Infection au Covid, remous autour de sa participation aux descentes de Wengen, chute horrible de sa petite amie en Autriche, triomphe samedi au bas du Lauberhorn, sifflets lors de la remise des prix, et enfin diagnostic de la blessure de sa copine: les derniers jours de Vincent Kriechmayr, 30 ans, sont difficilement égalables en termes de dramaturgie. Un véritable tour de montagnes russes endiablé. Son entraînement de... 2 secondes, juste avant la descente en sprint de vendredi dans l'Oberland bernois, a marqué le début de journées turbulentes à Wengen.
La famille du ski s'est déchirée. Walter Reusser, directeur alpin de Swiss Ski, a parlé de «pur jardin d'enfants» pour évoquer la décision de la Fédération internationale (FIS) d'autoriser l'Autrichien à s'élancer en descente. Sur l'antenne de la RTS, on évoquait un «scandale absolu». Car selon les règlements de la FIS, comme le double champion du monde n'avait pas pu participer à une course d'entraînement en raison de son statut positif au Covid, il n'aurait pas eu le droit de concourir. Mais la FIS l'a autorisé à «s'entraîner» sur la piste le matin même de la course sprint de vendredi: difficile de qualifier de «manche d'entraînement» ces 2 secondes qui ont paru comme une mascarade à bien des observateurs. Mais c'était suffisant pour la FIS, qui lui a donné le feu vert. Cela n'a pas permis au skieur de briller vendredi. Mais samedi, Vincent Kriechmayr a fait parler tout son talent sur le Lauberhorn.
Sa copine se prend les pieds dans le filet de sécurité
Les fans de ski suisses l'ont trouvée bien saumâtre samedi: alors même qu'il n'aurait pas dû s'élancer, l'Autrichien a évincé le héros local Beat Feuz du trône de leader lors de la descente classique du Lauberhorn. Le Bernois a finalement terminé 2e et les spectateurs ont laissé éclater leur mécontentement en sifflant copieusement Vincent Kriechmayr pendant la cérémonie de remise des prix: le speaker du stade, Rainer Maria Salzgeber, a dû intervenir pour calmer les esprits.
Mais le pire restait à venir: alors que le double champion du monde était confronté à l'ire du public suisse, son amie Michaela Heider, 26 ans, était déjà en route pour l'hôpital. La spécialiste de la vitesse venait de faire une chute terrifiante lors de la descente de Zauchensee (Aut). L'Autrichienne n'était pas parvenue à terminer un virage à gauche et s'était écrasée à pleine vitesse dans les filets de sécurité. Les images montraient l'un de ses pieds coincé dans les filets et laissaient présager le pire.
Une longue période d'indisponibilité est à craindre
Dimanche, le diagnostic était accablant mais finalement clair: déchirure du ligament latéral et contusion osseuse du genou droit, ainsi qu'une fracture du petit doigt droit. Une intervention chirurgicale est prévue pour mardi. On s'attend à une durée d'indisponibilité d'au moins huit semaines - les Jeux de Pékin, c'est fichu pour elle. Cela pourrait même signifier la fin de sa saison.
Alors que la spécialiste de la vitesse va devoir rester au calme, son ami, lui, est toujours au centre de l'actualité. Les discussions autour de sa personne ne devraient pas diminuer. Le week-end prochain, les courses se dérouleront dans son pays natal. Sur la mythique Streif de Kitzbühel, tous les regards seront tournés vers Vincent Kriechmayr. Beat Feuz pourra-t-il alors lui mettre des bâtons dans les roues?
(Adaptation par Yvan Mulone)