S'il remporte l'US Open, dimanche en finale contre Daniil Medvedev (no 2), le no 1 mondial sera de facto le «GOAT», le plus grand joueur de tous les temps.
S'il s'impose, Novak Djokovic réussira d'une part le Grand Chelem calendaire, que seuls deux hommes ont accompli dans toute l'histoire du tennis. Il comptera d'autre part 21 titres majeurs, soit un de plus que ces deux éternels rivaux Roger Federer (40 ans) et Rafael Nadal (35 ans).
«Plus qu'un match. Je vais y mettre mon coeur, mon âme, mon corps et ma tête. Je vais le jouer comme si c'était le dernier de ma carrière», a promis le Serbe de 34 ans, qui peut entrer dans le club très fermé des cinq joueurs et joueuses à avoir remporté l'Open d'Australie, Roland-Garros, Wimbledon et l'US Open la même année.
Un match pour entrer à jamais dans l'histoire
Cette performance, côté masculin, n'a plus été réussie depuis 1969 et Rod Laver, qui l'avait même fait une première fois en 1962, après le pionnier américain Donald Budge en 1938. Chez les dames, Steffi Graf est la dernière à l'avoir réalisée, en 1988, bien après Margaret Court (1970) et Maureen Connoly (1953).
Si Novak Djokovic réussit son pari monumental, il ne pourra plus se voir contester, sur le plan du palmarès tout du moins, le statut de «GOAT». Il cumule déjà le plus grand nombre de semaines passées en tête du classement mondial - 337 jusqu'ici - et continuera donc d'améliorer ce record.
«Sur le plan statistique comme celui du tennis pur, il est le plus grand», a tranché Alexander Zverev (no 4), sa victime des demi-finales, alors que le débat reste vif dans le microcosme du tennis. «Mentalement, c'est le meilleur joueur qui ait jamais joué. Dans les moments les plus importants, je préférerais jouer contre n'importe qui d'autre que lui», a ajouté l'Allemand.
Il a corrigé le tir à mi-route
Novak Djokovic, qui avait parfois donné l'impression de jouer avant tout contre lui-même dans ses quatre premiers matches, a subitement élevé son niveau pour balayer Matteo Berrettini (no 6) en quarts. Et malgré l'opposition valeureuse d'Alexander Zverev, il est encore monté d'un cran, comme s'il se libérait de toute pression à mesure qu'il s'approche du Graal.
«C'est sûr qu'il va la ressentir la pression, mais d'un autre côté, c'est ce qui va le rendre encore meilleur dans les moments difficiles», a résumé Daniil Medvedev, dont le parcours à Flushing Meadows aura jusqu'ici ressemblé à une promenade de santé avec des victoires en moins de deux heures en moyenne.
«Tout s'est passé en douceur. Je suis heureux d'avoir réussi à conserver beaucoup de force physique et d'énergie mentale. C'est important», a estimé Daniil Medvedev, qui est en quête d'un premier sacre en Grand Chelem après deux échecs subis en finale.
Medvedev joue pour gagner
Le Russe avait cédé face à Rafael Nadal, après un combat épique à l'US Open en 2019, et s'était fait balayer par Djokovic en février à l'Open d'Australie (7-5 6-2 6-2). «J'en retire de l'expérience», a-t-il assuré. «La chose que j'ai comprise après Melbourne, c'est que je n'ai pas laissé mon coeur sur le court. C'est ce que je vais essayer de faire cette fois. Je vais donner tout ce qu'il me reste.»
Un triomphe du Moscovite signifierait que Novak Djokovic échouerait dans sa quête ultime. «Si j'y arrive, je serai probablement quelque part dans les livres d'histoire comme ayant été celui qui ne l'a pas laissé faire», a souri Daniil Medvedev.
Si proche d'un exploit dont le public new-yorkais veut depuis trois jours être le témoin privilégié après l'avoir plutôt chahuté en début de quinzaine, Novak Djokovic rêve d'avoir la même place que Roger Federer et Rafael Nadal dans le coeur des fans. Il se veut imperturbable.
«Pourquoi devrais-je être heureux en ce moment ? Le travail n'est pas terminé», a-t-il dit en citant une phrase de Kobe Bryant, prononcée avant de gagner un dernier match menant à un de ses cinq titres NBA avec les Lakers. «L'excitation est là. La motivation est là, sans aucun doute. Probablement plus que jamais. Mais il me reste encore un match à gagner», a rappelé Novak Djokovic.
(ATS)