«Son attitude est désastreuse»
Rafael Nadal taclé par le patron de la lutte antidopage suisse

Le joueur espagnol de 36 ans a remporté Roland-Garros en ayant subi des infiltrations pour son pied blessé. Une pratique qui provoque des réactions très contrastées. L'utilisation d'analgésiques a aussi provoqué un débat dépassant le domaine du tennis.
Publié: 28.06.2022 à 14:22 heures
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Depuis des mois, Rafael Nadal joue dans la douleur.
Photo: AFP
Cédric Heeb

Les blessures et la douleur occupent une place importante dans la carrière de Rafael Nadal. Et pourtant, l’Espagnol enchaîne les titres. Un succès aussi rendu possible grâce à une utilisation importante des antidouleurs ces derniers mois. La dernière fois, c’était à Paris, lorsque Rafa s’est anesthésié le pied pour remporter Roland-Garros.

Ernst König, chef de Swiss Sport Intergrity (anciennement connu sous le nom de Suisse Antidoping), n’approuve pas cette pratique. «Nous n’avons rien à redire sur l’utilisation ponctuelle d’antidouleurs. Mais si cela devient chronique, c’est problématique», a-t-il expliqué au «Tagesanzeiger». Le débat a éclaté sur la prise constante de médicament pour permettre la pratique du sport à haut niveau et la poursuite d’une carrière à succès. Quel signal est envoyé aux jeunes athlètes?»

Nadal, un mauvais exemple

Swiss Sport Intergrity ne lutte pas seulement contre l’utilisation excessive d’analgésiques, mais aussi contre d’autres produits disponibles pour le grand public, comme les compléments alimentaires: «Nous considérons comme désastreux l’attitude qui consiste à prendre une petite pilule quand on s’est trop entraîné.» Si les douleurs sont présentes, c’est aussi parce que le corps doit se reposer.

Quand on voit des stars mondiales comme Rafael Nadal utiliser de tels moyens, il est inévitable, selon Ernst König, que les jeunes sportifs veuillent eux aussi agir de la sorte. «Que leur dit-on lorsqu’ils se trouvent dans une situation similaire? Il va de soi qu’ils voudront alors aussi des analgésiques», poursuit-il.

Pourquoi ces produits sont-ils autorisés?

La plupart des substances analgésiques sont autorisées, mais «seules quelques substances très puissantes figurent sur la liste des produits dopants». Pourquoi n’interdit-on donc pas tout simplement cette catégorie? Une distinction est alors nécessaire, précise Ernst König: «Nous soutenons le fait que des produits soient autorisés, s’ils permettent aux athlètes de participer à une compétition. Mais pas ceux qui entraînent un avantage en termes de performance.»

Si, par exemple, un sportif se prépare pendant quatre ans pour les Jeux olympiques et qu’il a mal à la tête le jour de la compétition, Ernst König trouve légitime qu’il puisse prendre un comprimé contre ses céphalées. «C’est important de faire la différence. Il faut sensibiliser les gens à cette ligne rouge à ne pas franchir.» Le dirigeant de la lutte antidopage lance alors un appel à la relève du sport suisse: «Ecoutez votre corps!»

Le roi de Roland-Garros souffre d'une maladie incurable

L'exemple de Nadal est toutefois à nuancer. Rappelons que le taureau de Manacor souffre de douleurs chroniques aux pieds, causées par une maladie rare et incurable, le syndrome de Müller-Weiss. Pour cette raison, Rafael Nadal est suivi médicalement de près, son médecin se déplaçant même parfois avec le joueur espagnol.

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