Le décès de l’actrice Anne Heche fait ressurgir l’horreur qu’est le fentanyl. L’Américaine, en délit de fuite, a foncé tout droit dans une maison à plus de 140 km/h. Elle est décédée des suites de ses blessures. Une prise de sang a révélé la présence de cocaïne et de fentanyl.
Cette dernière, une drogue analgésique, est extrêmement puissante et dangereuse. Rien qu’aux Etats-Unis, les opioïdes ont causé 107’000 morts par overdose en 2021. En Europe comme en Suisse, le taux d’intoxication est en augmentation et inquiète les services de santé.
100 fois plus puissant que la morphine
Le fentanyl est un réel fléau aux Etats-Unis. Cet analgésique de synthèse est semblable à l’opium. Il n’est (normalement) utilisé que pour les traitements de fortes douleurs chroniques, lorsque aucun autre remède ne fonctionne. L’agent actif peut être très rapide et des petites quantités suffisent pour faire effet. C’est pourquoi, cet analgésique est généralement utilisé sous forme de patch, de spray nasal ou de comprimé à sucer.
Des associations sont là pour vous aider en cas d'addictions. Si vous vous sentez en danger, prenez contact avec des spécialistes.
L'association Addiction Suisse possède une ligne téléphonique gratuite au 0800 105 105.
Vous pouvez également retrouver le répertoire des ressources en Suisse sur le site de Rel'ier.
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Mais le produit, tellement puissant, est toujours plus présent sur le marché de la drogue: c’est une véritable horreur. Et pour cause, l’effet du fentanyl est comparable à celui de l’héroïne, mais 50 fois plus fort! En guise d’autre comparaison, il est 100 fois plus puissant que la morphine, rappelle le journal français «Capital».
Un marché qui rapporte
Cette drogue de synthèse est principalement fabriquée par des cartels mexicains, à partir de produits importés de Chine. Et c’est un marché qui rapporte gros: avec un kilogramme de produit pur d’une valeur de 12’000 euros, le fabricant peut produire jusqu’à 500’000 pilules d’une valeur de 30 euros.
Depuis les années 1990, on parle de «crise de l’opium» sur le continent américain. Et sur les 107’000 décès par overdoses, un sur deux est dû au fentanyl. De plus en plus de jeunes sont victimes de cette drogue: dans cette tranche d'âge, le taux de mortalité est sept fois plus élevé qu’il y a dix ans.
Mais l’Europe est également touchée par l’arrivée des opioïdes sur le marché de la drogue. Le 11 août dernier, près de 8,5 kg de fentanyl ont été saisis dans les Landes, en France. Cela équivaut à 20’000 cachets, rapport le journal français. Les deux hommes interpellés ont directement été condamnés à trois ans de prison.
Sur le marché, le fentanyl est également disponible sous forme de poudre ou de patches. Les toxicomanes font bouillir les patches et s’injectent la substance par voie veineuse.
Moins de dix respirations par minute
Quelle que soit la voie choisie, le fentanyl, lorsqu’il est utilisé comme drogue, ne peut être dosé correctement par les personnes dépendantes, entraînant souvent la mort. Même une petite quantité peut causer une overdose.
Le principe actif de cette substance va se fixer sur un récepteur dans le cerveau. Il va notamment agir sur le stress et la douleur, tout en ayant un effet analgésique et relaxant. Mais la consommation d’opioïdes provoque des effets indésirables et dangereux. Le consommateur risque une dépression respiratoire en cas de surdosage. La fréquence respiratoire tombe alors à moins de dix respirations par minute, sans que le consommateur ne s’en aperçoive.
Les opioïdes sont également un problème en Suisse
En Suisse aussi, les produits contenant de l’opium deviennent de plus en plus problématiques. Selon une étude publiée par l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ) en juin 2022, il n’existe pas de chiffres précis sur la consommation illégale de fentanyl.
Mais cette augmentation de consommation est tout de même chiffrable lorsque l’on se penche sur le nombre de prescriptions médicales d’opioïdes comme l’oxycodone ou le fentanyl. Selon les précisions apportées par la RTS, entre 2000 et 2019, le nombre d’appel d’urgence a augmenté de 177%. Et la vente d’analgésiques a aussi progressé de 91%.
L’une des scientifiques à l’origine de l’étude est Andrea Burden, professeure de pharmaco-épidémiologie à l’EPFZ. Elle affirme que «les chiffres présentés dans l’étude ne sont que la pointe de l’iceberg. Nous avons absolument besoin de plus de données pour comprendre les dommages associés à la consommation d’opioïdes en Suisse – notamment le nombre de personnes qui ont développé une dépendance via des prescriptions médicales et le nombre de décès liés aux opioïdes.»
La Suisse au septième rang mondial
Avec une telle augmentation de la prescription d’analgésiques, la Suisse se retrouve septième sur le plan mondial de la consommation par habitant, précise Camille Robert, co-secrétaire du Groupement Romand d’Etudes des Addictions à la RTS. Une situation inquiétante, puisque la majorité des personnes mortes par overdose d’opioïdes avait développé une dépendance à la suite d'une prescription médicale.
Malheureusement, les causes de cette hausse sont difficiles à cerner. La co-secrétaire confie qu’il s’agit d’un mélange de plusieurs facteurs. «Est-ce une question de facilité de prescription? Est-ce qu’on prend mieux en charge la douleur aujourd’hui? Est-ce que les gens ont plus mal? Est-ce lié au programme de substitution à l’héroïne par des produits comme la méthadone? C’est certainement un peu de tout ça.»