Boum! Dominic Stricker, 22 ans, envoie une volée acrobatique par-dessus le filet, façon football, sous les applaudissements de son entraîneur Didi Kindlmann. Ensemble, ils battent deux jeunes partenaires d'entraînement au tennis-football dans les locaux de Swiss Tennis à Bienne. «Le nouvel attaquant d'YB!» plaisante le tennisman après son point spectaculaire, rappelant son club préféré, les Young Boys.
Nous sommes à quelques jours de Noël. Le jeune gaucher de Grosshöchstetten, dans le canton de Berne, achève un ultime bloc d’entraînement avant de s’envoler pour l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Il parle d’une «mission rattrapage», comparable à celle du club de foot bernois, qui passent l’hiver à une décevante 9e place en Super League.
Six mois dans l’incertitude
Comme le club bernois, Stricker a dû revenir à la case départ. Après une saison 2023 brillante, marquée par un huitième de finale à l’US Open, une blessure récurrente au dos l’a éloigné des courts pendant six mois. Lorsqu’il a tenté un retour en juin 2024, le moteur n’a pas redémarré. Pendant des semaines, le Bernois a cherché la forme et les victoires, allant jusqu’à douter de lui-même.
«Je commençais à me remettre en question», confie-t-il aujourd’hui. Son entraîneur Kindlmann, qui a coaché des stars comme Maria Sharapova, Angelique Kerber ou Aryna Sabalenka, admet que cette période était difficile: «Nous ne savions pas si son ancien niveau reviendrait un jour».
La rédemption arrive finalement en octobre, avec un quart de finale à Stockholm (incluant une victoire sur Matteo Berrettini) et un huitième de finale à Bâle. «C’est là que j’ai eu le déclic», raconte Stricker. «J’ai compris que mon niveau était de retour.»
Nouvelle colocation et méthodes innovantes
Pour se relancer, Stricker a changé d’environnement, s’installant temporairement à Winterthour en colocation avec Kindlmann. Entre deux sessions d’entraînement, il a démontré ses talents de cuisinier – «mon curry rouge est imbattable!» – tout en explorant des approches inédites.
Il a travaillé avec Goran Cvetkovic, ancien handballeur professionnel et entraîneur d’athlétisme, croisé des sportifs de renom comme le lutteur Samuel Giger ou l’attaquant du FC Winterthour Roman Buess, et intensifié son entraînement mental. C’est ainsi qu’il a découvert l’hypnose, qu’il décrit comme une révélation.
«Pendant ma convalescence, je passais des nuits blanches à réfléchir. L’hypnose m’a aidé à sortir de la dépression, à me calmer et à me déconnecter», explique-t-il. Aujourd’hui, il intègre cette pratique à son quotidien, recevant parfois des exercices vocaux de son hypnotiseur lorsqu’il voyage.
En route pour Melbourne
La préparation semble porter ses fruits. Grâce à son classement protégé (ATP 94), Stricker participera aux qualifications de l’ATP 250 d’Auckland, avant de jouer pour la première fois le tableau principal de l’Open d’Australie.
Ses douleurs au dos, qui l’avaient empêché de participer l’an dernier, sont désormais sous contrôle, même s’il doit continuer à travailler pour éviter les rechutes. «C’est de nouveau un plaisir de jouer», assure-t-il. «Je me sens physiquement plus stable que je ne l’ai été depuis longtemps.»
Son objectif: remonter depuis sa 299e place actuelle et reprendre sa progression sur le circuit. Avec son enthousiasme et son regain de forme, Stricker espère marquer des points, que ce soit sur les courts ou au tennis-football, où il brille déjà en tant que «nouvel attaquant d'YB».