Roger Federer virevolte à nouveau sur le gazon de Wimbledon. Lors de ses débuts compliqués face au Français Adrian Mannarino, le Bâlois a paru en plein doute. Après avoir connu de nombreux pépins physiques, il a peiné à rentrer dans son tournoi et s'était d'ailleurs déjà épanché sur son état psychologique. Après avoir bénéficié de l’abandon de son adversaire, il a ensuite pu dérouler son jeu comme au bon vieux temps. Et son arrivée en quart de finale n’a rien à voir avec de la chance.
Depuis, il semble à nouveau avoir retrouvé sa patte magique. Il réalise des lobs et des amorties à chaque fois parfaites. Son service est précis et efficace même s’il n’enchaîne pas les aces. Ses montées au filet sont tranchantes et nombreuses. Lors du dernier match face à Sonego, il a pris d’assaut son adversaire à 56 (!) reprises. Il transpire à nouveau la confiance en lui. Lors de ses interviews sur le Center Court, il était fidèle à lui-même. Drôle et avenant, il interagit avec les fans en maniant l’humour aussi bien que la petite balle jaune. Bref, Roger Federer est visiblement dans sa zone de confort.
Comme avant, serait-on tenté de dire. Il semble toujours être le même joueur qui n’a jamais perdu un seul match de huitième de finale à Church Road. 18 essais, 18 réussites. Il dégage la même sérénité qu’il y a deux ans lorsqu’il avait également atteint les quarts de finale en dominant le 169e joueur mondial (Clarke) puis le 20e (Berrettini). En pleine forme, il avait ensuite éliminé le No 7 (Nishikori) et le No 2 mondial (Nadal). Il ne lui a finalement manqué qu’un point pour remporter son duel de prestige face à Novak Djokovic, No 1 mondial. Un adversaire qu'il pourrait à nouveau affronter cette année, en demi-finale.
Une situation complètement différente
Alors pourquoi ne pas continuer dans le même style maintenant? Le numéro 8 mondial, âgé de 39 ans, surprend par une réponse qui n’inspire pourtant pas l’optimisme: «Je suis un joueur différent à Wimbledon par rapport aux années passées.» Il précise rapidement sa pensée: «J’ai toujours l’impression que je dois jouer un peu différemment et ne pas me contenter de faire ce que je voulais faire avant.»
Par le passé, «RF» avait un plan en tête avant chaque point et le suivait machinalement. Aujourd’hui, après deux opérations du genou et deux ans de plus à son compteur, il avoue devoir penser son tennis de manière plus globale, notamment en ce qui concerne la durée des échanges. «Je dois me concentrer davantage sur mon jeu. C’est une situation complètement différente.»
Sa situation privée est également complètement différente de la normale. Sa femme, Mirka, qu’on ne pouvait jamais imaginer ailleurs que dans les tribunes, n’est pas présente à Wimbledon pour la première fois. «Elle me manque, nous nous parlons au téléphone trois fois par jour», déclare le père de quatre enfants. Enfermé dans la bulle sanitaire entre l’hôtel et les courts, il est épargné en retour de toute distraction familiale. C’est peut-être l’occasion de se concentrer encore davantage sur son jeu.
Hurkacz au lieu de Medvedev
Cette mentalité «point après point», il veut essayer de la conserver. «Dernièrement, j’ai fait l’erreur d’essayer de me projeter dans l’avenir comme avant. Mais lors de la première semaine, j’ai réussi à ne pas le faire.» Dans son jeu, il offre davantage de variation. Plus qu’avant, selon lui. «Peut-être que vous ne le percevez pas comme ça de l’extérieur, mais c’est ce que je ressens.»
L’essentiel est qu’Hubert Hurkacz (ATP 18) ne le perçoit pas non plus de cette façon aujourd’hui. Le Polonais de 24 ans, qui a déjà remporté deux tournois cette saison, a battu le No 2 mondial Daniil Medvedev (Rus) en cinq sets, sous la pluie. Roger Federer s’était imposé lors de son seul duel avec le géant de 1m96. C’était il y a deux ans à Indian Wells. De quoi préparer cette rencontre prévue à 18h30 avec optimisme.