La Suisse retrouvera-t-elle son éclat?
Qui sont les visages de la relève du tennis helvétique?

Sur le gazon de Wimbledon, c'est Wawrinka qui a porté le plus longtemps dans les airs le drapeau helvétique. Qui pour lui succéder? Blick a posé la question Yannick Fattebert et Simon Graf, respectivement ancien entraîneur de Stan et journaliste spécialisé du tennis.
Publié: 19.07.2024 à 10:28 heures
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Dernière mise à jour: 03.09.2024 à 12:52 heures
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Nathan Clément

Dominic Stricker est depuis plusieurs années considéré comme l'espoir principal du tennis suisse masculin. Fin 2023, le jeune Bernois était même entré dans le top 100 grâce à son parcours à l'US Open. Lors du deuxième tour, le Suisse avait notamment battu Stefanos Tsitsipas en cinq sets. Sa plus grande victoire jusque en carrière jusqu'à maintenant.

Ce tournoi aurait pu, dû être le début d'une dynamique. Des problèmes physiques au bas du dos l'ont tenu éloigné des courts de tennis pendant six mois. Aujourd'hui de retour, est-il encore le grand espoir pour la Suisse? «C'est toujours le cas.», assure Simon Graf, «Malgré sa blessure de six mois, il semble encore plus en forme. Il n'a plus de problèmes physiques. Stricker peut toujours compter sur son coup de main, son talent. Je pense qu'il est le plus grand espoir.»

Les détails du mal qui entoure le dos de Stricker ne sont pas clairs. Toute la zone était enflammée. Pour autant, pas de quoi tirer la sonnette d'alarme. Yannick Fattebert, ancien entraîneur de Stan Wawrinka, invoque un certain Roger Federer qui avait lui aussi des soucis: «Federer avait régulièrement des problèmes de dos. Avec un bon suivi, de bons préparateurs physiques et de bons physiothérapeute, il a réalisé la carrière que l'on connait. Dans le sport de haut niveau, le corps est de toute manière soumis à de la pression.»

Le souci?

Les prochains mois. Stricker a bénéficié d'un classement protégé suite à sa blessure. «Il va perdre des points. Il doit vraiment lutter maintenant, enchaîner les victoires pour revenir dans les top 100 le plus vite possible», explique Simon Graf. Éliminé au premier tour de Wimbledon, face au Français Arthur Fils, Stricker a déjà grillé une cartouche. Il bénéficiera de son classement protégé pour encore huit tournois dont... l'Open d'Australie qu'il connait bien.

Qu'espérer?

«Je le vois en tout cas s'installer dans le top 100, même top 50», prédit Yannick Fattebert qui justifie: «Son jeu est intéressant. Il a des gros coups, il sert très bien. C'est un joueur qui joue vite et puissamment. Il est gaucher – c'est un plus. Il devait travailler physiquement et on l'a vu déjà plus affuté à Wimbledon. Pour affronter le haut niveau, il n'a pas le choix. Et surtout, j'ai l'impression que mentalement, c'est un joueur qui possède une confiance en lui qui peut l'aider à atteindre le top 50. Voir plus.»

Même son de cloche pour Simon Graf: «100, 50. Je pense que le top 30 est possible si tout se passe bien. Il peut être très fort sur le gazon. Avec son style de jeu, il peut briller à New York, à Melbourne, dans les Indoors aussi. C'est un joueur très dangereux.»


C'est le joueur constamment comparé à Stricker. Il est actuellement mieux classé que son alter ego médiatique. Depuis le début de l'année civile, le Thurgovien a participé à plusieurs finales de Challenger, dont deux remportées (Oeiras et Louvain-la-Neuve).

La prochaine étape pour le jeune Suisse: intégrer les tournois de l'ATP Tour, l'échelon supérieur dans la hiérarchie du tennis.

Le souci?

À chaque bonne phase, Leandro Riedi a connu des pépins physiques. Ligaments du pieds gauche déchirés, fracture de fatigue dans la région des côtes. À seulement 22 ans, le Thurgovien n'a pas été épargné. Des blessures auxquelles il faut ajouter un physique qui se développera sans doute plus tardivement que Stricker. C'est peut-être ces raisons qui expliquent le léger retard du Thurgovien sur le Bernois.

Qu'espérer?

