«Où est Peng Shuai ?» Ni sur les courts de l'Open d'Australie, ni même dans les tribunes, sur des pancartes ou des t-shirts arborant le hashtag devenu viral il y a plusieurs mois.
Dimanche, des supporters ont été contraints de les retirer dimanche, sous prétexte que l'Open d'Australie «n'autoris(e) pas les vêtements, banderoles ou pancartes politiques», selon un porte-parole de la Fédération australienne de tennis.
Celle-ci s'est empressée d'affirmer que «la sécurité de Peng Shuai» était sa «principale préoccupation» et qu'elle continuait «de travailler avec la WTA et la communauté mondiale du tennis pour obtenir plus de clarification sur sa situation et (ferait) tout (son) possible pour assurer son bien-être».
Mais la décision de «Tennis Australia» a provoqué l'indignation de plusieurs personnalités du milieu, qui ont mis, de fait, davantage en lumière ces t-shirts.
«Pas un message politique»
Martina Navratilova, légende du tennis avec ses 18 titres en Grand Chelem (en simple), a qualifié cette décision de «pathétique», sur Twitter, estimant que «la WTA (était) livrée à elle-même!!!» «Je trouve ça lâche, il ne s'agit pas d'un message politique, il s'agit d'un message en faveur des droits humains, a-t-elle développé sur la chaîne de télévision américaine Tennis Channel. La WTA a été si forte sur ce sujet... Capituler de la sorte, de la part des Australiens, je trouve ça vraiment faible.»
L'instance qui gère le circuit féminin de tennis avait annulé au début du mois tous ses tournois en Chine, réclamant une enquête transparente sur les accusations de viol présumé de la joueuse.
Le Français Nicolas Mahut, éliminé au premier tour du tournoi de double à Melbourne, s'est également insurgé sur Twitter: «Quel manque de courage! Qu'en serait-il si vous n'aviez pas de sponsors chinois?»
Le poids des sponsors?
L'ancien no 1 mondial du double faisait référence à Luzhou Laojiao, marque chinoise d'alcool, qui est l'un des financeurs les plus importants de l'Open d'Australie depuis plusieurs années. Le court no 2, l'un des cinq plus grands de Melbourne, a d'ailleurs été renommé «1573 arena», en référence à l'année où l'entreprise chinoise a été créée.
En réponse à l'interdiction des organisateurs, le militant australien en faveur des droits humains Drew Pavlou est parvenu à récolter plus de 14'000 dollars australiens (près de 10'000 francs) sur la plateforme GoFundMe dans le but d'imprimer les mêmes t-shirts et de les distribuer aux spectateurs en amont de la finale du tournoi féminin.
«On imprime 1000 t-shirts et on verra bien combien de spectateurs ils pourront arrêter», a clamé Max Mok, militant pro-Hong Kong, sur les ondes d'ABC.
Interrogé lors de sa conférence de presse quotidienne, le ministre chinois des Affaires étrangères a indiqué qu'il «avait toujours été contre la politisation du sport, qui est impopulaire et ne fonctionne pas».
L'affaire avait éclaté au début du mois de novembre, quand Peng Shuai avait évoqué dans un message sur le réseau social chinois Weibo - depuis supprimé - un rapport sexuel «forcé» avec l'ancien vice-Premier ministre Zhang Gaoli, marié et de quarante ans son aîné.
L'ancienne no 1 mondiale en double n'avait alors pas fait d'apparition en public pendant plusieurs semaines, puis était revenue sur ses propos dans une interview au journal singapourien Lianhe Zaobao.
Mais la WTA avait continué à exprimer son «inquiétude» et des «doutes sérieux» quant à la liberté de mouvement de la joueuse. Depuis dimanche, c'est de celle des spectateurs portant ces tee-shirts dont il est question à Melbourne.
(AFP)