Les médias allemands sont furieux! Le «Bild» évoque une «scène scandaleuse». Sport1 dénonce une «erreur aux conséquences amères». «Focus» va carrément plus loin en sous-entendant que le match a été volé: «Drame millimétré à Paris: Zverev échoue à cause de la phobie française de l'œil de faucon.»
Mais que s'est-il passé au juste? Lors du set décisif de la finale du tournoi de Roland-Garros, une scène suscite un tollé. Alors que Zverev est mené deux jeux à un par Carlos Alcaraz, l'Allemand se procure deux balles de break. L'Espagnol n'a alors pas le choix, il doit remporter les deux points suivants, faute de quoi Zverev reviendra à deux jeux partout. Mais Alcaraz ne parvient pas à servir dans les limites du terrain et se voit forcé de jouer une deuxième balle de tous les dangers. Et là aussi, le coup semble dehors: c'est donc une double faute et un débreak pour Zverev.
Sauf que l'arbitre de chaise Renaud Lichtenstein a vu les choses différemment, il entre alors sur le court et indique que la ligne a bien été touchée par la deuxième balle de l'Espagnol. Zverev est hors de lui.
L'Allemand se lance alors dans un débat houleux avec l'arbitre français, mais celui-ci ne bronche pas. Résultat: Alcaraz obtient deux nouveaux services qui se soldent par deux points en sa faveur. Quelques minutes plus tard, l'Espagnol cueille son premier titre à Roland-Garros en l'emportant en cinq manches(6:2, 3:6, 5:7, 6:1, 6:2).
Une finale volée?
Mais revenons à la scène polémique. Pourquoi l'œil de faucon n'est-il pas intervenu? Cette technologie n'est pas utilisée à Roland-Garros, car les arbitres de chaise se fient aux empreintes laissées par la balle sur la terre battue.. Cependant, lorsqu'une décision est serrée, l'œil de faucon est mis à disposition des téléspectateurs. Et dans le cas du service d'Alcaraz, le verdict est sans appel: la balle de l'Espagnol était bel et bien dehors. De quelques millimètres, certes, mais dehors tout de même.
Cette erreur manifeste a-t-elle coûté à Alexander Zverev son premier titre en Grand Chelêm? «Bien sûr que c'est frustrant», a répondu l'Allemand en conférence de presse, avant de souligner la différence, un score dde 3-1 en sa défaveur dans un set décisif et une égalisation à 2-2. Pour autant, le finaliste malheureux prend l'affaire avec humilité: «C'est comme ça. Les arbitres font des erreurs. Ce ne sont que des êtres humains, et c'est normal.»
Le frère de Zverev livre son analyse
Mais pourquoi l'arbitre n'a-t-il pas reconnu correctement l'empreinte? Mischa Zverev, frère d'Alexander et consultant pour la chaîne Eurosport en Allemagne, y va de sa propre analyse: «Quand on balaie la terre battue, on nettoie les lignes, mais on étale également la craie quelques centimètres à côté. Ensuite, quand le service arrive, on n'a pas d'espace entre l'empreinte et la ligne et on pense que l'empreinte est plus large qu'elle ne l'est en réalité.»
Mischa Zverev parle avant tout de malchance, «peut-être aussi d'une petite erreur humaine de l'arbitre». L'ancien numéro 25 mondial ne veut toutefois pas rendre qui que ce soit responsable de la défaite de son frère. «Cela fait partie du tennis», admet-il.