Ce n'était pas la Lindsey Vonn mania du côté de Saint-Moritz ce samedi, mais une petite fièvre tout de même. Parmi les 5000 fans de ski qui se sont rendus à l'aire d'arrivée, le retour de Lindsey Vonn était le sujet de conversation numéro un. Allait-elle rivaliser avec les meilleures? Parviendrait-elle à monter sur le podium? Finirait-elle dans les filets? Beaucoup de questions se posaient.
A 11h47, Lindsey Vonn était prête au départ avec le numéro de dossard 31. Après presque six ans ou 2141 jours sans compétition, à 40 ans et avec une prothèse partielle au genou droit, elle faisait son retour en Coupe du monde. A cet instant, alors que le soleil brillait sur ses lunettes de ski, c'était comme si elle n'était jamais partie. «Je me suis dit: confiance! Mets le paquet! Profite!», dira-t-elle plus tard.
Concentrée, son regard dirigé vers l'avant, son corps est tendu, elle a ouvert et fermé plusieurs fois ses deux mains autour de ses bâtons. Comme un animal qui va bientôt être libéré de sa cage. Une fois lancée, sa performance a tout de suite pris de l'allure, tout en maîtrise: «Je n'ai pas du tout pris de risques, c'était tout à fait confortable. Mais c'est exactement ce dont j'avais besoin», a-t-elle expliqué. À l'arrivée, elle a décroché, puis gardé, une excellente 14ème place, ne perdant que 1,18 seconde sur la gagnante Cornelia Hütter. «Avoir cette adrénaline dans le ventre, c'est super. On ne ressent ça nulle part ailleurs dans la vie. C'était une journée parfaite.»
Un cadeau de Noël
Lindsey Vonn était donc au centre de l'attention ce samedi. 300 mètres plus bas, à Saint-Moritz même, les affaires tournaient bien. De riches touristes cherchaient un cadeau de Noël dans la boutique Gucci, des ouvriers déblayaient la neige fraîchement tombée sur le trottoir, et dans la confiserie Hauser, vieille de plus de 100 ans, les gâteaux aux noix de l'Engadine se vendaient comme des petits pains.
Une chose est sûre: pour les organisateurs, mais aussi pour toute la région, le retour de Lindsey Vonn est un gage d'attraction touristique. Peu après l'annonce de sa participation en Engadine, la vente de billets a explosé. 600 commandes ont été enregistrées en peu de temps. Une somme certes dérisoire comparée à celle de Sölden, où Marcel Hirscher avait également fait son retour à domicile en début de saison. «Mais nous n'avons encore jamais vécu une telle situation», explique le président du comité d'organisation Robin Miozzari. Les accréditations et les demandes d'interviews pleuvent. «Pour nous, c'est un cadeau de Noël», conclut-il.
Un hôtel cinq étoiles
Il faut dire que l'Américaine livre l'un des comeback les plus passionnants de l'histoire du sport. Rappelons qu'elle avait mis fin à sa première carrière en 2019. Après 434 courses, 82 victoires en Coupe du monde, l'or aux Jeux olympiques et aux championnats du monde et quatre victoires au classement général de la Coupe du monde. Gênée par des douleurs au genou et les larmes aux yeux, elle avait déclaré: «Mon corps est brisé et ne peut plus être réparé. Il me crie d'arrêter. Il est temps pour moi de l'écouter.»
Mais la championne n'a pas chômé par la suite. Elle s'est occupée de sa fondation pour les enfants défavorisés, a continué à développer sa ligne de vêtements, a dévalé la Streif de Kitzbühel sous les projecteurs pour Red Bull, a produit et présenté un show canin à la télévision. Parallèlement, elle a subi plusieurs opérations. La dernière, en avril 2024, a été décisive. Un robot a découpé trois millimètres de son fémur. Suivirent des implants sur le plateau tibial à coups de titane, de ciment et de plastique. Lindsey Vonn s'est sentie renaître. Et a commencé à envisager un retour.
En octobre, elle a effectué son premier test de ski en Nouvelle-Zélande. Peu après, elle a rejoint l'équipe américaine. Son genou a tenu le coup. En tant qu'ouvreuse à Beaver Creek, l'Américaine était si rapide qu'elle aurait pu se classer septième en descente. «Il est temps de faire passer ce genou en titane à un niveau supérieur. Rendez-vous à St-Moritz», avait-elle annoncé.
En Engadine, son équipe s'est installée à l'hôtel cinq étoiles Kempinski. Ceci parce qu'il n'y avait plus de place au Bever Lodge, où logeaient les Américaines. La chambre individuelle la moins chère coûte actuellement 1500 francs par nuit au Kempinski, mais elle bénéficie sans doute de conditions spéciales avec son équipe Red Bull.
«Ce n'était que le début»
Ce samedi, au jour le plus court de l'année, Lindsey Vonn a emprunté tôt le matin le téléphérique du Signal en direction de Corviglia. Il faisait encore nuit, mais la vie de coureuse l'a définitivement reprise. «Déjà sur le téléski, tant de gens m'ont félicitée et m'ont souhaité bonne chance. J'ai absorbé cette énergie», a-t-elle raconté quelques heures plus tard, posant patiemment et de bonne humeur pour d'innombrables selfies.
Dimanche, elle voudra prendre un peu plus de risques au même endroit. «Ce n'était que le début», annonce-t-elle. Si elle reste en bonne santé, elle veut continuer au moins jusqu'aux Jeux olympiques de 2026. A-t-elle l'impression de rendre ses concurrentes nerveuses? «Pas encore. Mais dans quelques courses, oui», répond-elle en souriant.