Un nouveau scandale de corruption ébranle les CFF. Heinz P.* est un ancien chef de chantier au sein du département immobilier de l'ex-régie fédérale. Un ami architecte lui aurait versé pendant des années des pots-de-vin de près de 20'000 francs. En contrepartie, Heinz P. lui a confié de nombreux mandats et a versé des honoraires excessifs, comme le rapporte CH Media.
Le Ministère public de la Confédération accuse l'homme désormais à la retraite de s'être laissé corrompre, d'avoir géré sa fonction de manière déloyale et violé des secrets de fonction. Le procès aura lieu mercredi. L'architecte Urs S.* se retrouvera lui aussi devant le tribunal, accusé de corruption et de complicité de gestion déloyale.
Communication avec l'adresse e-mail des CFF
L'affaire a finalement éclaté au grand jour à cause de la maladresse des deux hommes. Ces derniers ont eux-mêmes mentionné des éléments trop spécifiques les incriminant dans leur archivage. L'architecte avait comptabilisé les versements sur un compte privé voué à l'argent sale de son ami des CFF sous la rubrique «commissions» avec la mention «CFF». L'administration fédérale des contributions est tombée par hasard sur les flux suspects et a déposé plainte.
De son côté, Heinz P. n'a pas agi avec beaucoup plus de prudence. Pour communiquer avec Urs S., il aurait utilisé son adresse e-mail professionnelle officielle. Les échanges entre les deux hommes sont désormais à la disposition des enquêteurs. Le chef de chantier des CFF a notamment écrit: «Je ne manquerai pas de te contacter dès que mes collègues ou moi aurons quelque chose à te proposer. De mon côté, tu es le candidat idéal pour ce genre de travaux.»
En quatre ans, Urs S. a pu exécuter des commandes pour un montant de 65'000 francs pour les CFF. Selon l'acte d'accusation, Heinz P. pouvait décider lui-même de l'attribution des contrats jusqu'à 10'000 francs. En principe, le concept des quatre yeux s'applique à la validation de chaque contrat. Mais dans certains cas, deux yeux semblent avoir suffi. Ainsi, les deux amis n'auraient pas seulement évincé la concurrence, mais aussi négocié des honoraires excessifs.
Problème d'image pour les CFF
Le chef de chantier des CFF et l'architecte nient toutes les accusations et n'ont pas souhaité s'exprimer auprès de CH Media. La présomption d'innocence s'applique. Selon les CFF, «après des cas de non-conformité, les CFF vérifient systématiquement si leurs processus et contrôles peuvent être améliorés».
La procédure s'avère longue. Devant les tribunaux, la justice traite des délits commis il y a plus de dix ans. Si le préjudice financier présumé s'avère supportable pour les CFF, le procès nuit à leur image… une fois de plus.
En effet, les CFF ont déjà dû faire face à de telles affaires peu glorieuses par le passé. La plus célèbre est sans doute celle de l'ex-chef d'Elvetino Wolfgang Winter, qui s'est servi dans la caisse des CFF. Il a été condamné en octobre 2024 à 36 mois de prison ferme.
*Noms modifiés