Tous les joueurs ne se développent pas au même rythme. Carlos Alcaraz et Jannik Sinner n'appartiennent pas à la norme. «Riedi mettra sans doute un plus de temps à atteindre son potentiel», relate Yannick Fattebert qui voit Riedi dans le top 50: «Il était plus fort que Stricker dans ses jeunes années. C'est souvent lui qui gagnait. C'est un joueur un peu plus léger physiquement, mais dans quelque temps, il aura cette puissance pour inquiéter les bons joueurs. Le top 50 est atteignable.»

L'une des spécificités chez Leandro Riedi? Son coach – qui est aussi son pote. Yannik Steinegger n'est plus vieux que d'une année. Un bon choix selon Simon Graf qui souligne l'importance d'un soutien moral pour le Thurgovien avant d'évoquer ses qualités. Le journaliste parle d'un joueur explosif, avec les muscles d'un sprinter et un sens du timing hors de la norme.


Si les talents sont nombreux côté masculin, Céline Naef est bien seule derrière les cadres de Swiss Tennis que sont Viktorija Golubic et Belinda Bencic (pause maternité). La Schwytzoise de 19 ans avait fait ses débuts dans la court des grands il y a un an à Wimbledon (élimination au premier tour).

Depuis? Des résultats irréguliers. Son plus grand accomplissement réside certainement dans sa victoire fin mai face à Clara Burel au tournoi WTA-125 de Saint-Malo. La Suissesse s'était imposé en deux sets (6-3/6-3) face à la Française qui fait partie du top 50.

Le souci?

Un manque de constance. Après des débuts prometteurs, la talentueuse Suissesse est passée par plusieurs phases compliquées: des éliminations au premier tour de petits tournois et des non-qualifications pour l'Open d'Australie, Roland-Garros – et depuis le 25 juin – Wimbledon.

«Elle n'a pas vraiment progressé, j'étais un peu déçu. Je pensais que ça irait plus vite. Elle est dans une phase difficile», commente Simon Graf.

Qu'espérer?

Malgré une année en dents de scie, Céline Naef reste une joueuse bourrée de talent. Entraînée par sa mère, la Schwytzoise possède des qualités physiques indéniables: «dignes du top 10 mondial» avait confié Beni Linder, le préparateur physique de Swiss Tennis. Un physique digne du top 50 et «le potentiel de devenir top 50» selon Simon Graf.

Pour ce faire, elle devra composer avec sa taille: un mètre et 67 centimètres. Un profil à la Simona Halep – victorieuse à 24 reprises sur des tournois simples du circuit WTA.

Un problème? «C'est vrai qu'il existe aujourd'hui beaucoup de très grandes joueuses qui frappent fort. C'est assez stéréotypé maintenant», avoue Yannick Fattebert tout en se montrant confiant: «Je ne crois pas que ce soit un gros frein. Il faut compenser par d'autres éléments. Les grandes ne se déplacent pas forcément toujours très bien. Peut-être que Céline va devoir être un peu plus créative, changer un peu les rythmes, et puis travailler physiquement pour avoir un déplacement hyper performant.»


Comme Roger Federer, le Bâlois de 17 ans a fait ses classes au TC Old Boys. Le revers à une main, comme Federer. Quelques différences également. La taille par exemple de Bernet: 1m93.

Une grandeur qu'il utilise à merveille confie Simon Graf: «Il a un super service. Lors de son deuxième tour à Wimbledon, il a réalisé treize aces.» Ses qualités ne s'arrêtent pas à sa taille. Le journaliste parle de son revers comme d'«une beauté», du garçon comme «bon au filet» et «talentueux».


Avec Henry Bernet et quelques autres, il fait partie des plus jeunes espoirs du tennis suisse. Petit en âge et en taille, le jeune Suisse a déjà remporté plusieurs tours en Grand Chelem Junior. Son coup droit et son revers ont été remarqués par les suiveurs, comme son caractère. Sa passion ou son mauvais caractère – à chacun de juger – lui ont valu une réputation en Suisse.

«Il est hyper prometteur. Il est prêt très tôt et ça augure vraiment quelque chose de génial pour l'avenir. Il a toujours été un petit peu hors norme, Flynn, encore plus que Bernet, je pense», explique Yannick Fattebert avant de prévenir: «Il n'a que 16 ans, les gens peuvent garder un œil dessus, le soutenir, mais il n'y faut pas lui mettre une pression démesurée. Le chemin est encore très long.»

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