvent toutefois se procurer de l'eau aux frais de la commune, directement à l'épicerie locale, relève-t-il. A priori, la situation devrait perdurer jusqu'au 27 juillet, date de la livraison du nouveau moteur de la pompe à eau.»
Si consommer l'eau du réseau n'est plus permis, les habitants peuvent toujours faire la vaisselle ou se doucher. Du moins en théorie. «Cela fait deux jours qu'il n'y a plus d'eau le soir lorsque nous essayons d'aller prendre une douche», fulmine un habitant dans la presse locale. Selon Michael Kalbermatter, cela ne concerne que trois foyers, «une minorité des 150 ménages de la commune».
«Des investissements arrivent»
Fâcheuse, la situation aurait pu être évitée. Dès 2017, le conseil municipal a élaboré un projet de construction d'un nouveau réservoir d'eau, censé résoudre les problèmes d'approvisionnement en eau du village. Mais le projet a été abandonné en raison du prix de l'opération (3 millions de francs), jugé trop élevé.
Le conseil communal veut réexaminer le projet, mais il n'est pas certain que l'écueil du budget puisse être franchi — la commune ne perçoit que 600'000 francs de recettes annuelles à cette fin. «Il ne fait aucun doute que des investissements sont nécessaires, tranche Michael Kalbermatter. Mais il ne faut pas agir dans la précipitation. Étudions le problème méticuleusement et trouvons une solution pour le budget 2023.»
D'ici là, l'eau coulera de nouveau à flots des robinets de Saint-Nicolas.